Recyclage : Genève prèfère persuader que taxer !
Il y a quelques semaines le canton de Genève annonçait ses résultats en matière de recyclage des déchets ménagers pour 2006. C'était l'occasion de débattre une nouvelle fois sur la particularité de ce canton qui est de ne pas percevoir une "taxe poubelle". En effet, si son taux de recyclage progresse chaque année pour se situer à 41,5% en 2006, il n'en reste pas moins que l'objectif de 45% risque fort de ne pas être atteint cette année, et surtout il s'agit toujours du résultat le plus bas en Suisse. De quoi à s'interroger sur les bons choix à réaliser pour motiver le citoyen à trier ?
La progression du recyclage dans le canton de Genève est régulière depuis 1990. A cette époque 90% des déchets ménagers étaient incinérés . En 2006, sur une tonne de déchets urbains produits, 415 kg sont recyclés contre 585 kg incinérés.
Pour les responsables genevois, il s'agit d'un bon résultat qui a été obtenu grâce aux efforts de la population, des communes et des entreprises. De plus, il s'explique aussi par les investissements réalisés par les communes afin d'améliorer et de multiplier les collectes. Mais, tout d'abord, on constate que la quantité de déchets incinérés est quant à elle restée stable en 2006 : si les déchets urbains en provenance des communes ont connu une forte baisse, elle a été contrebalancée par une augmentation des déchets incinérés produits par les entreprises. Cela signifie qu'à l'avenir, un effort supplémentaire de tri devra être fourni par ces dernières afin que leurs déchets recyclables évitent de se retrouver à l'usine des Cheneviers.
Ensuite, et c'est le point le plus important, Genève est le canton qui a le plus faible taux de recyclage en Suisse. L'explication réside dans le refus d'instaurer depuis de nombreuses années une "taxe poubelle", contrairement à la plupart des régions en Suisse. « Cet impôt qui frappe les consommateurs est injuste: est-ce leur choix si le producteur vend une bouteille d'eau qui n'est pas recyclable?», explique le conseiller d'Etat Robert Cramer. C'est ainsi que la municipalité a tout misé sur la sensibilisation et la persuasion. Cela se traduit par des campagnes d'information, la distribution de documents, l'animation dans les écoles. «Même si le processus est plus long, il est plus durable. Il vaut mieux convaincre que contraindre par le porte-monnaie», ajoute Jacques Dushy Pasquier. «Et Grâce à cette approche, nos déchets sont mieux triés qu'en Suisse alémanique. Car la taxe incite à tricher», affirme-t-il.
Mais, il n'en reste pas moins que les années passent et que Genève ne parvient pas à combler son retard avec le reste du pays qui affiche un taux de recyclage de 51%. Jusqu'à présent, le gouvernement fédéral a laissé faire : «Tant que le taux progresse, le Conseil fédéral nous laissera appliquer cette politique. Dans le cas contraire, la taxe pourrait revenir sur le tapis», déclare Robert Cramer.