Recyclage : Kervellerin ne reste pas dans sa coquille...
Le recyclage est décidément une source d'inspiration inépuisable, mettant toujours en présence des déchets, d'une part, et des intelligences, d'autre part, et ce dans des domaines variés et parfois inimaginables, du moins au départ.
C'est ainsi qu'une association, Perlucine, qui a pour objectif la réinsertion de personnes en difficulté sur le marché de l’emploi, et qui travaille sur plusieurs axes de développement, dont l’élaboration avec les différents acteurs concernés (institutionnels, associatifs et économiques) d'actions visant à réduire la quantité de coquilles d’huitres à partir de gisements parfaitement identifiés s'est vu confier par Kervellerin, la mission de collecter ces déchets issus de l'ostréiculture. Il s'agit d'alimenter une filière de valorisation pérenne et durable, mais également le développement de différents ateliers de production créateurs d’emplois répondant aux besoins des acteurs et du territoire en prenant notamment en compte l’économique : l'association vient de réaliser sa première collecte de coquilles d’huîtres, auprès des entreprises conchylicoles du Tour du Parc, ce lundi 24 octobre...
Pour ce qui est de l'économique, le ciel est dégagé : les coquilles sont aujourd’hui reconnues comme une matière et non plus comme du déchet. Si Perlucine a pour objectif, via des collectes sélectives, de favoriser leur valorisation sur le territoire de la rivière de Pénerf puisqu'on y a identifié trois gisements (entreprises ostréicoles, plages et déchets ménagers/restaurateurs/campings), et ce, en partenariat avec le Comité régional de la conchyliculture de Bretagne-Sud (CRC), c'est bel et bien parce que le débouché est assuré. Les coquilles sont donc regroupées par les conchyliculteurs locaux, puis acheminées vers l’usine de Kervellerin située à Cléguer, lequelle s'est fait une spécialité que de les recycler dans de multiples domaines (industrie, agro-alimentaire, pharmaceutique, cosmétique...). On retiendra que ce type d’initiative est encouragé par la Région Bretagne, qui souhaite développer « l’économie circulaire à impact positif » sur son territoire.
Depuis les années soixante, l'usine morbihannaise élabore ses produits en limitant le recours aux composants chimiques, en engageant une démarche d’éco-conception et en réduisant les dépenses énergétiques pour lutter contre l’effet de serre. Les coquilles d’huîtres servent par exemple, pour la peinture et l’impression 3D.
Depuis lors, la dirigeante explore des pistes pour « tirer vers le haut » ce résidu. Après trois années de R&D, elle met au point un processus industriel aboutissant à la création d’un ingrédient naturel dénommé Ostrécal®, auquel elle trouve plusieurs marchés puisqu'il est commercialisé auprès des fabricants de peinture leur permettant de réduire l’utilisation de composés issus du pétrole ou de l'exploitation des carrières, tout en conservant le même niveau de qualité de leur produit final. Ce produit issu du recyclage trouve aussi preneur sur le marché des matières plastiques : il entre désormais dans la composition d’un filament biodégradable l'Istroflex® pour impression 3D. Distribué par la société Nanovia, cette innvovation résulte d’un travail collectif avec le plateau technique Compositic (université UBS- Lorient), et entend se faire une place sur un marché où le « made in China » règne en maître.