Recyclage et PET opaque : Eco-emballages clarifie sa position
La place qu'occupe chaque jour un peu plus sur le marché cette matière plastique nécessiterait aujourd'hui le développement de nouveaux débouchés, tandis que Ségolène Royal, ministre de l'Environnement, talonne l'éco-organisme en charge de la gestion des déchets d'emballages et exige (ou presque) qu'il mette rapidement (et même très vite) en place un malus dissuasif sur le PET opaque, laissant entendre qu'elle pourrait prendre des mesures visant à l'interdiction pure et simple de cette résine si aucune solution fiable de recyclage n'émerge. Les industriels ayant besoin de visibilité quant au devenir de leurs entreprises apprécieront : on ne peut stopper net une production quelle qu'elle soit sans générer des incidences néfastes, économiquement parlant...
Apparu il y a une petite vingtaine d'années, la production de PET opaque s’est véritablement développé́e à partir de 2010 dans plusieurs secteurs comme l’hygiène, le lait, les jus de fruits ou encore le bricolage et représente aujourd'hui une production de 10 000 tonnes (contre 450 000 tonnes de bouteilles et flacons mis sur le marché́ chaque année), tandis que 5000 à 7000 tonnes par an passent par les centres de tri. 25% plus légère que la bouteille en PEHD, la bouteille en PET opaque permet de réduire la quantité de plastique vierge utilisé; elle ne nécessite pas la présence d’un opercule en aluminium, son bouchon garantissant l’étanchéité de l'emballage. Sa fabrication et son remplissage utilisent une technologie plus efficace que les anciennes bouteilles, ce qui permet une hausse des cadences de production mais aussi une baisse de 20% de la consommation d’eau et de 13% de la quantité d’énergie utilisée dans les processus de fabrication.
Ceci dit, il n 'a pas que des avantages ; les substances opacifiantes utilisées, notamment le dioxyde de titane (TiO2) posent problème: dilué dans les granulés régénérés, il en modifie les caractéristiques, et a tendance à boucher les orifices des machines permettant de produire les fibres synthétiques (puisque tel est son débouché principal). C'est sans compter que les fibres produites à partir de ce plastique s'avèrent cassantes et donc de moins belle qualité. Aussi, il se recycle à petite dose, et avec du PET coloré, dans le cadre de la production de fibres synthétiques, à condition toutefois, de ne pas dépasser 15%. En 2016, le taux moyen d’emballages en PET opaque dans les balles de PET coloré a été de 12% mais avec des pointes allant au-delà de ce seuil. L’enjeu est donc désormais de trouver des solutions techniques pour minimiser le taux d’opacifiants minéraux dans les emballages, et pour développer des débouchés propres à ce PET opaque, afin d’accompagner la progression de son utilisation sur le marché.
Pour répondre à la problématique, Eco-Emballages lance un plan d’actions en 3 axes :
Un programme sur les process de régénération et de recyclage : l’objectif est d’aider les recycleurs à gérer les excédents actuels, à améliorer les process et augmenter le seuil d’intégration du PET opaque.
La recherche de débouchés à valeur ajoutée : Eco-Emballages a mené différents travaux ; une étude confiée en 2016 au CRITT Polymères Picardie a permis de pré-identifier des débouchés pour la matière recyclée. Les premiers essais ont montré un potentiel intéressant dans des produits moussés, des plaques, des panneaux, des profilés et des pièces injectées qui pourraient être utilisés par les secteurs BTP, énergie et automobile. Ces travaux seront prolongés en 2017, par le lancement d’un appel à projets pour valider au niveau industriel les conclusions du CRITT.