Propreté : Montréal verbalise
Si sensibiliser les habitants d'une grande ville à respecter leur cadre de vie en ne jetant pas n'importe où et n'importe comment est nécessaire, cela n'empêche pas la fermeté voire la sanction du citoyen en matière d'incivisme. C'est l'expérience qui est en cours dans la ville de Montréal, et plus particulièrement dans le centre historique de Ville-Marie. Après quelques mois d'exercice, le maire de l'arrondissement, Benoît Labonté , se déclare satisfait. En même temps certains citoyens se disent prêts à protester. Il est vrai que tout le monde réclame la propreté mais pas à n'importe quel prix !...
Le prix à payer pour la propreté d'une ville...Voilà bien un sujet qui mérite que l'on s'y intéresse de près tant l'on constate que depuis plusieures années, l'exigence en la matière ne cesse d'augmenter et que les budgets des municipalités alloués gonflent aussi. Société de consommation oblige. Pouirtant, l'inflation des budgets n'est pas illimitée, et tout le monde s'accorde à répéter que la solution passe par la réduction des déchets, le recyclage. Alors que faire auprès du citoyen ?. Bien sûr, on communique pour le sensibiliser, on l'éduque ou le forme aussi pour qu'il adopte le bon comportement. Mais, face aux enjeux économiques et sociaux, ces efforts sont ils suffisants ?.
A Montréal, depuis quelques années, l'équipe municipale se mobilise pour la propreté notamment dans le quartier historique de Ville-Marie. Alors qu'elle a augmenté les budgets qui lui sont alloués, elle a adopté en parallèle une réglementation stricte qui , en cas de non respect, se traduit par l'application d'amendes sévères. ( voir aussi ancien rédactionnel ). C'est ainsi que son slogan est : La propreté, c'est mon affaire !.
A ce jour, le maire de l'arrondissement, Benoit Labonté, se dit satisfait de cette nouvelle réglementation tout en reconnaissant que les amendes sont élevées. Il estime que l'on constate un changement de comportement de la part du citoyen, et assure que le faible nombre de récidives ( moins d'une centaine pour plus de 2 000 procès-verbaux) valide la démarche. " Rendu à un certain point, la sensibilisation et le renforcement positif ne fonctionnent plus et les comportements se relâchent" déclare-t-il. "On a aussi vu une évolution assez intéressante dans les huit premiers mois d'application. Les conteneurs derrière les restaurants utilisés de façon inadéquate constituaient, au début, les infractions les plus fréquentes, mais, aujourd'hui, ils ne font même pas partie des trois infractions les plus nombreuses. Ça veut dire que le message est passé.» ajoute le maire. Et, en plus ça rapporte. En huit mois, plus de 2 000 contraventions ont été dressées par les treize inspecteurs.
Plus en détail, le dépôt du recyclage en dehors des heures autorisées, qui peut entraîner des amendes allant de 125 $ à 500 $ pour un particulier, est la faute la plus répandue avec 797 constats alors que le dépôt des déchets au mauvais moment a été sanctionné à 526 reprises. Au 3e rang des infractions: l'absence de cendriers fixes à l'entrée des édifices avec 173 constats dressés. Sur le plan budgétaire, cela représente en rythme annuel une recette de 1,2 million de dollars canadiens. Pas si mal comme rendement par employé municipal.
Autre son de cloche, celui des personnes ayant été verbalisées. Le simple citoyen qui pour avoir oublié l'horaire de remise de son sac de recyclage se retrouve sanctionné à hauteur de 166 dollars canadiens et juge l'amende disproportionnée. Mais, aussi le restaurateur qui déplore un zèle excessif des inspecteurs et des amendes trop lourdes.
Derniers détail, mais d'importance : la difficulté à collecter le produit des amendes : sur les 851 000 dollars canadiens d'amendes , seulement 132 000 ont été pour le moment encaissés (ce produit est destiné au fonds d'embellissement de Ville-Marie).