Projet énergétique du Sydom pour Solvay : vraie fausse bonne idée ?

Le 26/05/2006 à 13:24  

Projet énergétique du Sydom pour Solvay : vraie fausse bonne idée ?

Usine Solvay à Tavaux Il était une fois une multinationale ayant le vent en poupe et des besoins énergétiques importants, et un syndicat intercommunal présenté de longue date comme une référence et même comme une vedette. De là à en faire une star du traitement des déchets il n’y avait qu’un pas. Sauf qu’en l’occurrence, il y a peut être eu « faux pas », ce qui a engendré une marche arrière… et un constat bien tristounet : la transparence n’a pas payé… Pour Hubert Martin, directeur du Sydom du Jura, le projet énergétique du Sydom pour Solvay aura été « une vraie fausse bonne idée »…

Solvay, pour ceux qui l’ignorent, est une multinationale de taille moyenne (et oui, il y en a) spécialisée dans la transformation du sel et de ses dérivés, la pharmacie (bicarbonate de soude) et les plastiques (PVC), fondée il y a plus de 100 ans, basée en Belgique et implantée un peu partout dans le monde.

L’établissement de Tavaux est le premier employeur privé et le 1er contribuable du Jura, dont les productions sont grosses consommatrices de vapeur et d’électricité (électrolyse).

L’établissement Solvay de Tavaux consomme notamment plus de 100 000 tonnes de charbon par an, importé de Colombie ces derniers temps, pour produire la vapeur nécessaire à ses productions. Le poste « énergie » représente plus de 20 % de ses coûts de production.

Cherchant à diversifier ses sources d’énergie, Solvay a souhaité explorer les pistes « biomasse » par ses propres moyens, et « déchets » en coopération avec le Sydom du Jura, dont les capacités sont insuffisantes pour traiter tous les déchets ménagers du département (arrêts techniques du four unique, excédents saisonniers)…
Considérant :

La disproportion entre les besoins de Solvay (en vapeur) et du Sydom (en capacités de traitement), d’une part

La présence du canal Rhin-Rhône, de la voie ferrée et la situation de Tavaux à quelques kilomètres de la Saône et Loire (Chalon), de la Côte d’Or (Beaune), de la Haute-Saône (Gray) et à quelques dizaines de kilomètres du Doubs (Besançon), d’autre part,

La situation des collectivités concernées en matière de traitement des déchets, enfin

Le Sydom du Jura a fait étudier la faisabilité technico-économique du projet par le bureau d’études Trivalor, en insistant sur les transports alternatifs, et la question juridique de la maîtrise d’ouvrage par Maître Matharan, avec le soutien des délégations régionales de l’Ademe Bourgogne et Franche Comté.

L’étude technico-économique a conclu à la faisabilité d’une unité de production de vapeur par incinération de 110 à 120 000 tonnes de déchets par an avec une efficacité énergétique proche de 90% et un coût de traitement de l’ordre de 100 € par tonne, à quoi s’ajoute le transport estimé entre 10 et 20 € par tonne, avec un avantage au transport fluvial pour Chagny et Macon et l’égalité route/voie d’eau pour Besançon.

La SEM est, par ailleurs, apparue la structure la mieux adaptée à l’issue de l’étude juridique.

Ces conclusions ont été présentées devant l’ensemble des collectivités concernées, le sous-préfet de Dôle, l’Ademe, et Solvay, le 6 janvier 2006.
Tout ayant été mené dans le plus grande transparence, le président de la fédération régionale de France Comté Nature Environnement, par ailleurs membre du collectif « Stop Incinération », a eu libre accès aux informations disponibles en temps réel et manifesté son opposition dès septembre 2005.

Le président de la fédération départementale Jura Nature Environnement, habitué à travailler avec le Sydom, n’a pas réagi ni pour ni contre, pas plus que Dole Environnement, l’association locale de Dole.
Puis, l’affaire s’est emballée, le personnel politique s’est exprimé, la pression est montée et le président du Sydom a dû « arrêter le projet » en mars dernier, alors que la maîtrise d’ouvrage n’avait même pas été constituée et que rien, ni étude de définition, ni étude d’impact n’avait été envisagée, ni a fortiori lancé.

Alors : fin de l’histoire ? Nul ne le sait. Une chose est claire : il semblerait que la transparence n’ait pas payé et qu’au final on ait assisté à un remake de « Much Ado About Nothing »… »…