Recyclage papier : l'Etat est loin d'être exemplaire
Alors qu'une convention visant à collecter et recycler davantage les papiers de bureau vient d'être signée (voir notre article), le WWF France et Riposte Verte publient le PAP50 Public qui évalue la politique d’achat, consommation et recyclage du papier de 50 grandes institutions publiques et administrations françaises. Cette étude révèle que même si une majorité d'entre elles ont formalisé une politique papier, il existe encore un écart considérable entre les objectifs fixés par le Grenelle Environnement et les performances constatées...
Après avoir passé au crible la politique papier de 50 grandes entreprises en 2010 (voir notre article), le Comité PAP50 (WWF/Riposte Verte) a cette fois-ci analysé celle de 50 grandes institutions et administration françaises (Elysée, les services du Premier Ministre, 12 ministères, 22 régions, les 10 plus grandes villes françaises et 4 organismes publics ou semi-publics) concernant leur consommation de papier, la proportion de papier responsable utilisée et les actions mises en place pour optimiser le recyclage dans leurs bureaux.
Dans le secteur tertiaire en France, seulement 1 papier sur 5 est recyclé. Plus préoccupant, dans le bilan 2010 du Plan "Etat Exemplaire", qui mesure les performances des institutions face aux objectifs fixés dans le cadre du Grenelle, la partie recyclage n'est pas traitée, faisant craindre qu'aucun indicateur n'ait été mis en place. "Le recyclage permet pourtant de créer de l'emploi non délocalisable à travers les filières du tri et de la collecte. De plus, le papier recyclé a un bilan environnemental meilleur que le papier fibres vierge", souligne le Comité. En outre, ce dernier relève le manque de transparence et d’implication des représentants publics. En effet, 1 administration sur 2 a refusé de répondre à cette étude y compris les services de la Présidence, du Premier Ministre et plus curieusement le MEDDTL. Les non-répondants ont alors été notés en fonction de la documentation publique accessible sur la politique papier.
Sur les 50 grandes institutions et administrations publiques françaises enquêtées, seules 11 institutions et administrations dépassent la moyenne (51,5 sur 100). De plus, les objectifs sur le papier définis dans la circulaire "Etat exemplaire" relative au Grenelle Environnement n’ont dans l’ensemble pas été atteints, puisque seulement 2 ministères réussissent à valider les 3 objectifs du Grenelle concernant le papier. "Le secteur du papier est pourtant l’un des plus matures concernant la consommation raisonnée, l’achat responsable et le recyclage. Si les objectifs Grenelle ne sont pas tenu concernant le papier, qu’en est-il pour les secteurs encore moins matures ?", s’inquiète Serge Orru, DG du WWF France.
Les résultats de l'étude démontrent toutefois que tout n’est pas si noir et que des acteurs ont déjà des politiques papier exemplaires. A ce titre, la note moyenne du PAP50 public obtenu par ceux qui ont répondu est meilleure que celle du PAP50 Entreprises de 2010 (51,5 sur 100 contre 43 sur 100). On peut d'ailleurs féliciter le Ministère des Affaires Etrangères et Européennes, le Conseil régional ds'Ile-de-France, Pôle emploi et la ville de Strasbourg, qui démontrent qu’il est possible d’avoir une politique papier exemplaire quel que soit le type d’institution (ville, conseil régional, ministère...). "Chaque institution a reçu des recommandations personnalisées qui devront être mises en place pour améliorer la gestion du papier dans le secteur public", indique Valéry Hergott, Directeur de Riposte Verte et membre du Comité PAP50.
Pour information, suite à la convention signée ce lundi au MEDDTL (consultable ici), les professionnels de la collecte et du recyclage de papier bureau se sont engagés à collecter 200 000 tonnes de papiers de bureau supplémentaires d’ici 2015. Cela passe par la captation d’un gisement jusqu’ici peu exploité : celui des petites entreprises et administrations, ainsi que par le renforcement du tri à la source : actions de sensibilisation et d’accompagnement auprès des entreprises tertiaires et des collectivités, formation des personnels en charge de la collecte... Autre engagement : développer une filière française de recyclage et de valorisation structurée et performante en privilégiant notamment un approvisionnement de proximité des usines localisées en France et en renforçant la coordination entre tous les acteurs territoriaux concernés. Enfin, il est prévu de mettre en valeur les produits "grand public" obtenus à partir du recyclage effectué en France pour encourager l’achat de produits recyclés. L’Etat s’engage notamment à augmenter la part du papier recyclé au sein de la commande publique.
De son côté, suite à la publication de son étude, le Comité PAP50 demande la mise en place d’actions nouvelles ou correctives par les institutions et administrations publiques afin de maîtriser l'impact du papier sur l’environnement. Il préconise notamment de mettre en place une politique formalisée de recyclage de tous les papiers et documents de communication et fixer des objectifs ambitieux, d'instaurer un partenariat avec une entreprise reconnue dans la collecte sélective du papier, ou encore de mettre en place des poubelles dédiées dans tous les bureaux ou créer des points d'apport volontaire. Autres recommandations : former les agents au recyclage pour augmenter le taux de papier valorisé, et mettre en place une communication particulière auprès du public et/ou apposer des mentions environnementales claires sur tous les documents de communication pour augmenter leur tri et recyclage.
Pour plus d'informations, vous pouvez consulter/télécharger le rapport complet PAP50 Public ; rendez-vous ici.