Recyclage des plastiques : comment faire mieux, en France ?

Le 26/03/2015 à 20:52  

Recyclage des plastiques : comment faire mieux, en France ?

Recyclage plastique A cette question, le cabinet Deloitte, mandaté par 2ACR, représentant des industriels, a rassemblé 8 organisations professionnelles (qui sont ATHIL, CCFA, Elipso, Fédération de la plasturgie et des composites, Federec, Fnade, PlasticsEurope, UIC) et trois éco-organismes (Eco-emballages, Ecologic et Ecosystèmes) a tenté de répondre, après plus d'un an d'enquête et d'analyse. Cofinancés par la DGE, l'Ademe et 2ACR, ces travaux viennent d'être publiés...

Premier constat : la demande en matières plastiques vierges est d’environ 47 millions de tonnes en Europe et 4,5 millions de tonnes en France ; le recyclage des plastique est complexe. Si la méconnaissance des flux est évidente, parce que les remontées d'info sont hétérogènes, si le plastique est utilisé dans bien des domaines et des produits, une chose est sûre : l'essentiel des tonnages n'est pas recyclé (prenons le cas des emballages : seulement 23% sont recyclés).

Il est vrai que du fait de ses multiples utilisations coexistent différents polymères pouvant présenter des formules variables, auxquelles on peut ajouter, ou non, des additifs ou autres plastifiants fort variables et dépendant de la fonctionnalité prévue. De ce fait, une fois arrivés en fin de vie, il est clair que tous ces plastiques ne peuvent pas être logés à la même enseigne. C'est sans compter que la dégradation de leur qualité et de leurs propriétés au cours de leur utilisation influence évidemment la rentabilité des activités de recyclage, elles-mêmes soumises au cours du pétrole, lequel impacte le cours des résines vierges (très fluctuant).
L’exemple du BTP « est emblématique : les quantités de déchets générés sont très importantes et au sein de ces dernières, le plastique n'est qu'une mince affaire, avec à la clé des difficultés à capter la matière ». Sauf que le secteur du BTP consomme à l'échelle européenne, environ 20% des plastiques produits. Idem pour ce qui concerne les VHU, largement composés de ferrailles et métaux. Intégrés dans les carcasses, ils sont difficiles à extraire...
DEEE
Pour faire court, il existe cinq grandes familles de plastiques, PP, PS, PET, Pehd et Pebd, lesquelles sont largement utilisées dans les emballages, films, mobiliers, VHU et DEEE.
Tout mis bout à bout, il y aurait 3,5 millions de tonnes de plastiques post-consommation à capter, tandis que l'on ne recyclerait que 600 000 tonnes dans notre pays (il est probable que les quantités envoyées vers le recyclage en France incluent une part significative de chutes de fabrication). A ces tonnages s'ajoutent 1,3 million de tonnes, valorisées en incinération avec valorisation énergétique et à peu près la même quantité qui partirait (encore) en décharge ; il faudrait ajouter environ 500 000 tonnes qui sont exportées ou mélangées à des déchets qui ne sont pas recyclables -c'est le cas des RBA, en l'état actuel de la technologie).
Dans une période où les prix des énergies fossiles sont relativement contenus, les coûts d’achat des matières à recycler peuvent ne pas
couvrir l’ensemble des coûts supportés par les acteurs situés en amont qui prennent en charge les étapes de collecte et de préparation des déchets plastiques, ssouligne l'étude Deloitte.
L’analyse d’une sélection de filières de recyclage des plastiques confirme que, trop souvent, les coûts globaux ne sont pas couverts dans leur totalité par les revenus générés par les différentes étapes du recyclage (on déplore d'avoir à constater que les coûts de collecte, de préparation et/ou de tri de la matière, sont généralement plus élevés que les revenus générés par les ventes, un élément à ne pas néégliger et qui peeut expliquer les fuites de matières vers les voies telles que la mise en décharge).

Pour ces raisons, il y a de la perte en ligne, alors que la matière est valorisable et que les débouchés potentiels ne manquent ppare-chocs automobilesas, quand bien même subsistent des freins psychologiques et une demande qui pourrait être plus dynamique (puisque dans bien des cas, la qualité de la matière recyclée est comparable à celle de la matière vierge)...
C'est d'autant plus dommage que « l’analyse des données comptables d’une sélection d’entreprises du recyclage des plastiques en France montre que ces dernières sont quasi intégralement des PME (entreprises de moins de 250 personnes et ayant un chiffre d'affaires annuel inférieur à 50 millions d'euros)...
Sauf qu'en l'état actuel des données, il apparaît « qu’un tiers des recycleurs présente des marges négatives ».
Parmi les entreprises ayant des marges positives, la moitié d’entre elles environ présente des niveaux modérés et l’autre moitié démontre une performance tout à fait satisfaisante...
Parmi les entreprises qui ont les marges les plus réduites, « certaines sont de tailles significatives et interviennent sur des marchés spécifiques. Certains recycleurs de PET souffrent ainsi d’une concurrence très forte au niveau européen, principalement induite par une surcapacité des installationsde recyclageau regard des gisements collectés.
De ce fait, les balles de matières à recycler peuvent subir des effets inflationnistes et certains acteurs tournent en sous- régime. Sur ce même marché, des acteurs sont rentablesmême si leurs marges sont limitées : ils sont très performants d’un point de vue opérationnel et ont des relations fortes avec leurs clients. Certains recycleurs de films en PEbd ont également des difficultés, notammentdu fait d’une déconnection entre leurs prix de revient et les prix de vente. La qualité des intrants et les faibles rendements de ces installations constituent des éléments explicatifs de cette situation 
».
Certains acteurs, intervenant sur des marchés qui semblent plus équilibrés (PP et Pehd par exemple), « dégagent des marges élevées. Leurs approvisionnements sont suffisants, en quantité et en qualité, pour produire et vendre à un prix approprié des produits aux caractéristiques adaptées aux besoins de leurs clients.

Pour conclure son étude, Deloitte propose trois axes à explorer :
Miser très clairement sur un captage beaucoup plus significatif des tonnages disponibles, et orienter ces quantitésCSR (unité Bourgogne recyclage) vers le recyclage matière, en s'attaquant clairement à la mise en décharge, mais également à la modernisation des centres de tri (c'est ce sur quoi mise Eco-emballages) et aux exportations illégales de matières.
Il s'agira aussi, simultanément, de multiplier les débouchés en stimulant l'offre et la demande : les grands donneurs d'ordre devraient être invités à contractualiser sur le long terme, ce qui permettrait de développer la commande publique, tandis que la fiscalité se devrait d'évoluer en étant incitative
Mettre en place et exiger davantage de traçabilité au cœur des filières...

Il est regrettable de constater ces pertes de matières et l'urgence consiste à capter plus : Deloitte recommande la création d'un contrat d'expérimentation. De la sorte, dans les 5 ans, les recycleurs pourraient traiter 300 000 tonnes de plus, ce qui ne pourrait que générer de la création d'emplois... Nous reviendrons dès demain sur le sujet qui n'a pas manqué de mobiliser les professionnels de tous horizons.