Réduction des déchets : même la prison s'y met...

Le 04/06/2015 à 18:06  
Réduction des déchets : même la prison s'y met...
gaspillage alimentaire Il y a quelques jours, les lauréats de la 6ème édition de la Semaine Européenne de Réduction des Déchets (SERD) ont été récompensés lors d’une cérémonie à Budapest (Hongrie). Parmi les 18 finalistes répartis dans 6 catégories différentes, une initiative française a été mise à l’honneur : la maison d’arrêt de Strasbourg pour son projet visant à sensibiliser ses employés contre le gaspillage alimentaire, et ce malgré les difficultés liées au milieu carcéral...

 Avec un nombre croissant d’actions labellisées chaque année, l’édition 2014 de la SERD a compté pas moins de 2.839 animations de sensibilisation en France, et près de 12.000 animations dans plus de 23 pays en Europe. "L’objectif de la Semaine est de sensibiliser tout un chacun à la nécessité de réduire la quantité de déchets générée et donner des clés pour agir au quotidien aussi bien à la maison, au bureau ou à l’école, en faisant ses achats ou même en bricolant", rappellent les organisateurs

 La dernière édition de la SERD a principalement mis à l’honneur les initiatives relatives au gaspillage alimentaire (voir notre dépêche), un enjeu environnemental et social majeur dont on entend de plus en plus parler ces dernières années. En effet, on estime à 842 millions le nombre de personnes souffrant de faim chronique dans le monde, alors que plus de 100 millions de tonnes de nourriture sont gaspillées chaque année en Europe (voir notre article).

 Lors d'une cérémonie qui s'est tenue le 27 mai dernier à Budapest, 6 actions ont été récompensées, une pour chaque catégorie :

 catégorie Administration : la Maison d'Arrêt de Strasbourg (France) ;
 catégorie Association/ONG : Foodwe.org (Belgique) ;
 catégorie Industrie : Unilever Food Solutions (Belgique) ;
 catégorie Education : Bethlen Gáb or ÚÁG Kincskereső Tagiskolája (Hongrie) ;
 catégorie Citoyen : Yacine Canamas (Belgique) ;
 catégorie Autres : José Germans Trias i Pujol Hospital (Espagne).
Maison d'Arrêt de Strasbourg Plus précisément, la Maison d’Arrêt de Strasbourg a été récompensée pour son projet visant à sensibiliser contre le gaspillage alimentaire. Pour ce faire, elle a mis en place 2 volets d'actions. Tout d'abord : une expérimentation, qui s'est déroulée sur plusieurs mois, pour évaluer les quantités non consommées et jetées. Pour cela, l’établissement proposait aux détenus 3 plats principaux, un panier de denrées non cuites à cuisiner en cellule et la possibilité de choisir de se nourrir de façon autonome. 2ème volet : une sensibilisation, via la diffusion d’un reportage créé au sein même de l’établissement, l’exposition de l’Ademe "Lutte contre le gaspillage alimentaire", et la mise en place d’une colonne à pain pour sensibiliser les détenus mais également le personnel au gaspillage de cet aliment (qui représente environ 20 tonnes par an).
 La lutte contre le gaspillage alimentaire est l’un des 5 axes de la politique de développement durable engagée par la Maison d’Arrêt de Strasbourg. En effet, beaucoup de détenus ne mangent pas leur repas, préférant manger de la nourriture achetée en cantine ("boutique" de l’établissement par laquelle les détenus peuvent s’acheter de la nourriture qu’ils cuisinent en cellule). Les raisons sont variées : refus par principe du repas de l’administration, méfiance envers la qualité, impossibilité d’avoir une nourriture exactement conforme à certaines croyances, habitudes alimentaires différentes... Il y a aussi des raisons que l’on pourrait qualifier de positives : se préparer à manger est un plaisir, un loisir et une façon d’exercer une certaine liberté, sentiment d’autonomie.