Remaniement : l’écologie y laisse sa tête…
Nathalie Kosciusko-Morizet, sorte d’icône du Ministère, quitte le secrétariat d'Etat à l'Ecologie dans le cadre du remaniement ministériel qui est intervenu il y a quelques heures. Installée à ce poste depuis l’élection de Nicolas Sarkozy, elle avait, depuis plusieurs mois, quelque peine à évoluer, placée qu’elle était, à l’ombre de Jean-Louis Borloo…
Son départ annoncé tout à l’heure, pour le secrétariat d'Etat « à la Prospective et à l'Economie numérique », en aurait surpris plus d’un…
A quelques jours de l’examen du projet de loi «Grenelle I» au Sénat, le mini-remaniement ministériel impacte directement le ministère de l’Ecologie. Dans un communiqué publié en fin de matinée, l’Elysée annonce en effet que Nathalie Kosciusko-Morizet, jusqu’à présent secrétaire d’Etat à l’Ecologie auprès du ministre chargé de l’environnement, est nommée secrétaire d’Etat à la Prospective et au développement de l’économie numérique, auprès du Premier ministre.
Les relations entre Nathalie Kosciusko-Morizet et Jean-Louis Borloo n’étaient pas au beau fixe. Ce n’est un secret pour personne. De fait, leurs relations - compliquées dès leur nomination respective en mai 2007 - s'étaient définitivement dégradées lors du débat sur les OGM à l'Assemblée nationale, en avril de l’année dernière. « NKM", confrontée aux résistances de députés UMP ulcérés par sa bise au leader altermondialiste José Bové, avait dénoncé dans Le Monde « un concours de lâcheté et d'inélégance entre Jean-François Copé (...) et Jean-Louis Borloo, qui se contente d'assurer le minimum ». Une petite phrase qui avait générer l’obligation de s'excuser publiquement, une exigence expresse formulée par le Premier ministre. Cela étant, pour celles et ceux qui ne l’avaient pas encore remarquée, l’incident a permis de la mieux faire connaître ; nombreux sont alors celles et ceux qui ont admiré son courage…, avec à la clé, la sympathie de l'opinion publique et puis, aussi, l'intérêt des média.
Le teint diaphane, les cheveux blond vénitien, coiffés en chignons ou tressés, toujours vêtue de tenues élégantes sans ostentation pouvaient laisser supposer une certaine timiditén un effacemebnt, voire une fragilité. Point de tout cela chez madame la secrétaire d’Etat, polytechnicienne de 35 ans, qui a su au fil des mois imposer sa stature. Autant au titre de l'Ecologie que de l'UMP, dont elle a été nommée au printemps secrétaire générale adjointe. Le 1er janvier, un jury d'experts pour Le Point et France 2 la plaçait au 3e rang des ministres (derrière Xavier Bertrand et Martin Hirsch).
Nathalie Geneviève Marie Kosciusko-Morizet est née le 14 mai 1973 à Paris. Comptant parmi ses ancêtres un héros national polonais, meneur du soulèvement contre les Russes en 1794, elle en manie encore la langue pour commander sa vodka préférée. Celle au miel (source AFP). Mère d'un enfant, elle est issue d'une lignée d'hommes de pouvoir aux choix éclectiques : un arrière grand-père, André Morizet, sénateur-maire SFIO de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine); un grand-père, Jacques Kosciusko-Morizet, résistant gaulliste et ambassadeur de France à Washington ; son père, François Kosciusko-Morizet, conseiller général des Hauts-de-Seine et maire UMP de Sèvres (Hauts-de-Seine). De 1997 à 1999, elle est agent contractuel, détachée à la direction de la prévision au ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie. Arrivée en juillet 2002 à l'Assemblée, Nathalie Koscisuko-Morizet, en plus de ses fonctions à la direction du parti majoritaire, a été élue maire de Longjumeau (région parisienne) en mai dernier. |
Pour l’heure, le nom d’un successeur à la tête du secrétariat d’Etat à l’Ecologie n’a pas encore été communiqué.
La secrétaire nationale des Verts, Cécile Duflot, a rappelé que «Nathalie Kosciusco-Morizet avait été la personnalité de l’UMP la plus incisive lors du vote de la Charte de l’Environnement ou plus récemment de la loi OGM» et estimé que «l’environnement, qui avait été jugé prioritaire par Nicolas Sarkozy à son élection, semble être devenu le dernier de ses soucis».
L’association Agir pour l’Environnement regrette de son côté qu’en «pleine procédure parlementaire visant à adopter les lois dites Grenelle 1 et 2, l’équipe gouvernementale, au lieu de s’étoffer pour répondre à la crise écologique, se voit réduite réduite». Et de déplorer le non-remplacement de Nathalie Kosciusco-Morizet ... Pour Stéphen Kerckhove, délégué général de l'association « au grand jeu des chaises musicales, nous ne pouvons qu’entendre la fausse note de ce remaniement, à savoir la suppression pure et simple du secrétariat d’Etat à l’Ecologie. Plus l’agenda parlementaire se densifie, moins il y aura de ministres à défendre les lois censées transposées en droit français les conclusions du Grenelle. C’est donc un mauvais signal envoyé aux défenseurs de l’environnement».
D’une manière générale, pour les défenseurs de l'environnement, Nathalie Kosciusko-Morizet, architecte du Grenelle de l'environnement avec Jean-Louis Borloo, a surtout fait tanguer la cause vers la droite. « Elle a fait bouger les moins de 40 ans à l'UMP et démontré que les jeunes générations à droite se préoccupent d'écologie », a déclaré Serge Orru, le directeur du WWF-France. « Elle a préparé la droite à la question de l'écologie », ajoute le président de France Nature environnement Sébastien Geneste, saluant au passage le « duo compliqué mais utile» qu'elle a formé avec son ministre de tutelle.