Recyclage mobilier : le réemploi, parent pauvre de la filière
Orchestrée par les grandes chaines d’ameublement à bas coûts, nous consommons de plus en plus et changeons de mobilier au fil des saisons, des déménagements, des petits moments de la vie. Là où nous achetions, il y a encore peu, un salon ou une cuisine pour une vie, nous sommes passés au tout jetable. Malgré une légère baisse en 2012, le marché du meuble est tout de même estimé à 9,54 milliards d’euros en France (source : FNAEM). "Est-ce parce que les habitudes évoluent que le marché s’adapte. Où serait-ce l’inverse ?", s'interroge Dominique Munier, DG de Troc Europe (voir notre article), dans une tribune libre...
Depuis ce 1er mai, une nouvelle éco-contribution concernant les DEA (Déchets d'Eléments d'Ameublement) vient de faire son arrivée. Son objectif : penser et organiser l’après consommation des meubles, à savoir leur collecte et leur recyclage, au même titre que ce qu’a connu l’électroménager il y a quelques années (filière D3E). "Toute une filière s’est donc mise en place pour organiser ce recyclage passant par la destruction de l’objet. Le recyclage a été interprété uniquement d’un point de vue non polluant", indique M. Munier. "Pourtant des filières déjà existantes auraient pu s’intégrer à ce processus, apportant la touche sociale et sociétale à cette éco-taxe".
Le meilleur recyclage n’est-il pas, avant tout, le réemploi ? Dans un contexte de crise tel que nous le connaissons, le réemploi passe par le don, la revente, la restauration ou le rachat d’objets anciens. Luttant contre l’obsolescence programmée, tellement à la mode de nos jours, cette filière est constituée de professionnels du monde associatif et de l’entreprise. Elle s’attache à redonner vie à des meubles car cela permet aussi de donner une autre dimension aux objets et à ceux qui les achètent, les bricolent, les customisent...
"Pour ce faire, l’ensemble de la filière doit être prise en compte. Il est vrai qu’un meuble en kit et en mélaminé ne peut être monté et démonté à l’infini. Serait-ce le symbole de ce que nous appelons pudiquement 'une manière de pousser à la consommation' ?", se demande Dominique Munier. "Associer une offre de recyclage par le réemploi au processus mis en place aurait été possible : des acteurs du monde associatif et de l’entreprise existent. Il s’agit d’un autre marché, d’une autre alternative, qui n’a pas pour vocation de détruire son principal fournisseur : le marché du neuf", conclut-il.
Cet article est à lire en complément de notre précédente dépêche : Déchets mobiliers : c'est parti pour l'éco-participation.