Recyclage plastique ... un pas de plus, en avant...

Le 29/03/2017 à 15:24  

Recyclage plastique ...  un pas de plus, en avant...

Chaussure de ski Le groupe français Armor change progressivement mais résolument de trajectoire et souhaite peu à peu imposer le plastique recyclé de qualité dans l’impression 3D, l'un de ses domaines d'activités. Il propose depuis 2016 un filament incorporant 30% de matière recyclée et va plus avant, en 2017, grâce à un élastomère utilisé pour la fabrication des chaussures de ski, récupérées une fois arrivées en fin de vie : les premiers tests étant on ne peut plus concluants, l'industriel est prêt à passer à l'étape suivant : commercialiser dès avril prochain, un tout nouveau filament issu à 100% du recyclage. Retour sur les fruits d’une créativité responsable...

 Basé à Nantes et fort de 1850 salariés, le groupe Armor s’est spécialisé au fil des années dans le transfert thermique pour l’impression sur les emballages et les étiquettes code-barres. En 2015, elle a également lançait OWA, une marque qui recycle à 100% les cartouches laser. Surfant sur cette démarche, la firme a décidé de développer une offre similaire pour le marché de l’impression 3D avec une première gamme de filaments recyclés et recyclables pour imprimantes 3D.


Pour produire ses filaments 3D OWA en polystyrène recyclé, l'entreprise a tout d'abord organisé la récupération de ses cartouches d'impression laser auprès de ses clients, afin de les reconditionner dans son usine de remanufacturing, située à Casablanca au Maroc. Sauf que l'on ne peut reconditionner ces produits indéfiniment et qu'à un moment donné, ils deviennent des déchets ; aussi, on a initié une activité de démantèlement pour toutes ces cartouches qui ne pouvaient plus redevenir cartouches. Leur démantèlement permettant de trier les matières par familles, il a été décidé que le polystyrène contenu dans ces déchets allait être utilisé pour l'impression 3D, cette nouvelle manière de considérer le déchet permettant « de réduire de 30% l’impact environnemental en émissions de CO2 par rapport à un filament vierge ». Le hic, est que ce polystyrène choc n'existe qu'en noir...

Changement de trajectoire : la matière est envoyée à des partenaires qui fabriquent en France, des bobines, qui sont d'ailleurs désormais proposées en version 100% recyclées.
Avec en parallèle, la quête de polystyrène en version blanche : les producteurs français de pots de yaourts ont été approchés afin de les délester de leurs rebuts de fabrication...
Peu de temps plus tard, les process de fabrication ayant été modifiés en conséquence, Armor était en mesure de proposer des filaments blancs, introduisant dans leur fabrication 30% de matière recyclée (l'objectif étant d'atteindre les 100%, à terme).

Le projet né en 2015, aboutit en octobre 2016 : Armor lançait en effet sur le marché un filament d'impression 3D à la fois recyclé et recyclable. Six mois plus tard, on franchit une nouvelle étape d'importance la première gamme réalisée en polystyrène (PS) vient s’enrichir de nouveaux matériaux, le PLA-HI et le TPU-R, des matières performantes, souples, esthétiques, qui permettront à l’offre OWA de couvrir désormais toutes les imprimantes 3D en vente sur le marché.
L'industriel est en mesure en effet, d'utiliser un plastique utilisé dans la fabrication des chaussures de ski, pour créer un matériau de compétition : le TPU, un élastomère souple et résistant.
Recyclé sous forme de filaments 3D, le TPU possède ainsi une grande élasticité, propice au design et à l’impression d’objets requérant ce type de propriété. Une conception basée sur le recyclage, qui est aussi celle des filaments PLA-HI mis au point dans les laboratoires d’Armor. Ce type de filament, à impact renforcé biosourcé, garantit une très grande résistance des pièces qu’il sert à imprimer...
« Nous avons recours aux compétences d'un centre employant des personnes handicapées qui démontent les chaussures de ski en fin de vie, récupérées auprès des loueurs d'équipements de ski, ce qui permet le tri par matière. Une fois cette étape franchie, nous récupérons le TPU, après que notre fournisseur ait pratiqué le broyage de ce TPU. Armor procède alors à la granulation de cette matière première à partir de laquelle nous produirons un fil de qualité. Le matériau se révèle être très intéressant : les premiers retours tests étant très favorables parce que la qualité technique est jugée irréprochable, nous lançons la commercialisation de ce nouveau filament 100% issu du recyclage, courant avril », nous explique Pierre-Antoine  Pluvinage, directeur du développement Armor 3D Printing, qui précise aussi que « la variété des coloris utilisés pour la fabrication de ces chaussures, nous permet de bénéficier des cinq grandes familles de couleurs, ce qui multiplie d'autant les possibilités d'utilisation »...
A la question de savoir s'il a été nécessaire de modifier les process en profondeur, la réponse de Pierre-Antoine  Pluvinage est Oui : « nous avons longuement travaillé en interne afin d'adapter notre process de production ; il est plus difficile en effet de travailler une matière recyclée car ses caractéristiques premières sont altérées. Or, nous devons fournir un matériau répondant strictement au cahier des charges de nos clients, lesquels ont les mêmes exigences qu'avec un produit fabriqué avec de la matière vierge »... « Le département R&D, qui occupe 40 personnes en permanence, fait partie des moteurs de notre entreprise qui investit de longue date pour mettre au point des nouveautés dans notre domaine d'activités. Le recyclage est désormais pour nous, une piste de réflexion à part entière »... ce qui laisse entendre que l'on ne s'arrêtera pas en si bon chemin.

  Avec ces deux nouveaux filaments 3D, OWA Armor se positionne en qualité de fournisseur de consommables à même de répondre aux besoins d’un marché de haute technologie, en intégrant le recyclage pour proposer des filaments de qualité, techniques et faciles à utiliser (sans plateau chauffant pour le TPU-R et le PLA-HI) s’adressent à la fois aux industriels, aux makers, fablabs et autres utilisateurs d’impression 3D. Au-delà de la France, de l’Angleterre et du Japon, les filaments 3D OWA sont désormais disponibles au Canada via un partenariat privilégié récemment mis en place.

PS issu d'une collecte spécifique, TPU-R, PLA-HI... la technologie OWA tient sa ligne de conduite : une participation active aux mutations technologiques de la troisième révolution industrielle, avec au cœur de cette révolution, des matières recyclées pour permettre l’impression de produits finis. « Rien ne se perd, tout se transforme, c’est bien là le slogan que nous nous sommes donné, et ce grâce à l'impulsion fournie par notre PDG, Hubert de Boisredon : la conception de produits éco-responsables comme véritable moteur de créativité et d’innovation », conclut Pierre-Antoine Pluvinage.