Telle était la question posée dans le cadre des deux journées organisées les 25 et 26 mars derniers réunissant 25 intervenants, 80 participants extérieurs et une partie des élèves-ingénieurs en Géologie et Agriculture, pour des présentations et discussions autour de quatre grandes thématiques : les déchets organiques, ménagers et assimilés ; les déchets industriels spéciaux, sites et sols pollués, déchets inertes ; les déchets radioactifs et le traitement des eaux usées.
Les enseignants-chercheurs de LaSalle Beauvais organisateurs de ces journées – Benoît Proudhon (Tectonique et Modélisation - Responsable des contrats) et Olivier Bain (Cartographie - Responsable du domaine d’approfondissement Géologie marine) – se félicitent de la synergie développée entre industriels, chercheurs et experts sur ces problématiques à l’occasion de cet évènement, une manifestation parrainée et subventionnée par l’Ademe Picardie et le Conseil Régional de Picardie (Direction de l’Environnement).
6 tonnes ! C’est le volume de déchets produit par an et par habitant, dont environ 423 kg de déchets ménagers ; le restant issu de l’activité industrielle (données Eurostat, 2006).
Ce constat a été rappelé par Gérard Friès (Directeur de Veolia Propreté et Président de LaSalle Beauvais), en ouverture de la 7ème édition des Journées de l’Environnement.
A l’heure où les besoins en matières premières et en énergies n’ont jamais été aussi forts, leurs transformations en biens de consommation engendrent un volume toujours croissant de déchets. Cette surexploitation provoque d’une part l’amenuisement des ressources et d’autre part la pollution des ressources encore non exploitées.
Comme le rappelait Christian Fabry, responsable de l’ADEME Picardie, les objectifs de l’Union européenne (mars 2007) pour 2020 sont clairs :
une réduction des émissions de CO2 d’au moins 20% et 30% si un engagement international est décidé ;
20% d’économie d’énergie par rapport aux projections de 2020 ;
20% d’énergies renouvelables dans la consommation finale.
Les techniques de gestion, de traitement, de dépollution et de valorisation des déchets représentent autant d’enjeux considérables envers les générations futures. Ces solutions passent par une modification de nos comportements, mais également par la recherche permanente et la mise en oeuvre de techniques permettant la réduction des volumes, le recyclage, la valorisation ou le stockage ultime de nos déchets. Les évolutions techniques et technologiques sont au coeur de nouveaux champs d’investigations tels que la surveillance, la réversibilité ou le développement durable.
Ce colloque a fait également le point sur l’avancée des recherches, nouvelles techniques et la législation liée à la problématique des déchets : redonner une seconde vie aux déchets, les transformer en énergie, pouvoir les valoriserdans le futur, les stocker en toute sécurité, en informer la population en toute transparence, mais également s’interroger sur les types de déchets futurs.
Parmi les procédés de traitement permettant de tirer le meilleur parti des déchets, la méthanisation a été plusieurs fois évoquée par les intervenants (Naskeo, LDAR, IKOS, Proserpol, Bionerval, Waterleau France). Ce procédé permet de gérer les déchets de cantines, de graisses, de céréales, de boues, de déchets verts, de culture, de déchets d’abattoirs, et/ou de matières de vidange.
La méthanisation de ces déchets produit du biogaz, qui, via une co-génération, peut alimenter un réseau de chaleur, fournir de la vapeur et de l’électricité à la collectivité ou aux industriels. Quant aux digestats finaux, ils servent d’engrais aux agriculteurs.
La gestion, la réhabilitation et la valorisation des sites et sols pollués ont également fait l’objet de plusieurs présentations (Ademe, Total Raffinage Marketing, BRGM, Ikos Hydra).
En fonction de la source de pollution à traiter, diverses techniques plus ou moins longues et coûteuses peuvent être employées. Monique Mathieu (Total Raffinage Marketing) a donné ainsi l’exemple d’un ancien dépôt d’hydrocarbures dans le Port de Genevilliers, et a décrit le processus de remise en état d’une installation ICPE (Installation Classée pour la Protection de l’Environnement) qui s’est effectué sur une dizaine d’années.
Le traitement des boues issues des eaux usées fait appel à de nombreuses techniques (interventions de la DDT, Waterleau Biotim et Silex International). Maxime Pollet (IKOS Hydra) a annoncé notamment : «Déjà très présent dans le sud de la France, le traitement des eaux usées urbaines par filtres plantés de macrophytes est en plein essor dans nos régions. ».
L’eau représente donc un enjeu majeur. Dans le département de l’Oise, Jean-Luc BRACQUART (Direction Départementale des Territoires – Mission Eau) a expliqué que ce sont 156 stations d’épurations qui traitent chaque année 12 000 tonnes de matières solide, dont 97,5 % font l’objet d’une valorisation agricole.
Le stockage de déchets dit « ultimes », déchets dangereux (classe I) ou d’ordure ménagère (classe II ), non valorisables avec les techniques actuelles, reste le chaînon final de l’arbre de valorisation de nos déchets. Le stockage nécessite une réglementation exigeante comme l’ont rappelé Sébastien Morcet (EMTA), Bernard Mouthier (Intercompétences) et Mathieu Defrance (IKOS).
Christine Trentesaux (Andra) a précisé dans son intervention que « l’inventaire des déchets radioactifs, mis à jour en 2009 par l’Andra (Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs) montre que le volume des déchets HA-MAVL (de haute activité et de moyenne activité à vie longue) s’élevait en France à environ 44.000 m3 en 2007. Ce chiffre représente moins de 4% du volume total de déchets radioactifs mais 99,9% de la radioactivité ».
Ces déchets sont actuellement entreposés sur leurs sites de production (centrales nucléaires), à La Hague (AREVA), à Marcoule (CEA) et à Cadarache (CEA).
Philippe Landrein (géologue à l’Andra) a présenté, pour sa part, un aperçu des recherches et expérimentations actuellement menées par l’Andra, à 490 m. de profondeur, dans le Laboratoire souterrain de Meuse / Haute-Marne. Ce projet vise à étudier la faisabilité du stockage des déchets HAVL en environnement géologique profond et stable, dans les argilites callovo-oxfordiennes (- 150 Millions d’années).
Il a proposé « l’utilisation d’une barrière géologique doit permettre de réduire les charges à supporter par les générations futures avec l’idée de faire supporter le coût du stockage des déchets aux générations actuelles qui profitent directement de l'exploitation de l'énergie nucléaire. C’est le système un peu décalé dans le temps de pollueur = payeur ».