RBA : le talon d'achille du recyclage des vhu
Oui, l'industrie automobile est depuis plusieurs décennies en tête en termes de pourcentage de recyclage par rapport à d'autres produits de grande consommation notamment ceux qui appartiennent au secteur de l'électronique. Mais, si aujourd'hui les contraintes réglementaires pèsent sur les industriels de l'électronique, et qu'on leur reproche d'exporter leur pollution ou déchets toxiques dans des pays en voie de développement, cela ne pourrait-il pas arriver aussi aux automobilistes ?...
Que cache le taux élevé de recyclage d'un véhicule automobile ? Tout d'abord, une automobile est composée d'acier et de métaux. Or, le recyclage du métallique ne pose pas de problème particulier et ceci de longue date. Bien au contraire, il n'a cessé de progresser en termes de qualité des produits fabriqués à partir des ferrailles ou des demi-produits issus des déchets de métaux. Par exemple, en sidérurgie, il est possible depuis plusieurs années de fabriquer de la tôle plate à partir de ferrailles, sans minerai, avec des procédés comme celui de Nucor aux Etats-Unis. Idem pour les pièces de moulage en aluminium à partir de lingots d'affinage de déchets d'aluminium. Ainsi , la boucle du recyclage métallique est bouclée. Or, la composition métallique moyenne d'une automobile est de 76,9% pour l'Europe et 76,1% pour les Etats-Unis. (voir tableau ci-dessous).
Compositions moyennes des voitures
Alors, c'est en fait pour les 23/24% restants, plastiques mais aussi "divers", que la question du recyclage se pose véritablement.
Sur ce point, la situation diverge entre les Etats-Unis et l'Europe. Le taux de recyclage est plus élevé en Europe grâce aux avancées dans la pratique de la "dépollution" des vhu et l'incorporation progressive de matériaux recyclables dans le processus de fabrication . Mais, cela ne veut pas dire pour autant que le problème soit résolu bien au contraire. On sait que l'on retrouve dans les résidus de broyage automobile l'ensemble des matériaux toxiques qui ont été incorporés au moment de la fabrication notamment par les sous-traitants des automobilistes. Et ces résidus contiennent des substances toxiques comme du mercure, du chrome, du plomb, de l'arsenic et même des PCB. La plupart du temps ces RBA finissent leur vie dans des centres d'enfouissement technique. Alors, il se pourrait bien que cela soit une véritable épée de Damoclés qui soit au dessus de la tête des automobilistes. En tout cas, face aux impacts environnementaux que leurs produits peuvent avoir, la prise de conscience de leur importante responsabilité ne peut qu'augmenter.
Alors, sans vouloir se faire devin, il faudra bien que les pratiques des constructeurs changent et qu'ils fassent accepter par leurs clients de payer plus cher pour avoir l'assurance de détenir une voiture dont les impacts environnementaux sont limités. De là à dire qu'un nouveau marché de l'Eco-voiture va se développer, il n'y a qu'un pas à franchir, et on souhaite qu'il le soit le plus rapidement. Déjà, les fabricants japonais l'ont bien compris avec leur motorisation hybride. Mais, le créneau écologiste est loin d'être épuisé.