Recyclage des déchets : de l'ambition, que diable !
Le Bureau Européen de l'Environnement (dont le Centre national d’information indépendante sur les déchets [Cniid] est membre) a publié il y a quelques jours un nouveau rapport intitulé "Utiliser nos ressources plus efficacement : une chance à saisir pour l’Europe". Celui-ci met en avant les bénéfices d’une politique européenne de gestion des déchets ambitieuse, notamment en matière d'emploi...
Le rapport du BEE évoque la création potentielle de 750 000 emplois d’ici à 2025 et de 860 000 d’ici à 2030, si l’Union Européenne adopte de nouvelles politiques ambitieuses et insiste sur la prévention et le recyclage des déchets dans le cadre de sa prochaine révision des objectifs de traitement des déchets. "Ceci s’appuie sur le nombre d’emplois à temps plein qu’un scénario ambitieux de 1 000 tonnes de recyclage et de réutilisation des textiles et mobiliers créerait. Les emplois créés le seraient dans la gestion de la chaîne de traitement des déchets et incluent la logistique, la réparation, la vente et le recyclage", précise le Cniid.
A partir de données publiques et d’estimations, l'étude établit qu’un scénario d’utilisation efficace des ressources dans l’UE, qui inclurait des objectifs ambitieux de réduction du gaspillage alimentaire, de réutilisation des textiles et du mobilier, et de recyclage, permettrait d’économiser l’équivalent de 415 millions de tonnes de CO2 d’ici à 2030. Une politique forte en matière de réduction du gaspillage alimentaire permettrait noatemment d’éviter d’utiliser 57 000 km² de terres cultivées d’ici à 2030 ; une superficie supérieure à celle de la Croatie.
Ce rapport est publié au moment où la Commission européenne finalise une révision majeure des objectifs déchets, qui devrait harmoniser les objectifs clés de la future législation avec les objectifs soulignés dans son document stratégique général, à savoir la feuille de route sur l’utilisation efficiente des ressources (voir notre dépêche). Le BEE recommande l’adoption, au niveau de l’UE, d’une série d’indicateurs utilisés dans son rapport (utilisation des matériaux, de la terre, de l’eau et du CO2) pour identifier et mesurer le rôle positif que la politique de traitement des déchets joue dans l’optimisation de l’utilisation des ressources.
Le Bureau appelle la Commission européenne à limiter, avant tout, les options de mise en décharge et de valorisation énergétique (en particulier l’incinération) de tous les déchets biodégradables et d’instaurer des objectifs spécifiques liés aux options préférables de la hiérarchie de traitement des déchets, tels que la réduction des déchets, la réutilisation ou le recyclage. "L’interdiction de la mise en décharge seule ne suffira pas si nous voulons mettre en place une Europe efficiente dans l’utilisation de ses ressources. Nous avons besoin de définir clairement une trajectoire vers les options plus élevées dans la hiérarchie du traitement des déchets, en s’éloignant également de l’incinération", souligne Stéphane Arditi, Responsable de la politique 'Déchets et Produits' au BEE.
Les Etats membres disposent d’un certain nombre de leviers pour mettre en place le scénario ambitieux avancé par cette étude. Ceux-ci incluent une taxe incitative pour les biens recyclés ou réutilisés, des taxes sur les produits mis en décharge, un système de tarification pour les ménages comme la tarification incitative, et un renforcement de la responsabilité du producteur. "Le Cniid attend du Gouvernement français qu'il défende au niveau européen une position exemplaire, dont le premier pas serait l'adoption d'un plan national 'déchets' combinant tous les leviers du scénario ambitieux présenté par le BEE", indique le Centre.
Pour plus d'informations, vous pouvez consulter le rapport complet du BEE ; rendez-vous ici (en anglais). Nous vous renvoyons également à notre article de décembre 2013 : Les déchets d'aujourd'hui sont les ressources de demain.