Recupel : de bons résultats D3E à amplifier

Le 16/09/2016 à 18:12  
Recupel : de bons résultats D3E à amplifier
 Recupel (l’organisation qui se charge depuis 15 ans de l’organisation financière de la collecte et du traitement des déchets d’appareils électriques et des lampes en Belgique) a présenté un beau bulletin dans son dernier rapport annuel : plus de 110.000 tonnes de matériaux ont été collectées au cours de l’année écoulée et les résultats de recyclage des matériaux, tant ferreux que non ferreux, dépassent largement les minimums légaux. Ce bon bilan mérite néanmoins d'être un peu nuancé...

 Le potentiel réel des appareils électriques et des lampes mis au rebut en Belgique se chiffrerait à quelques 250.000 tonnes, ce qui signifie que la Belgique ne collecterait officiellement aujourd’hui que 39% des D3E (ou DEEE) ménagers et à peine 10% des D3E industriels... Le défi des prochaines années est donc immense, dans la mesure où l’Union Européenne a récemment relevé les minimums à collecter pour les D3E à 45% pour fin 2016, mais surtout à 65% pour 2019.

 Il reste donc pas mal de pain sur la planche, mais on ne peut pas pour autant parler d’une "mission impossible". Cela nécessite toutefois que Recupel et les entreprises de collecte et de transformation des déchets trouvent un meilleur terrain de collaboration. Aujourd’hui, une entreprise de collecte ou de transformation ne peut s’engager avec Recupel qu’à la condition de respecter le cahier des charges de l'organisation. Ce cahier des charges compte quelque 100 pages de choses à faire et à ne pas faire, et précise de façon extrêmement détaillée comment les entreprises de transformation doivent démanteler et recycler les appareils. Le cahier des charges impose en outre un grand nombre de procédures et d’exigences qualitatives particulièrement lourdes.

Werner Annaert  "Les opérateurs demandent davantage de confiance de la part de Recupel. Ils veulent moins de détails au niveau des conditions et souhaitent que le marché dispose de la liberté de traiter les D3E collectés dans les règles de l’art. Il est un fait que de nombreux acteurs perçoivent le cahier des charges comme étant une charge administrative pesante et n’ont pas adhéré dans le passé pour cette seule raison. A l’avenir, la Belgique aura cependant absolument besoin de ces acteurs si nous voulons attester de la collecte et du recyclage des 150.000 tonnes restantes de D3E", indique Werner Annaert de l’asbl Go4Circle (la fédération professionnelle des entreprises de droit privé qui accordent une priorité centrale à l’économie circulaire dans le cadre de leur action).

 Un problème complémentaire est l’absence d’informations détaillées concernant la composition et le contenu des matériaux à recycler. Selon les directives de l’Union Européenne en matière de D3E, les Etats membres sont pourtant tenus de veiller à ce que ces informations soient mises gratuitement à la disposition des entreprises de recyclage. A ce jour, Recupel n’a cependant pas encore donné suite à cette obligation, alors que ces informations sont d’une importance déterminante pour pouvoir réaliser une économie circulaire à part entière.
 La plupart des entreprises affiliées à Coberec (Confédération de la Récupération belge) et Go4Circle font partie des canaux de transformations officiellement reconnus par Recupel, avec les parcs à conteneurs, les commerces de détail et les centres de réemploi. Pourtant, ces entreprises sont généralement exclues de la communication de Recupel. A titre d’exemples, en introduisant son code postal sur le nouveau site web de l'organisation, le citoyen peut ainsi retrouver tous les points de collecte de sa région, à l’exception des entreprises de recyclage spécialisées. La situation n’est pas beaucoup plus favorable pour les entreprises qui souhaitent se défaire de leurs D3E. "Le site web de Recupel ne leur affiche les données des entreprises de collecte/recyclage qu’après leur avoir fait compléter une vingtaine de cases d’information. En outre, les collecteurs ne peuvent pas choisir le recycleur auquel elles souhaitent s’adresser", souligne Jan Vermoesen de Coberec. Le secteur demande donc plus de reconnaissances pour tous les canaux possibles.