Québec : le désassemblage des avions en fin de vie sur la piste d'envol
2 projets liés au recyclage des avions en fin de vie sont en cours au Québec aux aéroports de Saint-Hubert, sur la Rive-Sud de Montréal, et de Mirabel, dans les Basses-Laurentides. D'un côté, Bombardier, le Centre technologique en aérospatiale (CTA) et l'École Polytechnique viennent d'annoncer le lancement d'un programme de recherche. Par ailleurs, Aéro Montréal, par le biais de son Comité Innovation, collabore avec l'entreprise Avianor et l'aluminerie Alouette...
L'Ecole Polytechnique de Montréal, en collaboration avec le Centre Technologique en Aérospatiale (CTA), Bombardier Aéronautique, vient d'annoncer le démarrage d'un important projet de recherche sur le traitement des avions en fin de vie. Cette initiative, née du Consortium de recherche et d'innovation en aérospatiale au Québec (CRIAQ), regroupe des chercheurs et des gens de l'industrie qui uniront leur expertise pour étudier les meilleures façons de désassembler des avions en fin de vie de façon sécuritaire et efficace tout en s'assurant de préserver au mieux la valeur de l'avion et de respecter les normes environnementales...
Au cours des 20 prochaines années, on estime qu'il y aura environ de 250 à 300 avions commerciaux par an qui seront mis hors service. Les industries se retrouveront donc avec un nombre important d'appareils à démanteler de manière sécuritaire et efficace. En plus de tenir compte des enjeux environnementaux, la gestion de ces appareils devra être aussi rentable que possible. En somme, la recherche portera sur l'optimisation du désassemblage de pièces d'avions réutilisables, le démantèlement et le recyclage des matériaux. L'équipe de recherche disposera d'une plateforme idéale, un appareil Bombardier CRJ200 en fin de vie, pour effectuer leurs tests et formuler des recommandations qui permettront aussi d'évaluer le cycle de vie d'un appareil et d'élaborer une approche de conception pour les futurs avions "verts".
Le projet est doté d'un budget global de 1,4 M$ provenant du Conseil de recherche en sciences naturelles et en génie (CRSNG), des partenaires Bombardier Aéronautique, Bell Helicopter Textron Inc., Aluminerie Alouette, BFI Canada, Sotrem-Maltech, du CRIAQ, de Nano Québec et de MITACS, en plus de compter sur la collaboration du CTA, de l'Université Laval, de l'École de technologie supérieure et de l'Université McGill. Le projet est piloté par Mme Kahina Oudjehani, professionnelle de l'ingénierie Conception Environnementale chez Bombardier Aéronautique et M. Christian Mascle, professeur titulaire à l'École Polytechnique.
"Polytechnique est très fière d'être l'établissement porteur de ce projet rassembleur composé d'une équipe d'experts engagée à contribuer à une approche de développement durable de la conception des avions. En plus des résultats qui auront des retombées significatives tant pour l'industrie que pour la société, ce projet, en plus de compter sur deux associés de recherche et des techniciens du CTA, contribuera à former trois étudiants au post-doctorat, sept étudiants au doctorat, quatre étudiants à la maîtrise et quatre étudiants au baccalauréat, qui à l'issue de leurs études, joindront, nous l'espérons, les rangs de personnel hautement qualifié dans les entreprises de l'aérospatiale", souligne M. Christophe Guy, directeur général de l'École Polytechnique.
"Nous voulons développer une expertise qui nous permettra de déconstruire des aéronefs en entier et ajouter de la valeur aux pièces afin de les revendre partout dans le monde. Les transporteurs auront alors le choix entre une pièce de 'jobeux' et une pièce qui coûtera un peu plus cher, mais qui sera certifiée", explique de son côté Sylvain Savard, président et fondateur d'Avianor. La PME de 260 employés est un intégrateur vertical spécialisé dans la remise à neuf de gros transporteurs. Elle achète et vend déjà des pièces d'aéronefs aux quatre coins de la planète. Devenir le maître d'oeuvre d'un programme du recyclage d'aéronefs est donc dans l'ordre des choses pour Avianor. L'étude de faisabilité de ce qui porte provisoirement le nom de Filière industrielle pour la gestion écologique des avions en fin de vie est en cours dans la région de Mirabel. Aéro Montréal et Avianor souhaitent démarrer le projet dès le printemps 2012. L'objectif est de mettre en valeur de façon intégrale plus de 90% du poids d'un aéronef.
Selon Sylvain Savard, deux Airbus stationnés à Mirabel sont prêts à passer sous le bistouri. Un vieux Boeing devrait se joindre au groupe d'ici début décembre. M. Savard dit avoir rencontré les gens d'Airbus, en France, où le géant européen pilote actuellement le projet Tarmac. Celui-ci vise à définir les procédures de déconstruction des pièces, de même que la valorisation des matériaux des avions en fin de vie. Tout ça, dans le respect de l'environnement. Boeing et une dizaine d'autres avionneurs ont mis de l'avant un programme semblable, l'AFRA. Le président d'Avianor souhaite voir Mirabel être reconnu, notamment par Airbus, comme étant un pôle d'excellence qui respecterait entre autres les principes de Tarmac. Pas seulement son entreprise, mais aussi toutes les PME qui devraient finalement former une grappe industrielle spécialisée dans le recyclage des avions.