Québec : consigne or not consigne ?
Eric Moreault a récemment signé un papier dans le quotidien "Le Soleil" à propos du recyclage du verre ou plus précisément sur le mode de collecte et de récupération de ces emballages. Consigne ou apport volontaire telle est la question, avec à la clé des débats qui n’en finissent pas et qui séparent quasi hermétiquement deux clans distincts…
Raz le bol des conteneurs ! Apparemment, les municipalités s’y mettent, elles aussi, à souhaiter consigner le verre d’emballage. D’aucuns sont de chauds partisans d’une consigne élargie dans le pays. « Le verre qui pourrait être consigné se retrouve dans les bacs de récupération, des contenants qui coulent parfois et qui endommagent le papier carton : c’est si vrai que Cascades, grand nom de la papeterie, ne veut du papier récupéré au Québec, ce dernier étant systématiquement souillé par l’humidité et par du verre brisé ».
C’est la faute à qui ?
A la SAQ ! Elle refuse d’élargir la consigne aux bouteilles de vin et de spiritueux. « La SAQ, c'est notre argent. Elle devrait prendre le leadership (sur la consigne). Au lieu de ça, elle raconte des menteries. C'est un dérangement, encore que… Mais ça ne coûterait pas des millions de dollars.» affirme à Éric Moreault
M. Mickie, responsable des opérations pour l’Amérique du Nord de Tomra, entreprise norvégienne implantée dans 45 pays, espère lui aussi un élargissement de la consigne aux produits vendus par la SAQ et une consigne aussi sur les bouteilles d’eau. Une diminution substantielle des emballages en verre et en plastique, ferait, selon lui, augmenter la valeur du papier recyclé de 20 $ la tonne. Dans l’article paru dans Le Soleil, il est signalé que de nombreuses études tendent à démontrer que la collecte sélective et la consigne fonctionnent en synergie. On augmente la consigne ==> on augmente la collecte sélective.
Cela étant il apparaît au grand damne de l’auteur de l’article qu’au Québec, « l’oligopole de l’alimentation cherche à abolir la consigne des cannettes (http://www.la-vie-rurale.ca/contenu/17091) , première étape d’une abolition complète de la consigne au profit du conteneur dédié au recyclage et/ou des décharges publiques… (...)
« De son côté, la SAQ se pète les bretelles depuis près de deux ans pour affirmer combien elle est dans le coup en matière d’environnement : http://www.la-vie-rurale.ca/contenu/12999 . Or, malgré des efforts louables en ce qui a trait aux sacs réutilisables (qu’elle facture aux clients) qui ont progressivement remplacé les sacs de plastique, rien n’est fait pour la consigne des bouteilles de vin et des bouteilles de spiritueux. Or, les camions de la SAQ pourraient repartir avec des bouteilles vides plutôt qu’avec rien. Mais non, tout ça semble trop compliqué pour notre monopole d’état. La SAQ considère qu’il n’y a aucun avantage, seulement des coûts, reliés à la consigne. Pourtant la LCBO, son équivalent en Ontario, pratique la consigne à grande échelle depuis plus de deux ans : http://www.la-vie-rurale.ca/contenu/10985. »...
Comme on le voit, il y a de la grogne dans l’air. Et l’auteur d‘ajouter : « nous affirmons à qui veut l’entendre que nous sommes préoccupés par l’environnement mais dans les faits, on s’en fout pas mal. Nous sommes parmi les plus grands pollueurs de la planète, on ne veut pas d’éolienne dans nos paysages bucoliques, mais on manifeste pour l’environnement en motoneige… De plus, nous peinons à atteindre les 65% de matière recyclable, objectif que nous nous sommes fixés il y plus de dix ans. Dans un tel contexte, quelle pression sociale la SAQ ressent-elle pour élargir la consigne? Aucune. Notre papier à recycler illustre notre désintérêt sur la question : il ne vaut rien, trop souillé qu’il est par le recyclage de millions d’emballages qui pourraient être consignés ».