Une mini révolution serait en marche : un logo picto tout nouveau est officiellement sorti de sa boite le 1er janvier. Il sera progressivement apposé partout où cela sera nécessaire. Le but de cette réforme consistant à améliorer le tri en France en simplifiant la lecture des emballages pour les consommateurs, afin de savoir précisément si un produit peut ou non être recyclé. A terme, le petit bonhomme Triman devrait tout simplement se substituer « au fameux Point Vert, né avec Eco-emballages, lequel signifiant que l’entreprise proposant un produit a bel et bien payé son obole et non que le produit est recyclable ou simplement fabriqué à partir de recyclé ». Au demeurant, le Cour des Comptes, elle-même a admis que ce logo vert entretiendrait la confusion, puisqu’il n’a rien à voir avec une quelconque consigne de tri, ce qui génèrerait des erreurs de tri des déchets.
Issu du Grenelle de l'Environnement, la naissance de Triman était initialement prévue pour 2012. Sauf que les industriels ont fermement renâclé (notamment dans le secteur de l’ameublement), invoquant son coût, sans compter le fait que ce nouveau logo à apposer sur les emballages allait encore et immanquablement compliquer la signalétique du tri.
« Tout metteur sur le marché de produits pouvant faire l'objet d'un recyclage de manière effective (....) informe le consommateur par une signalétique commune, que ceux-ci relèvent d'une consigne de tri », précise le décret paru au Journal Officiel du 26 décembre 2014.
Pour les emballages concernés par le Triman, le décret stipule bien que si le picto « (…) doit figurer sur le produit », ce n'est pas un absolu puisque le texte précise aussitôt que « à défaut, il peut figurer sur l'emballage, la notice ou tout autre support y compris dématérialisé ».
Le site internet d’une marque peut donc faire l’affaire : on ne voudrait pas être désagréable, surtout en début d’année, mais on peut se poser la question de savoir combien de consommateurs iront sur le site internet d’une marque, afin de s’assurer que l’emballage est recyclable ou non, doit être trié ou non !?
En tout état de cause l’admission du logo sur un site internet constituera, somme toute, une bonne nouvelle pour ceux qui n'ont pas pris les devants, puisque pour le coup, ils ne se verront pas obligés de réimprimer tous leurs emballages. Ouf !
On se doit également de constater que tous les produits recyclables ne sont pas concernés : il en est ainsi du verre, des produits chimiques, piles, accumulateurs usagés, des DEEE, pour ne citer que ces quelques exemples.
De la même manière qu'un fabricant pourra choisir d'adopter une autre signalétique, pour peu qu'elle soit « encadrée réglementairement par un autre État membre de l'Union européenne ». Si on ajoute à cela l’absence de toute sanction en cas de manquement au respect de la réglementation Triman (les amendes initialement prévues ne sont même plus mentionnées dans la mouture définitive du décret), on sera en droit de se demander si tout cela est bien raisonnable…
Quand bien même... D'aucuns restent convaincus et ne manquent pas d'arguments : non seulement la mise en œuvre d’une signalétique commune devra permettre une importante simplification du geste de tri et contribuer à rendre le recyclage plus performant, mais elle devra devenir LE critère de choix pour les consommateurs, à la grande satisfaction de l’Ademe qui y voit d’entrée « un moyen de valoriser davantage l’image des produits et emballages recyclables qui seront effectivement recyclés, considérant en outre, que ce petit personnage deviendra l’un des critères de choix des consommateurs dans leurs actes d'achat, ce qui signifie par conséquent qu’il serait, à terme, un facteur de différenciation pour les entreprises », et pourquoi pas, un véritable emblème…
C'est ainsi que les pouvoirs publics escomptent bien voir le petit bonhomme pousser les industriels à investir dans des produits plus écologiques. Si pour l’heure, environ 40% des emballages et papiers collectés par le service public de la gestion des déchets sont recyclés (source Ademe), l'objectif est d'arriver à 60 % (en 2025). Il n’y a donc plus de temps à perdre…