Recyclage: Limoges s'offre un bitume écologique
La ville va expérimenter de nouveaux procédés écologiques pour le réaménagement de l'avenue du Général Martial Valin, entre la place Henri Queuille et la rue Santos Dumont. Le principe d'aménagement retenu pour ce chantier est de réserver (dans les deux sens de circulation) exclusivement aux véhicules de transports en commun l'une des deux voies de circulation, qui sera ensuite matérialisée par un revêtement coloré. L'entreprise Eurovia (Groupe Vinci) a été désignée pour effectuer ces travaux, qui ont débuté cette semaine...
La solution technique retenue par Limoges Métropole consiste en un recyclage en place de la structure de chaussée. Cette dernière va alors être rabotée sur une profondeur moyenne de seulement 7 cm (contre 20 cm ordinairement) ; les résidus de rabotage sont ensuite stockés sur une plateforme de recyclage pour une utilisation ultérieure. Puis, la structure actuelle de la voie lente (future voie bus) va être régénérée par la technique dite de "recyclage en place à froid" des matériaux de chaussée, qui permet de valoriser les matériaux de la chaussée existante par apport complémentaire d'un mélange de bitume et d'eau. Cette technique nécessite un temps de maturation d'environ 3 semaines, afin que l'eau présente dans l'émulsion puisse naturellement s'évaporer. Passé ce délai, le nouveau revêtement de chaussée pourra alors être mis en oeuvre.
Cette solution technique a l'avantage d'être écologique tout en étant économique : elle est axée non seulement sur la valorisation des déchets de chantiers, mais aussi sur la diminution des matériaux d'apport (protection de la ressource). Par ailleurs, la remise en circulation rapide sur les voies traitées et les durées d'intervention réduites permettent une diminution notoire de la gêne causée aux usagers de la voie. Enfin, la réduction des apports de matériaux permet aussi de réduire d'une façon significative le flux des véhicules de chantier, la gêne causée aux riverains des axes concernés est donc moindre.
Courant mai (après le temps nécessaire à la maturation des matériaux recyclés) devrait intervenir la réalisation de la couche de roulement en enrobés tièdes, sur la totalité de l'emprise de la chaussée. La spécificité de cette technique réside dans les températures relativement basses (inférieures de 30°C par rapport aux températures habituelles) auxquelles sont fabriqués et mis en oeuvre les matériaux enrobés. Ce procédé déjà utilisé pour le boulevard des Arcades et pour la chaussée de la rue du Président Kennedy, présente lui aussi de nombreux avantages :
outre le gain énergétique apporté par les températures moindres de fabrication (20% environ), les émissions de gaz sont réduites, diminuant de plus de 20% les rejets dans l'atmosphère et contribuant ainsi également à l'amélioration des conditions de travail pour les intervenants du chantier ;
une remise en circulation plus rapide des véhicules sur la voie grâce à un temps de refroidissement de la chaussée plus court est alors rendue possible ;
enfin, la réduction des émissions de vapeur d'eau diminue nettement par temps de pluie les "fumées" lors de la mise en oeuvre et améliore ainsi la sécurité du chantier.
Dernière phase d'aménagement : afin de permettre aux usagers de mieux identifier les voies de circulation dédiées aux véhicules de transports en commun (et aux deux roues non motorisés), la chaussée sera revêtue d'un enduit monocouche de couleur beige, qui présente des caractéristiques anti-dérapantes très élevées offrant une grande sécurité de circulation.
Le montant des travaux de voirie (700 mètres de voies traitées soit une surface de 7 500 m² de chaussée) s'élève à 650 000 euros. Ce coût prend en compte les économies réalisées grâce à l'association de ces différents procédés soit un gain financier de l'ordre de 20 à 25% par rapport à un chantier classique. A ces travaux s'ajoutent les frais inhérents à la rénovation de l'éclairage public et à l'implantation des supports caténaires (extension de la ligne de trolley-bus), portant le montant global de l'opération à 1 080 000 euros. A l'arrivée, les nouveaux procédés écologiques utilisés à titre expérimental pour ce chantier auront permis de réduire de 57% les émissions de GES, et de 65% les quantités de granulats qui auraient été nécessaires à la réalisation de techniques classiques.