Quand la coupe est pleine... de déchets plastiques
Les faits sont clairement établis : une partie du canal de centre-Crau a été nettoyée en début d'année (dans le cadre de la lutte menée contre une plante envahissante) ; cette opération a eu pour conséquence de faire apparaître et remonter en surface, un stock gigantesque de déchets plastiques, qui proviendrait essentiellement de la décharge voisine d'Entressen, dont l'exploitation a longuement fait polémique.
"Pendant des décennies cette décharge a été une catastrophe, car les plastiques volaient et une partie a fini dans le canal, soustraite à la vue des gens", souligne Cyril Girard, administrateur de l'association Nacicca, qui évalue le "stock de déchets" à environ 3.000 m3.
Il n'y a pas que les déchets qui soient remontés ; les assos, aussi. Après s'être tournées vers les communes d'Arles et de Port-Saint-Louis-du-Rhône, vers la préfecture, vers la Communauté urbaine de Marseille (Marseille Provence Métropole, MPM), responsable de l'ancienne décharge, et n'ayant pas bénéficié de réactions notables ni d'un intérêt notoire, elles expliquent avoir décidé d'en appeler à la justice. Plainte a été déposée pour "abandon de déchets et pollution des eaux" (...) "non-respect de la réglementation environnementale relative aux déchets ainsi que la pollution des eaux souterraines et superficielles, autant de comportements réprimés par le code de l'environnement". C'est ce qu'indique l'AFP, qui a consulté le texte. "On est conscient qu'une belle part des déchets provient sans doute de notre décharge", a indiqué, de son côté, le directeur général adjoint des services urbains de proximité à MPM, Jean-Marc Mertz. La communauté urbaine confirme "réfléchir à des solutions", mais exige une réunion préalable à toute décision, avec tous les acteurs concernés.
Outre l'évacuation de ces déchets, les défenseurs du site souhaitent une expertise de l'ensemble du canal (15 km), qui va de la zone de la décharge vers une autre réserve (les marais du Vigueirat, dans le périmètre du Parc naturel de Camargue).
"Nous prendrons en compte la totalité du problème", a assuré le sous-préfet Castoldi. "Ces déchets peuvent affecter les nappes phréatiques lorsqu'ils sont souillés et peuvent également être ingérés par erreur par de nombreuses espèces animales et provoquer leur mort par occlusion intestinale (tortue cistude, poissons, iseaux...). Abandonnés dans les fleuves et canaux, les plastiques finissent en mer où ils sont une des sources de pollution les plus problématiques", déclarent avec insistance, les plaignants. Affaire à suivre...