Pyrénées-Atlantiques : le Tri mécano-biologique contesté...

Le 07/07/2010 à 18:50  
Pyrénées-Atlantiques : le Tri mécano-biologique contesté...
Usine de méthanisation  Le syndicat basque de gestion des déchets Bil Ta Garbi s'est félicité de l'accord favorable rendu à la fin du mois dernier par le commissaire-enquêteur Pierre Buis quant à son projet de pôle de valorisation par Traitement mécano-biologique- TMB- sur la commune Charrite-de-Bas (agglomération bayonnaise). Cette usine de traitement des déchets ménagers est présentée comme un projet nécessaire et urgent, car d'ici trois ans les déchets, qui sont actuellement envoyés en Gironde, devront être recyclés  localement. Mais, les usines TMB font souvent polémique notamment  auprès des habitants. Plus onéreuses, en général de 20%,  que celles de compostage, elles ne rassurent pas toujours au niveau des débouchés et des nuisances . Dans le cas qui nous occupe, l'opposition est incarnée par le collectif de riverains ADECH- association pour la défense de l'environnement des citoyens habitants Bayonne nord qui annoncent une journée de manifestion le 10 juillet prochain sur le site d'implantation de l'usine.

En matière de valorisation des déchets organiques, la méthanisation est très populaire dans le nord de l'Europe (Allemagne, Danemark, Suède et Suisse) depuis de nombreuses années. En France, le procédé suivait un développement très mesuré et principalement axé sur le secteur des boues d'épuration urbaines et industrielles. Cependant, sous l'effet de la directive du 19 novembre 2008 sur les déchets et des incitations financières mises en place dans le cadre de la politique française de lutte contre l'effet de serre, la méthanisation suscite un fort gain d'intérêt. En effet, elle répond aux objectifs du Grenelle Environnement de valorisation de la part organique des déchets et de développement de la production de chaleur et d'électricité renouvelable.

Actuellement, 6 unités de méthanisation sont en service, mais elles passeront à 25 d'ici 2015, traitant 2 millions de tonnes d'ordures ménagères essentiellement résiduelles. L'avantage principal est donc la production d'énergie renouvelable par la valorisation du biogaz, ce qui permet de réduire le recours aux énergies fossiles pour la production d'électricité, de chaleur, voire de carburant. Mais, les incertitudes  liées à la qualité des matières obtenues, aux coûts d'investissement et d'exploitation par rapport à d'autres choix de tri et de compostage, restent posées pour les unités de traitement fonctionnant à partir des ordures ménagères.   

 Dans le cas de la région de Bayonne nord, le choix de  Bil Ta Garbi s'est arrêté sur la valorisation par TMB sur la commune de Charrite-de-Bas et c'est le groupement Urbaser qui en sera le fournisseur. Le problème local est la mise en place rapidement  d'une solution de valorisation afin d'arrêter l'envoi des OM sur la Gironde. Celui-ci ne peut-être n'est que temporaire et doit prendre fin en 2013.
Or, si le projet TMB date déjà de nombreuses années, il n'y a pas encore beaucoup de recul d'expériences régionales sur cette technologie. De plus, localement, de nombreux habitants y sont opposés. Ils ne veulent pas voir arriver, en pleine zone d'urbanisation, une usine générant mauvaises odeurs, nuisances sonores et  une augmentation importante du trafic routier avec le passage de 200 camions-poubelles par jour. Et surtout, le collectif dénonce le montant d'investissement d'une telle usine, soit 94 millions d'euros. D'ailleurs, une manifestation est prévue dans quelques jours, le 10 juillet, sur le site de construction pour faire part de leur protestation.

En même temps, tout le monde s'accorde sur le point suivant: il faut une solution et vite. Le projet répond à des besoins clairement identifiés sur le territoire des Pyrénées-Atlantiques et à des objectifs ambitieux. Mais, ce qui fait polémique c'est le choix de l'usine. La méthanisation apporte des avantages, mais elle n'est pas la seule solution et le manque d'expériences est réel. Tout d'abord, cette dernière est chère comparée au compostage. Puis, elle nécessite un tri au préalable rigoureux et ne permet pas de traiter toutes les fractions de matière organique. Sans oublier, le problème des odeurs générées , dont on craint qu'ils ne soient pas parfaitement rêglés. La méthanisation est certes en vogue car elle permet une double valorisation énergétique et organique. Mais, attention aux problèmes de qualité et de coûts d'exploitation. Et, pour conclure, n'oublions pas que fondamentalement, les solutions se trouvent dans la prévention, puis dans le tri et la valorisation uniquement des déchets organiques.