Recyclage : Colas intègre des déchets de porcelaine dans un nouvel enrobé
Fourni par plusieurs fabricants (dont Bernardaud, Haviland ou encore la fabrique de porcelaine à Saint-Junien), le spécialiste de la route Colas (une entreprise française de Bouygues, créée en 1929, et qui fonctionne un peu comme une fédération pour les PME, ce qui permet des initiatives locales) est parvenu à mettre au point un enrobé capable d'incorporer 30% de granulats de porcelaine, dont on rappellera qu'elle n'est pas une terre naturelle, mais une pâte conçue par l'homme et qui intègre trois ingrédient que sont le kaolin (environ 50%), le feldspath (environ 25%) et le quartz (environ 25%). Utiliser les rebuts de la fameuse porcelaine de Limoges a été soumise à Colas par un chef d’agence, qui gère une plate-forme de recyclage de tout ce qui provient du BTP ; sur l’ensemble des déchets, la porcelaine représente 200 à 300 tonnes par an.
Quelques années de R&D ont en effet permis au laboratoire de l'agence Colas Centre-Ouest situé à Condat en Haute-Vienne de créer une formule d’enrobés chauds, incorporant ce déchet porcelainier. D'abord testé en labo, ce produit a été mis en condition réelle sur un petit tronçon, il y a un an environ : il fallait en effet valider que la chaussée ne soit pas plus glissante, que la tenue de route était satisfaisante, bref vérifier si la sécurité routière n'était pas altérée. Ce qui est le cas : parmis les objectifs, éclaircir le revêtement et apporter une touche esthétique à la chaussée. Pari réussi avec trente tonnes d’enrobés « porcelaine ». La présence de quartz dans la porcelaine ayant ceci d'avantageux que le revêtement routier est plus lumineux, ce qui favorise une réduction de l'intensité de l’éclairage public et par conséquent une économie d'énergie, à la grande satisfaction des élus locaux. « Nous espérons une économie d’énergie de l’ordre de 50% », a d'ailleurs confirmé Carole Cheucle, directrice générale adjointe à l’agglomération de Limoges.
Innover par le recyclage de déchets n'est pas nouveau pour Colas : ses équipes utilisent déjà des coquilles d’huître dans la composition de peinture de marquage routier, sans parler du Scintiflex, un enrobé très original, incluant des particules de verre-miroir concassé qui réfléchissent les lumières et qui permet de différencier visuellement des zones particulières de la voirie pour renforcer la sécurité routière ou bien encore de valoriser des sites prestigieux ou touristiques (il est d'ailleurs utilisé dans de nombreux endroits en Suisse, en France, près la gare de Genève).
S'il est clair que l'industriel n'a pas pour objectif de développer ce nouveau produit sur l'ensemble du territoire national dans le cas qui nous occupe (les tonnages de déchets porcelainiers étant insuffisants pour ce faire), il est tout aussi évident que ce nouvel enrobé constitue un débouché apprécié des porcelainiers et un exemple d'économie circulaire locale, qui tient la route... Une autre artère au nord de Limoges est en cours de rénovation, sur 5 000 mètres, avec ce même procédé.