Recyclage des duvets : les professionnels ne se feront pas plumer !!!
Le marché du recyclage des duvets et plumes n’est pas au mieux de sa forme ; pour autant, ce n’est pas non plus la kata et notre pays n'est pas si mal loti... Pierre Capellot, président du SNDP, Syndicat national des duvets et plumes, a souhaité nous exprimer son point de vue et nous donner sa vision de ce marché qu’il connaît particulièrement bien puisqu’il le pratique depuis plus de 30 ans…
« J’ai lu avec beaucoup d’intérêt certains articles traitant de la situation du marché des duvets et plumes qui n’est pas au mieux de sa forme, il est vrai.
On y évoque encore les deux derniers hivers trop doux, la désorganisation du marché chinois où l’on enregistre des stocks importants d’articles confectionnés, garnis de duvets et invendus parce que la demande interne n’atteint pas encore le niveau des prévisions, alors que la production dans ce pays est revenue à l’état normal… (voir Plumes et duvets : le marché bat de l'aile).
On parle toujours de l’écart grandissant entre le dollar US et l’Euro qui stoppe les exportations sur les USA, de la baisse de la demande face à une production française stable…
Je passe rapidement sur les problèmes liés aux nouvelles réglementations européennes et leur application française, les contraintes sanitaires ou encore les changements de nomenclatures des établissements classés. Nous avons travaillé sur ces sujets au cours des 5 dernières années et nous avons obtenu des résultats inespérés ».
Tout cela pour dire que ces constats, les professionnels les connaissent. Ces situations ne sont pas venues d’un coup puisqu'ils les ont vues se profiler progressivement.
« Ce qui m’inquiète, c’est le comportement de certains professionnels dans le matraquage de la diffusion de certains éléments. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il me semble qu’ils n’ont pas réagi de la meilleure manière qui soit.
Bien entendu, lorsque le marché n’est pas bon, il faut bien expliquer un certain nombre de mesures à prendre et notamment une baisse des cours et un assainissement à la production.
Seulement voilà, on a voulu amplifier la situation pour mieux faire passer le message et on a continué à se plaindre soit oralement, soit par le biais de la diffusion d’articles et cela à un tel point que le mur des lamentations a dû se croire concurrencé ».
Résultat des opérations : l’effet a été contraire aux objectifs à atteindre. Dans ce genre d’action, il n’y a rien de pire que de laisser paraître une incapacité à maîtriser la situation car cela oblige les partenaires intéressés à une réaction rapide et efficace, explique en substance le Président Capellot.
C’est ainsi qu’on en arrive à une déstabilisation de la hiérarchie car les portes sont ouvertes à toutes les opportunités à saisir. En effet, comment trouver étonnant qu’un concurrent étranger ou même un client potentiel, averti du fait que les professionnels français ne souhaitent plus payer les enlèvements dans les abattoirs, se charge lui-même de négocier directement avec ces derniers ???
« Quant aux abattoirs industriels qui appartiennent aux grands groupes de l’agroalimentaire et dont deux d’entre eux ont racheté des unités de traitement après leur dépôt de bilan, nous savions bien qu’ils n’allaient pas rester inactifs !
Faillait–il croire que ces abattoirs, dont la vente des plumes représentait encore 3 à 4% de leur chiffre d’affaires il y a moins de deux ans, accepteraient de céder leurs plumes à valeur zéro voire de les éliminer pour assainir le marché ?
Dans ce nouveau contexte, qu’il me soit permis de savoir si certains professionnels n’ont pas perdu leur identité.
Faut-il encore se lamenter et laisser la situation pourrir ?
Faut-il attendre que les Américains, même avec un dollar affaibli se pointent pour enlever les productions françaises sous notre nez ?
Dans cette perspective je dis : Attention ! Danger !!!
Il est temps de doser les informations et d’éviter le piège de l’emballement médiatique qui fait tant de mal. On l’a vu et vécu pour la grippe aviaire ». (On nous a fait croire que les migrateurs étaient la cause des tous les malheurs. Faux. L’élevage concentrationnaire est de loin le plus grand responsable NDLR).
Et Pierre Capellot prend le cas d’un autre exemple d’emballement médiatique : il s’agit d’un reportage télévisé concernant les difficultés rencontrées par les bars tabacs après l’interdiction de fumer dans ces établissements (de fait, on a interviewé des propriétaires qui parlent de la chute catastrophique du chiffre d’affaires, de la déprime des professionnels avec leur en vie e de tout quitter pour faire autre chose ; un agent immobilier aurait même témoigné du nombre spectaculaire de mises en vente de ces commerces).
« Devant cette présentation de la situation d’où il ressort une rentabilité désastreuse de ces affaires, je vous pose la question : a moins qu’il s’agisse d’un inconscient ou d’un fou, quel est celui qui sera tenté d’acheter un tel établissements ?
Voilà le résultat de la présentation exagérée d’une situation ou d’un marché. Parlons des difficultés rencontrées, essayons de proposer des solutions qui retiendront l’attention des partenaires mais n’allons tout de même pas au suicide !».
S’agissant de la situation économique mondiale, on a coutume de soutenir un peu partout depuis l’an dernier, que les USA sont au bord de la récession économique et que la Chine en sera fortement touchée. On surnomme ces deux pays le « couple infernal ».
La France, quant à elle, enregistre un énorme déficit de son commerce extérieur, serait à la traîne des pays industrialisés … et ne serait pas assez attractive. Autrement dit : tout va mal et on s’attend à une aggravation de la crise financière mondiale.
Pourtant, il est des indicateurs qu’il faudrait prendre en compte et qui pourraient être les signes avant-coureurs de l’économie du pays : ce sont les incidents de paiement. Or, après une rapide étude on constate qu’à ce niveau, les Etats-Unis se portent bien et que leur dette envers la Chine est loin de représenter des inquiétudes pour ce pays qui va connaître de nouveau une croissance à deux chiffres en 2008.
Le 21ème siècle sera-t-il celui de la croissance du monde asiatique ?
Il est clair que la puissance de la grande dimension en Asie dépasse un peu les capacités de certains pays européens. Par contre, le Japon enregistre une baisse de sa croissance de 2,1 % à 1,4%.
L’Allemagne passerait de 2,5% à 1,6%.
L’Espagne est à la veille d’une crise immobilière, sa croissance diminuerait de 3,8% à 2,3% et les risques d’impayés augmentent.
L’Italie va descendre à 1% et se trouve en tête des incidents de paiement.
Quant à notre pays, même si la croissance n’atteint que 1,9% en 2008, elle sera malgré tout moins freinée qu’ailleurs. Pour ce qui est du déficit du commerce extérieur, il faut savoir que l’Angleterre et l’Espagne atteignent des chiffres supérieurs. Ne perdons pas de vue que les importations sont toujours liées à la croissance d’un pays.
Si on ramène l’exportation au nombre d’habitants, nous sommes les 2nd derrière l’Allemagne. En matière d’investissements à l’étranger, nous sommes en 2ème ou 3ème position…
Mais revenons aux plumes et duvets…
« Je dirai ceci pour conclure : ne sombrons pas dans la sinistrose, arrêtons de gémir et de noircir les tableaux. Nous avons connu d’autres situations difficiles et nous allons réagir parce que nous avons un atout majeur qui est notre professionnalisme. Notre savoir-faire est indispensable dans ces filières, nous avons encore des idées à développer et des marchés à exploiter, que ce soit dans les plumes neuves ou les plumes de récupération. Travaillons à la promotion de nos produits, démontrons leur qualité naturelle et leurs performances face à d’autres matières qui souffrent, quant à elles, de l’augmentation du pétrole, mais qui n’en font pas état…