Recyclage plastique : ce n'est « pas la joie » pour Sorepla
Sorepla... un nom, une renommée, une entreprise soutenue depuis des années par Eco-emballages, Valorplast, Elipso, Sorema, Petcore, EuPR... est aujourd'hui en difficulté.
L'entreprise, créée en 1991 « grâce à une initiative individuelle, confortée par l'ex-groupe BSN, a débuté son activité sur des bases incertaines, sans client attitré, mais avec des fournisseurs disséminés ». Dès l'année suivante, un constat s'impose : les premières productions relevaient encore de l'artisanat : le travail sur les plastiques en mélange n'allait pas durer.
Grâce à de lourds investissements, on met le cap sur le PEHD : mais les ressources en matières premières s'avérant incertaines et les résultats du lavage à froid non concluants pour les industriels utilisateurs en aval, le fondateur, dont la trésorerie et les moyens restaient limités, doit ouvrir son capital en 1998, et céder la majorité de ses parts, sous la pression de Valorplast (qui travaille à l'ombre de Eco-emballages) à Envipco, un groupe d'origine américaine.
Quelques années plus tard, nous sommes au début des années 2000, on assiste à l'avènement du PET dans l'industrie de l'emballage des eaux minérales : ceci constituant cela, un nouvel essor est en ligne de mire pour Sorepla Industrie, les Vosges étant l'un des territoires pourvoyeurs d'eaux minérales bien connues.
Le site de Sorepla est alors adapté à cette nouvelle donne : « le lavage à chaud donne les résultats escomptés par l'ensemble des industriels de la fibre haut de gamme (hygiène) et de l'emballage ». Des installations permettant une capacité de traitement (inégalée en Europe à cette période) pouvant atteindre 55 000 tonnes par an sont opérationnelles.
2008 est une date d'importance pour les recycleurs et renforce l'idée que l'avenir ne peut être que bénéfique: le règlement européen 282/2008/CE autorise en effet le plastique recyclé à entrer au contact de produits alimentaires, ce qui conforte les belles perspectives du rPET, qui ne peut plus être boudé par l'industrie agroalimentaire. Dans la foulée, « l'objectif de recyclage de 75% des emballages ménagers à l'horizon 2012, issu du Grenelle de l'environnement a permis de faire évoluer la gamme de produits vers le rPET décontaminé et de se doter des équipements nécessaires pour répondre aux besoins de ces nouveaux marchés ».
Dans ce contexte porteur, Sorepla a adapté son outil industriel afin de proposer un niveau de qualité conforme aux exigences de ses clients, quelles que soient les fluctuations de qualité des gisements d'emballages plastiques, afin de répondre aux besoisn de ce nouveau marché, puisque les plus grands producteurs de boissons ont choisi d'incorporer un pourcentage significatif de PET recyclé dans la fabrication de leurs bouteilles. En relativement peu de temps, les besoins exprimés ont été décuplés, voire difficiles à atteindre pour satisfaire les clients, tant la demande est importante. Si une partie des ventes est destinée au marché français (entre 10 et 20% selon les années, entre 2006 et 2010), l'essentiel de la production trouve preneur à l'export, sur le marché européen.
L'usine (certifiée Iso 9001 et 14 001) transforme les déchets d'emballages plastiques en paillettes ou en granulés de PET et de PEHD, lesquels sont destinés aux industries utilisatrices qui les transforment en bouteilles, flacons, tubes, films, feuilles, mobiliers urbains, fibres synthétiques utilisées dans la confection d'édredons ou de moquettes destinées au secteur automobile ...
Au coeur de l'usine, on pratique lavage à chaud, tri automatique des éléments ferreux et non-ferreux, détection automatique par infrarouge (grâce aux technologies Pellenc & Tomra), pièges magnétiques, tri automatique sur paillettes (Sortex), système de décontamination des granulés via extrudeuse Erema, système de décontamination des paillettes et granulés via SSP Bühler...
Tout est conforme au cahier des charges du client : taux d'humidité, granulométrie, niveau de pureté... La traçabilité est de mise, tout comme le contrôle qualité, effectué sur chaque tonne produite, en continu sur les chaînes de fabrication et au laboratoire qualité.
Pour autant, l'entreprise a besoin d'aide. L'entreprise, qui a été présentée pendant plusieurs années comme le fleuron du recyclage plastique en France, qui employait récemment encore environ 90 personnes, bat de l'aile. Depuis 2011 en effet, elle subit un revers sévère de fortune : l'activité recule, la rentabilité se détériore, des tensions sociales font leur apparition, un plan de sauvegarde de l'emploi est mis en place, ce qui n'empêchera pas malheureusement, le licenciement de 19 salariés au total, à fin 2013.
2014 : Envipco vend Sorepla pour un euro symbolique.
2015 : les actionnaires actuels ont besoin de renfort, de partenariats solides afin de sortir de l'ornière et de re mettre en valeur un évident savoir-faire.