Pour honorer la "rentrée" en matière de recyclage, Précepta publie une étude approfondie de 200 pages, signée par Thibaud Brejon de Lavergnée, résultant de plusieurs mois d’enquêtes, sous le titre : « Le marché du recyclage et l’économie circulaire – Des opportunités et des modèles innovants ». Les enseignements de ce travail ne manquent pas...
Développer de nouvelles activités à forte valeur ajoutée…
Les stratégies d’augmentation des produits et stocks de déchets sont vouées à l’échec. Elles doivent laisser la place à des stratégies fondées sur la gestion de flux de matières dont la valeur dépend de la durée d’utilisation, à qualité initiale constante, de l’avis des experts de Precepta. En réalité, la valeur du recyclage migre vers d’autres activités permettant de pérenniser la matière : éco-conception, usages, réemploi, réparation, écologie industrielle, etc. Plus globalement, l’économie circulaire induit un basculement de la valeur vers l’amont de la filière.
Dans ce contexte, les recycleurs doivent se déployer sur de nouvelles activités à forte valeur ajoutée sur la boucle de l’économie circulaire. Pour cela, les recycleurs ont tout intérêt à se convertir en conseillers matières. Leur expertise technique est en effet une porte d’entrée pour conseiller les entreprises dans de nouvelles sources d’approvisionnement et l’éco-conception de leurs produits. Ce positionnement impose aux recycleurs d’optimiser leur politique client pour mieux cibler les besoins et personnaliser leur offre. Une meilleure connaissance client doit également permettre aux acteurs du recyclage de construire des offres globales, intégrant aussi de nouveaux usages comme la location de matière, l’entretien ou encore l’accompagnement. Face à de telles exigences, la mise en place de nouveaux modèles d’affaires ne sera à l’évidence pas à la portée de tous.
… et devenir de véritables chefs d’orchestre
Les recycleurs ont également intérêt à jouer le rôle d’entreprise pivot au sein de symbioses industrielles. Dans ces écosystèmes, industriels, distributeurs ou encore agriculteurs échangent, mutualisent et valorisent des flux de matières premières, d’énergie ou de déchets. Devenir le pivot de cet écosystème exige de connaître parfaitement le tissu économique mais aussi de savoir organiser et orienter les flux de matières. Compte tenu de leur savoir-faire historique dans le domaine de la gestion des services collectifs, Veolia et Suez semblent les mieux placés.
Dans le même temps, l’automatisation du tri et de nouvelles technologies de valorisation se développent. Elles sont essentielles pour créer de nouveaux marchés, rationaliser les process et améliorer la qualité. Au final, pour les clients des recycleurs - les industriels - l’économie circulaire est une formidable opportunité de sécuriser leurs approvisionnements et d’améliorer leur compétitivité-coût. C’est le cas, par exemple, s’ils décident d’investir dans le remanufacturing (remise en état) de leurs produits.
Malgré tout, un certain nombre de freins techniques subsistent : diminution ou perte de ressource au fil des cycles, non recyclabilité de matériaux, matière non réintroductible sans transformation dans un nouveau cycle de production ou un nouveau procédé, etc. Aux recycleurs et aux pouvoirs publics de se mobiliser pour lever ces freins et ainsi boucler le cercle vertueux de l’économie circulaire.