Dans la famille Plastiques, le PVC est sans conteste le membre régulièrement décrié, parce qu’il est accroc au chlore… un gaz qui n’a pas nécessairement la cote… Pour soigner son image, on abandonne progressivement certains additifs dans le procédé de fabrication, et on s’adonne à la collecte et au recyclage des pièces en PVC, en France mais aussi ailleurs au sein de l’Union. Au demeurant, l’an dernier, plus de 260 000 tonnes de déchets de PVC ont été recyclées… Flash back sur 10 ans d’actions
Le PVC est la troisième matière plastiques produite au monde : 250 millions de tonnes de plastiques sont mises sur le marché chaque année, dont 35 millions de tonnes pour le PVC, (dont 550 000 tonnes en France). On l’aime ou on ne l’aime pas mais force est de constater qu’on le trouve dans de nombreux domaines d’importance : le bâtiment, l’automobile, le médical, l’électronique, l’électricité, l’emballage, etc. Une chose est sure : la production de ce plastique assure 80 milliards d’euros de CA par an, tandis que cette industrie emploie 500 000 personnes…
Sa durée de vie, sa belle résistance au feu et sa légèreté sont ses trois atouts. Sauf qu’il n’a pas toujours la cote…
Cela n’a pas empêché ses promoteurs, les industriels producteurs, de prendre une initiative à la fin des années 90 : en 2000, ce fut en effet l’une des premières industries à mettre en place un plan ambitieux doté d’objectifs mesurables (et audités par une instance indépendante) à atteindre sur une décennie. 2010 est donc, non seulement un anniversaire (celui de 10 ans d’actions), mais également l’heure du bilan…
Il était en effet question de collecter et recycler 200 000 tonnes de PVC post consommation en 2010. Mais aussi, de construire un plan de substitution totale des stabilisants au cadmium et d’ici 2015, des stabilisants au plomb. Enfin, un programme de R&D devait compléter cet ensemble afin de travailler sur les nouvelles technologies de recyclage.
On rappellera à cet égard que le PVC n’est aucunement contraint par une réglementation spécifique visant obliger l’industrie à se mobiliser de la sorte. Mais elle y a intérêt. Et elle l’a bien compris… C’est sans doute la raison pour laquelle elle a mis 57 millions d’euros sur la table, une somme consacrée au financement de ce programme en 10 ans.
Alors, comme on dit simplement, elle s’est crachée dans les mains. N’a pas jeté le manche après la cognée et a réussi une performance de qualité : « dès 2003, de nouveaux résultats indiquent que l’engagement volontaire porte ses fruits ; 25% de déchets PVC post consommation en tubes, profilés de fenêtres et membranes d’étanchéité sont effectivement recyclés », indique Richard Thommeret, Porte-parole de l’industrie du PVC pour le programme Vinyl 2010. L'objectif fixé par le programme Vinyl 2010 est volontaire et ne bénéficie d’aucune aide, souligne Richard Thommeret : rien à voir avec le recyclage des déchets prévu dans le cadre des réglementations européennes sur les déchets d'emballage, les véhicules en fin de vie ou encore les DEEE.
260 842 tonnes de déchets à base de PVC ont été recyclés l’an dernier (soit un total de 949 827 tonnes de PVC post consommation recyclées depuis 2000). C’est ce qu’a confirmé l'Industrie européenne du PVC lors d'une conférence récente qui s’est tenue à Brighton (Grande-Bretagne).
« Vinyl 2010 a été un vrai succès et un exemple pratique parfait d'autorégulation industriel. Il n'est pas exagéré de dire que cela a aidé à révolutionner la valeur de l'industrie du PVC en Europe. Cela a permis à notre secteur de rester compétitif tout en correspondant aux besoins de la société. [...] Au final, cela a contribué à la création d'une nouvelle industrie du recyclage à travers l'Europe », a déclaré d’ailleurs Josef Ertl, président de Vinyl 2010.
Les professionnels estiment à 20%, la perte des parts de marché de l’industrie du PVC, si Vinyl 2010 n’avait pas été mis en place… De la même manière que l’on sait aujourd’hui que le PVC peut être recyclé jusqu’à 7 fois, il est entendu que 50% des tubes et profilés sont aujourd’hui en Europe (des 10, ndlr).
La France représente 7 à 10% du tonnage de PVC recyclé en moyenne sur la décennie 2000. L’an dernier, notre pays a recyclé 17 377 tonnes de PVC, contre 10 890 l'année précédente, soit une progression de 59,6% : plus nombreux sont, aussi, les recycleurs à s’intéresser à ce matériau. L'Allemagne continue néanmoins de domine largement le marché du recyclage avec 92 242 tonnes de PVC recyclés l’année dernière, soit 36,2% du total de la filière.
En parallèle, l’abandon progressif de certains additifs favorise évidemment le recyclage du produit. La cadmium a été totalement abandonné, tandis que le remplacement du plomb progresse plus vite qu’initialement prévu : il n’y en aura plus d’ici 2015…
« Aujourd'hui, les objectifs définis par l'industrie lors de la création de Vinyl 2010 sont tous atteints ou dépassés », affirme le groupement qui réunit les quatre associations représentant l'industrie européenne du PVC.
Lorsqu’on demande à Richard Thommeret de parler des réalisations concrètes, il parle sans ambages…
« Plus de 57 million d’euros ont été consacrés au financement des projets au cours de ces 210 années… L’infrastructure de recyclage du PVC en Europe était quasi inexistante en 1999, époque à laquelle le PVC était bien souvent qualifié de « non recyclable ». ? Des statistiques indépendantes comptabilisent pour 2010 un volume important de tonnes de déchets de PVC recyclé…
La création de Recovinyl en 2005 a facilité la collecte, le tri, le transport des déchets mixtes (rigides) de PVC post consommation. Le taux de recyclage a depuis lors, connu une croissance exponentielle sur toute la seconde moitié de la décennie... Aujourd’hui, Recovinyl regroupe un réseau de 150 sociétés en Europe…
Il en va de même avec Epfloor, une structure mise en place pour faciliter la collecte et le recyclage des déchets de revêtements de sol PVC.
Enfin, les investissements de recherche en recyclage ont ouvert des opportunités réelles au secteur. C’est le cas de Vinyloop, une technique de recyclage mécanique à base de solvants permet de traiter les déchets de PVC composites qui ne peuvent être recyclés de façon satisfaisante par technique de broyage »…
De fait, cette technique par solubilisation sélective dans un solvant, assure le traitement des déchets de PVC composites qui ne pourraient être recyclés autrement. Aujourd'hui, les déchets de câbles électriques et des bâches armées sont les sources d'entrée dans le processus... On trie par type de produit afin de maîtriser la formulation finale. On sépare les élements autres que le PVC (notamment les métaux) avant de recycler...
Alors !?
Et bien, on continue, on va plus loin, on se fixe des objectifs encore « plus ambitieux à l'avenir », avec un nouvel engagement volontaire, VinylPlus, qui sera présenté en juin prochain.
« D’ores et déjà, la reconnaissance accrue par le marché de la valeur du PVC recyclé, le soutien des pouvoirs publics et des autres parties prenantes pour éviter une mise en décharge des déchets de PVC contribueront également à la réussite du futur programmé », confirme Richard Thommeret pour conclure.