Raffinage de biomasse : Mitsui et Inbicon synergisent
Mitsui Engineering & Shipbuilding (MES), l'une des industries lourdes de premier plan au Japon, et Inbicon, le pionnier danois en technologie d'éthanol cellulosique, viennent d'annoncer la signature d'un contrat de licence pour la technologie de raffinage de la biomasse Inbicon. Kézako ?...
Le contrat octroie à Mitsui le droit de construire un nombre de raffineries de biomasse dans l'Asie du Sud-Est en utilisant la technologie de Inbicon. Mitsui a l'intention d'appliquer la technologie dans l'industrie de l'huile de palme, où les déchets provenant de la production d'huile de palme seront convertis en éthanol, en biocombustible solide pour la production d'énergie et en nourriture pour les animaux. L'entente représente le premier contrat de licence pour Inbicon.
Pour les non-initiés, la majorité du bioéthanol produit aujourd'hui provient du traitement des plantes sucrières (betterave, canne à sucre…) ou des céréales (maïs, blé…). La production de bioéthanol à partir de la biomasse se divise sommairement en 3 étapes :
L'hydrolyse de la céréale : contrairement aux plantes sucrières qui donnent du sucre directement, il est nécessaire d'hydrolyser l'amidon (polymère du glucose) contenu dans les céréales afin d'obtenir du glucose. Cette hydrolyse peut se faire par des enzymes (hydrolyse enzymatique) ou par de l'acide (hydrolyse acide, nécessite que le mélange soit porté à ébullition).
La fermentation du glucose : on utilise pour cette étape des levures que l'on insère dans un mélange de sucre et d'eau. La durée de fermentation varie mais tourne aux alentours de quelques semaines. A l'issue de cette étape on obtient un éthanol très dilué, inutilisable pour l'instant.
La distillation : pour extraire l'éthanol du mélange d'éthanol et d'eau, on peut procéder à une distillation fractionnée. Cette distillation s'appuie sur la température d'ébullition de l'éthanol, inférieure à celle de l'eau. Le mélange appelé parfois alcoolat est porté à ébullition, et l'éthanol s'évapore avant que l'eau ne commence à bouillir.
D'autres filières existent cependant, notamment la production de bioéthanol (dit "bioéthanol cellulosique") à partir de déchets végétaux (sciure de bois, paille de blé, emballages…). En effet, ces produits contiennent de grandes quantités de cellulose, un autre polymère du glucose. Le problème réside dans l'hydrolyse de la cellulose, difficilement réalisée à ce jour. Le procédé le plus élaboré dans ce domaine est actuellement celui développé par l'entreprise canadienne Iogen Corporation.
"Grâce à ce contrat, nous avons fait un pas important vers l'établissement d'une entreprise d'organisation d'usine destinée à la production d'éthanol de deuxième génération dans l'Asie du Sud-Est. Nous avons déjà consacré un nombre considérable de ressources au développement de cette nouvelle entreprise. De plus, nous nous attendons à élargir la coopération d'Inbicon avec d'autres marchés", a déclaré Shunichi Yamashita, Directeur de Mitsui.
"Ceci est l'aboutissement de notre collaboration durant toute l'année avec MES, qui a débuté avec notre essai de déchets de palme en tant que matières premières d'alimentation. Au cours de l'année 2009, nous avons consolidé la relation entre leurs employés et les nôtres, et nous sommes très fiers d'avoir MES en tant que premier détenteur de licence. La signature de ce contrat place Mitsui au premier plan. Nous considérons que c'est un pas important vers une collaboration de longue durée", a indiqué de son côté Niels Henriksen, PDG d'Inbicon. "C'est également une étape importante pour la commercialisation de la technologie Inbicon. Grâce aux derniers développements de la technologie d'enzyme provenant de fournisseurs d'enzymes de premier plan tels que Danisco Genencor et Novozymes, nous faisons désormais face à une production à grande échelle d'éthanol de deuxième génération qui sera très utile aux pays de partout dans le monde".
Pour information, Mitsui Engineering & Shipbuilding est l'une des plus grandes industries de premier plan au Japon, dont le siège social se situe à Tokyo. Ses activités ne sont pas limitées à la construction navale, et comprennent également le secteur de l'environnement, de l'énergie, de la production, de la mécatronique, de l'information, de la logistique, des usines industrielles, de la science médicale et des loisirs.
Inbicon met au point des technologies pour la conversion et le raffinage de la biomasse lignocellulosique en carburant, en produits alimentaires et en produits chimiques écologiques. La société exerce des activités dans une usine-pilote depuis 2003, et en décembre dernier, elle a ouvert sa première raffinerie de biomasse Inbicon à Kalundborg, au Danemark, pour faire la démonstration de sa technologie. L'usine convertit de la paille de blé en éthanol-carburant, en nourriture pour animaux et en granulés à base de lignine pour la production d'énergie.