Produits phytosanitaires : où en est la France ?
Les 11 et 12 mars derniers s’est tenu le premier colloque de l’Observatoire des résidus de pesticides (ORP) depuis son lancement en 2003. L’occasion de présenter les résultats du premier plan d’actions 2006-2008 et de dévoiler les orientations du plan 2009-2011. Ce colloque intervient alors que la France, 1er consommateur de pesticides au niveau européen et 3ème au niveau mondial, a fait de la réduction de l’usage des pesticides un objectif sanitaire prioritaire : issu du Grenelle Environnement, le plan "Ecophyto 2018" vise ainsi à réduire l’usage des pesticides de 50% en 10 ans (voir notre article). Par ailleurs, l’adoption du "Paquet pesticides (qui rentrera en application en 2011) a constitué un des succès de la Présidence française de l’UE : il demande la mise en place dans chaque pays de l’Union d’observatoires similaires...
Constitué à l’initiative des ministères chargés de l’écologie, de la santé, de l’agriculture et de l’économie, l’ORP a pour vocation de rassembler, valoriser et exploiter les données existantes concernant les résidus de pesticides présents dans l’eau, l’air, les sols et les produits consommés par l’homme. Au coeur de ses travaux, une problématique majeure : quelle est l’exposition réelle des citoyens aux pesticides ? L’Observatoire rassemble 25 organismes dans les domaines de l’environnement et de l’évaluation des risques sanitaires liés aux résidus de pesticides ; sa coordination scientifique et technique a été confiée à l’Afsset dès 2005.
Le premier plan d’actions de l’ORP était structuré autour de 22 actions. Il a abouti aux constats et aux propositions suivantes :
Un grand nombre d’informations sur les résidus de pesticides existent mais sont disparates et peu valorisées. Afin de hiérarchiser les données, des listes prioritaires par milieu (eau, air et sols) et pour les aliments, totalisant 70 substances, ont été créées.
La pollution des sols restait la moins bien connue. L’INRA et le GIS Sols se sont lancés dans l’expertise des pesticides persistants sur le territoire national, avec une étude de faisabilité qu’ils ont présentée. Des premiers résultats sur le grand nord de la France montrent d’ores et déjà une présence de lindane dans 100% des échantillons.
La mer et le littoral faisaient figure de milieux orphelins. L’IFREMER et l’INERIS ont pu montrer l’importance des dépôts aériens sur ces milieux fragiles. A contrario, les taux de DDT ont diminué beaucoup plus fortement que sur terre depuis son interdiction à la fin des années 70.
L’Afssa a présenté 2 ans de travaux sur l’exposition par les aliments réellement consommés après préparation et cuisson (par exemple dans la pizza, plutôt que dans les tomates et la farine)
L’information étant difficile à trouver, l’Afsset a lancé le site www.observatoire-pesticides.fr en juin 2006 et a mis en ligne dès 2007 la première carte de France interactive de l’exposition aux résidus de pesticides dans l’air, l’eau et les sols. A ce jour, déjà 1 million de pages ont été visualisées.
Dans la lancée de ce premier plan, et en appui au plan "Ecophyto 2018" lancé par Michel Barnier, le deuxième plan d’actions est quant à lui organisé autour de 27 actions. Celles-ci visent à :
recueillir, décrire et diffuser les données relatives aux usages de pesticides, et à la présence des résidus de pesticides dans les milieux et produits consommés par l’homme ;
analyser et valoriser les données collectées pour estimer les expositions de l’environnement et de populations aux résidus de pesticides ;
et identifier les méthodologies régionales efficaces pour caractériser les usages, les évolutions des pratiques et les connaissances des expositions à l’échelle des territoires.
Enfin, un système d’information géographique regroupant la totalité des données sur les résidus de pesticides sera lancé. Il donnera accès à tous, chercheurs comme grand public, à chacune des données existantes.
En complément de cet article, nous vous invitons à lire notre dépêche : Les phytosanitaires ont du souci à se faire....