Qualiagro : le recyclage des déchets verts par voie agricole
On n’a pas coutume de voir Veolia au SIA : de fait, le géant du traitement des déchets expose pour la première fois au Salon de l’Agriculture. Le pourquoi de la chose tient à son choix de s’impliquer dans la valorisation agronomique de la fraction organique des déchets urbains… avec un partenaire qui se pose là puisqu’il s’agit de l’INRA…
En vue de développer la valorisation agronomique de la fraction organique des déchets d’origine urbaine, l’Inra et Veolia Environnement R&D ont initié un programme de recherche, intitulé Qualiagro…
Ce programme de recherche est centré autour d’un essai au champ de longue durée situé à Feucherolles dans les Yvelines, qui permet d’évaluer la globalité des effets sur le long terme nécessaire à leur mise en évidence.
Ce suivi au champ est couplé à des travaux de labo qui permettent de préciser certains processus, liés en particulier à la qualité des composts étudiés (maturité des composts, devenir de pesticides au cours du compostage, utilisation des composts en protection des cultures, effet des composts sur la stabilité de la structure des sols, valeur fertilisante azotée…).
La démarche adoptée est active, il ne s’agit pas en effet de simplement mesurer les effets observés suite aux épandages, mais bien de maîtriser la qualité des produits épandus en vue de minimiser les impacts négatifs et de maximiser la valeur agronomique des produits.
Le partenariat Inra/Veolia permet de relier les effets observés et la qualité de composts au procédé de traitement grâce à des pilotes de compostage. Il permet également de valider les résultats obtenus sur des plateformes industrielles.
Par ailleurs, l’ensemble des effets potentiels requiert une approche multidisciplinaire. Un réseau de collaborations scientifiques établi autour du même site expérimental permet d’appréhender de façon conjointe les différents effets mesurés et de les relier entre eux.
L’objectif général de ce programme est d’évaluer la « balance environnementale » de la pratique du recyclage en agriculture de composts d’origine urbaine. Pour cela, un suivi aussi exhaustif que possible des effets est réalisé dans un essai au champ de longue durée (10 ans). Les effets, aussi bien positifs que négatifs, sont reliés aux caractéristiques des produits épandus et plus en amont à leur origine et au procédé de traitement. Parallèlement, sont développés des travaux pour élaborer des indicateurs analytiques afin de prévoir les effets des épandages, voire de contrôler le procédé de fabrication en vue de maîtriser ces effets.
Au champ, trois types de composts représentatifs de filières actuelles sont étudiés (ordures ménagères résiduelles, déchet vert + boue et biodéchet) et comparés à un amendement organique de référence, le fumier, et à un traitement témoin ne recevant aucun apport organique.
Pour évaluer la valeur agronomique des composts et leurs impacts environnementaux, un grand nombre de mesures et d’observations sont faites à intervalles réguliers sur ces parcelles. L’essentiel du suivi porte sur les effets directs des épandages sur les sols, les plantes, les eaux percolant à travers le sol.
On étudie en outre, les effets indirects des épandages sur la dynamique des autres intrants en agriculture tels que les pesticides.
Les résultats disponibles sont marquants…
Les apports en composts permettent d’augmenter les teneurs en matière organique des sols selon les dynamiques qui dépendent de la stabilité des composts.
Ces apports améliorent les propriétés physiques des sols, en particulier la stabilité de la structure, ce qui permet de diminuer le risque d’érosion.
La valeur fertilisante azotée des composts dépend de leur stabilité ; dans le cas des composts de boues, elle peut atteindre 20% de l’azote apporté.
Après 8 ans, les apports améliorent significativement les rendements des cultures sans observer de dégradation de la qualité des récoltes.
Les flux d’apport en ETM via les épandages sont limités. Toutefois, la concentration de certains éléments comme le cuivre et le zinc augmentent légèrement dans le sol sans pour autant altérer la qualité des récoltes. L’éventuel impact sur l’es eaux souterraines est en cours d’évaluation. Les premiers résultats montrent qu’il est nécessaire de développer des indicateurs plus précis que les teneurs totales en ETM dans les produits épandus pour évaluer leur qualité.
Enfin, aucune dégradation de la qualité du sols ou des cultures n’est observée pur ce qui concerne les pathogènes listés dans la réglementation des épandages.