Allons nous vers un bras de fer entre une collectivité et un industriel du recyclage à qui l’on demande plus ou moins de plier bagage ? Il va de soi que l’entreprise, qui a investi de coquettes sommes sur son site, ne l’entend pas de cette oreille, quand bien même le conseil municipal vient de voter une motion à son encontre… A cela s'ajoute une farouche opposition au projet de Sita souhaitant installer des activités via la récupération du site de Continental, sur la commune voisine...
La société Brion, spécialisée dans la récupération et la gestion des ferrailles et métaux non ferreux, n’est pas en odeur de sainteté auprès de la commune de Margny-lès-Compiègne : le conseil municipal, réuni tout récemment souhaite le départ de l’entreprise au motif qu’elle gêne le voisinage, lequel s’est rapproché du site, au fil du temps et se plaint de vibrations et autres nuisances sonores. C’est la seconde fois depuis 2006, qu’une motion est votée en ce sens.
« Je ne comprends pas cette décision du conseil municipal de Margny. Depuis des années, Bernard Hellal n’a de cesse de dénigrer notre entreprise et son activité. Laisser croire à ses administrés que notre entreprise ne fait l’objet d’aucun contrôle – puisqu’il demande une expertise sanitaire – c’est méconnaître les visites que réalise périodiquement la Dreal. Toutes les études menées concluent que nous sommes conformes à la réglementation. De plus, nous avons l’antériorité pour nous. Est-ce notre faute si, dans les années 70, le prédécesseur du maire a autorisé une concentration de pavillons dans une zone industrielle dite lourde ?
Pourquoi Monsieur Hellal n’a-t-il jamais essayé de nous rencontrer au lieu de véhiculer des peurs souvent le résultat de l’ignorance la plus totale ? Notre activité, dois-je le rappeler, consiste à valoriser les déchets métalliques du bassin Compiégnois. La seule préoccupation de ce monsieur est de polémiquer mais certainement pas de comprendre les contraintes qui pèsent sur le secteur d’activité du recyclage. Il souhaite nous délocaliser ? Chiche ! Qu’il nous exproprie et trouve un site capable de nous accueillir avant d’envisager la reconversion du terrain, ce qui devrait effectivement ne pas poser problème compte tenu de sa position géographique. La politique municipale mérite mieux que cela. », a déclaré Frédéric Brion à notre confrère le Courrier Picard, afin de faire valoir son point de vue et ses arguments.
S’il est vrai que le site, installé depuis 1961, a subi un incendie il y a quelques années, un sinistre qui avait démarré au coeur d’un stock de VHU, il est tout aussi vrai que l’entreprise a fait des travaux d’importance pour améliorer la sécurité du chantier et réduire les nuisances, ce qu’admet volontiers Laurent Portebois, le maire de Clairvoix, qui s’exprime sur le sujet du fait que l’entreprise est à cheval sur le territoire des deux collectivités et qui rappelle que 50 emplois, ça compte, tout autant que l’activité économique générée par l’entreprise de recyclage, d'autant que les contrôles demandés par les élus, n'ont jamais débouché sur des résultats négatfs… rappelant l'utilité de l'entreprise : « que ferions-nous si elle quittait l’Agglo ? Aujourd’hui, c’est la seule à prendre en charge les épaves automobiles. Si les gens doivent faire 200 km, on risque de se retrouver avec des voitures abandonnées partout et cela coûtera cher. Sans compter qu’on parle d’une cinquantaine d’emplois. Il faut penser à tout »...
Pas d'échange de bon procédé sur ce coup là ; dommage pour Bernard Hellal, le maire de Margny-lès-Compiègne, qui a soutenu en effet, il y a quelques semaines, tout comme Éric de Valroger et François Ferrieux, conseillers généraux, le maire de la commune voisine dans son opposition au projet porté par Sita concernant la récupération du site de Continental (un site industriel en friche depuis 2009) pour le transformer en une pépinière d'activités comprenant notamment une unité de traitement de déchets industriels… issus de l’activité BTP ou résultant des activités des artisans locaux. Il était question de traiter 400 000 tonnes de déchets par an environ, mais aussi de recyclage, d’une desserte fluviale, de synergies avec l’université de Compiègne… et donc d'emplois.
Mais, le permis de construire a été refusé tandis que la forte opposition qui règne (sept municipalités sur les huit concernées par l’enquête publique -Compiègne s’étant abstenue…- se sont aussi prononcées contre), impose de repenser le projet d'écopôle en profondeur ; c'est ce que l'opérateur a indiqué, le 16 décembre dernier.
Sita aurait normalement jusqu’au 25 juin 2015, date à laquelle le compromis de vente avec Continental devient caduc, pour présenter son nouveau projet. Pour le maire de Clairvoix, Laurent Portebois il est entendu que Sita « ne pourra pas revoir sa copie ; aussi, nous devons trouver un autre projet » par le biais d'une «utilisation intelligente de ce site ».
L’enquête publique, est bouclée depuis le 20 décembre : elle est désormais confiée au commissaire enquêteur, dont l'avis est attendu pour la mi-février. A la suite de quoi, le préfet devra trancher...