D’aucuns, peut être lassés de se faire pomper beaucoup trop de fric, ont imaginé recycler des déchets plastiques en essence. Et figurez-vous que ça marche. Les grandes compagnies pétrolières ne seront peut être pas Totalement satisfaites, surtout si les procédés passent les frontières et arrivent jusqu'à nous, mais … on peut rêver. Le pétrole coûte cher ; les déchets plastiques ne sont que du pétrole transformé et, comme de par chez nous tout est lourdement taxé, on ne peut que saluer les réflexions visant à recycler tout en produisant, un carburant meilleur marché...
Les prix à la pompe sont euphoriques, et plus encore, au vu de la valse des étiquettes, tandis que le consommateur de carburant déprime. Forcément. Surtout chez nous où les taxes vont bon train… D’où l’idée de transformer les déchets plastiques en essence… Ingénieux n’est-il pas ?... Ne soyons pas sceptique : ça roule !!!
Le nouveau professeur Tournesol est Indienne. Alka Zadgaonkar, responsable du département de chimie à Nagpur a trouvé dès 1995, un moyen bon marché pour transformer des déchets de plastique en pétrole, sans pertes et sans pollution.
L’Inde est un pays en pointe au niveau technologique : avec ses 30% de taux de croissance dans le domaine des technologies de l’information, elle est l’un des pays les plus prometteurs dans bien des domaines scientifiques.
Par ailleurs, chacun sait que la matière plastique provient de la transformation des hydrocarbures. La différence tient dans le fait que la chaîne moléculaire du plastique est plus longue que celle des hydrocarbures. Pour atteindre le but recherché, cette scientifique a trouvé le moyen de casser cette chaîne, afin d’obtenir des segments plus petits. Le résultat obtenu est pour 80% des hydrocarbures liquides, 15% de gaz, et 5% de résidus de charbon (coke). Ces derniers sont utilisés pour l’incinération, tandis que les hydrocarbures serviront de carburant.
L’IOC (Indian Oil Corporation) a évalué le processus, testé les produits qui en résultent et présenté un rapport en mars 2003, suivi en juin suivant, d’un protocole d’entente entre l’administration et Alka Zadgaonkar.
« Le procédé demande à être optimisé, mais çà marche », assure Niranjan Raje, directeur de la branche recherche et développement de l’IOC. Dans ce contexte, la jeune femme a pris contact avec C.Slate Bank of India, la plus grande banque de l’Inde et obtenu une aide financière qui va permettre de développer le procédé sur une grande échelle (voir cet article). A n’en point douter, il s’agit là d’une bonne nouvelle pour elle et pour sa ville de Nagpur qui produit 60 tonnes de matières plastiques par jour...
Imaginons... Et si un jour, les 150 millions de tonnes de plastique produites chaque année, pouvaient être transformés en carburant, à un tarif on ne peut plus raisonnable ?
Pensez : en 2004, déjà, l’Amérique du Nord a consommé 28 milliards de bouteilles de plastique, autant d’emballages qui ont nécessité pour leur fabrication, 17 millions de barils de pétrole… On imagine sans peine l’impact d’une telle invention une fois qu’elle aura été peaufinée…
d'autant que Alka Zadgaonkar a estimé que le prix de revient avoisinerait, toit mis bout à bout, les 20 cts d’euros le litre…
En France, il semble qu’on ait opté pour le scepticisme. Jean François Gruson, directeur adjoint aux affaires économiques de l’IFP (Institut Français du Pétrole) , a épluché le brevet avant de déclarer qu’ «il s’agit d’un document plutôt pauvre en informations, qui décrit un appareil de laboratoire, une sorte de catalyseur- mais laisse en suspens tout un tas de questions : quels sont les bilans de matières employées, ou sont les descriptions thermiques ?...Bref, je ne vois pas comment on pourrait créer une unité de raffinage à partir d’un tel brevet (…) pour notre part, nous travaillons plus sur la façon de fabriquer des plastiques neufs à partir de matières usagées » (Pour en savoir plus, voir ici).
Ailleurs, en revanche, on a pris l’affaire au sérieux.
Ainsi au Japon, le chercheur, Akinori Ito de la Blest Corporation, a inventé une petite machine qui transforme le plastique en pétrole. 1 kilo de déchets plastiques devient 1 litre de pétrole, en utilisant 1 kilowatt d’électricité, et ceci sans émission de CO2. L’engin utilise une chaleur contrôlée, sans flamme et peut traiter du polyéthylène aussi bien que du polypropylène ou du polystyrène.
Sa machine est petite, ce qui évite la création d’une usine et permet une utilisation directement par le consommateur. Et puis, elle évite l’incinération du plastique, qui lorsqu’elle est pratiquée dans de mauvaises conditions, conduit à des émissions de dioxines avec les effets fâcheux que l’on sait. Sans compter que pour la faire fonctionner, rien n’empêche d’utiliser l’énergie photovoltaïque, c'est-à-dire celle de la lumière, qui permet de transformer celle-ci en électricité, d’autant que d’énormes progrès viennent d’être réalisés dans ce domaine, avec les panneaux Graetzel. Ce nouveau procédé photovoltaïque, au lieu d’utiliser du silicium amorphe, s’inspire de la fonction chlorophyllienne des plantes, pour proposer des panneaux souples et transparents, en utilisant de l’oxyde de titane.
Une équipe américaine, dirigée par le professeur Guozhong Cao a récemment amélioré encore, ce procédé en doublant le rendement des cellules Graetzel, pour un prix de revient toujours plus bas (Voir notamment, cette information).
L’Europe ne suit pas la voie exprimée par la France...
Une usine a ouvert ses portes à Berlin pour transformer les déchets plastiques en gasoil. Ce procédé, importé d’Australie, est développé par une société Hollandaise « EnvoSmart Technologie » et repose sur le principe de la pyrolyse. Les plastiques sont brûlés ; ils dégagent de ce fait, des gaz qui sont condensés en liquide baptisé par les inventeurs du procédé « Envofuel ». La partie solide restante peut être utilisée pour le revêtement des routes. Via ce procédé, il paraît qu’on peut faire 1 litre de gasoil avec 1 kilo de plastique (tandis qu’il faut plus de 2 litres de pétrole pour faire un kilo de polystyrène). Voir ici pour compléter.
La Suède, puis la Pologne se sont lancées, bientôt suivies par les Pays-Bas, le Luxembourg, la Belgique, l’Italie, le Danemark, la Norvège, la Slovaquie, la République Tchèque, la Lettonie, l’Estonie et la Lituanie. Lire cet article.
Plus récemment, une filiale de Suez Environnement, Sita UK, associée à Cynar Plc a annoncé (pour compléter, lire ici) la possibilité de transformer à l’échelle commerciale le plastique en carburant pour diesel. Au demeurant le communiqué publié l’entreprise affirme que « chaque usine est conçue pour assurer la conversion de quelque 6000 tonnes de déchets plastiques mixtes par an (…) chacune devrait produire plus de 4 millions de litres de combustible diesel (…) ce processus de valorisation des déchets plastiques devrait conduire à un coût inférieur à celui du diesel normal ».