Recyclage : que fait-on de nos emballages ?
Un constat s’impose : 18% de nos déchets ménagers sont réutilisés en moyenne. Or, il est convenu de considérer que le recyclage permet d'économiser les ressources naturelles en faisant maigrir les poubelles, ce qui passe par le tri. La Semaine nationale de réduction des déchets, qui se termine ce dimanche, est l'occasion d'afficher notre retard en ce domaine, et de rappeler que tous les emballages ne sont pas égaux en matière de recyclage.
Chaque année, 4,5 milliards de briques alimentaires sont vendues en France, selon le groupe d'emballages Tetra Pak. A ce jour, 75 % de la brique est recyclable : le carton est réutilisé pour fabriquer des essuie-tout, du papier toilette, du papier cadeau ou des plaques de plâtre. Au premier semestre 2008, les 25 % restants (le polyéthylène et l'aluminium) devraient pouvoir être réutilisés pour fabriquer des intercalaires de palettes, des ardoises et des poteaux. Problème : "Moins d'un tiers des briques sont jetées dans la poubelle jaune alors que nous avons la capacité de tout recycler", regrette le directeur environnement de Tetra Pak, Patrick de Noray.
Les boîtes de gâteaux et autres céréales en carton se recyclent une dizaine de fois en papier carton si elles sont correctement triées et non polluées. Mais l'utilisation de certaines encres ou encore l'excès de colle peut entraver le processus de recyclage. Ces tonnages de papier carton sont la plupart du temps réutilisés pour refaire des emballages et, selon le magazine LSA, des marques comme Skip, Materne, Bresse Bleu ou Banania utilisent déjà du carton recyclé...
Six bouteilles et bocaux en verre sur dix sont jetés dans les containers prévus à cet effet (contre neuf sur dix aux Pays-Bas, en Suède ou en Allemagne). C'est beaucoup mais pas assez. La bouteille de verre a, pour des raisons liées à son transport, un impact important sur l'environnement : dans son cycle de vie, un récipient d'un litre émettrait 250 grammes de dioxyde de carbone (CO2), contre 90 g pour la brique alimentaire, selon diverses études allemandes publiées en 2006. Quel est alors l'intérêt de recycler ?, se demandent les partisans de la consigne… Mais le verre est exemplaire puisqu’il peut être recyclé à l'infini sans perdre ses propriétés. Aujourd’hui, dans notre pays, une bouteille sur deux est fabriquée à partir de matière recyclée.
Quand elles sont mises dans la poubelle jaune, les boîtes de conserve en acier finiront "dans les hauts fourneaux pour être refondues puis devenir diverses pièces automobiles, par exemple", explique Marie-Luce Grimault, de la Collective de la conserve. Quand elles ne sont pas triées et atterrissent dans la poubelle verte, les boîtes peuvent être récupérées dans le mâchefer issu du processus de l’incinération. Au pire, elles peuvent atterrir en décharge, et rejoindre 40 % de nos déchets ménagers. Aujourd’hui, seule un peu plus de la moitié de ces boîtes en acier (54,4 %) sont actuellement recyclées.
Côté barquettes en aluminium, la situation est déplorable puisqu’un grand nombre d'incinérateurs ne disposent pas du matériel capable de détecter l'aluminium et de le séparer. Mises à part quelques rares zones en France, ces emballages ne sont pas triés par les foyers, qui n'en ont pas reçu la consigne. Résultat, à peine 35 % des emballages en aluminium sont recyclés.
Les bouteilles et flacons en plastique sont les seuls emballages en plastique retraités en France, et ce uniquement s’ils sont déposés dans la poubelle jaune. L’emballage en question sera fragmenté en paillettes puis transformé en fauteuil de jardin, en pull polaire (27 bouteilles sont nécessaires), en tubes, tuyaux, revêtements de sols ou autres flacons non alimentaires.
Le reste des produits plastiques contenus dans les déchets managers (pots de yaourt, boîtes et barquettes, films transparents qui recouvrent les packs de bouteilles) ne connaissent pas le recyclage (quand bien même ils cotisent au Point Vert), faute de filière viable. "Il n'a pas été considéré comme nécessaire de les collecter séparément", confirme Alain Geldron, chef du département recyclage à l’Ademe. Cela vaut pour les sacs en plastique, les barquettes en polystyrène et autre étui emballant les portions individuelles. Au final, un emballage en plastique sur cinq est recyclé dans notre pays, contre un taux de quasi 100% en Allemagne.
D’où la nécessité d’acheter autrement, et de pratiquer le caddy intelligent qui permettrait de diviser par deux la quantité de déchets. Il suffit de troquer son essuie-tout pour un torchon en tissu ; ses lingettes pour une serpillière ; les petits conditionnements au profit des grands ; d'éviter les doses individuelles ; de fuir l'eau en bouteille... et de retourner au marché plutôt que de continuer à fréquenter de façon assidue les hypermarchés.