Chaque année, selon les Amis de la Terre, 40 millions de nos appareils électriques et électroniques nous font le "coup de la panne", et 50% de ces équipements défaillants finiront à la benne... Pour dresser un état des lieux et faire bouger les choses, l'association a passé au crible les pratiques des distributeurs en matière de réparation des appareils électriques et électroniques, et on ne peut pas dire que les résultats soient très encourageants. Dans la foulée, elle a publié un guide éco-citoyen proposant au grand public des solutions pour s’orienter dans le secteur de l’achat durable et de la réparation...
Sur les 13 distributeurs d’équipements électriques et électroniques (EEE) interrogés par l'association, le constat est sans appel : aucun ne peut se targuer de mettre en oeuvre les 4 "réflexes" de la réparation. Concernant la vente en ligne, on frise même l’illégalité... Sollicités par un questionnaire en 2017, les distributeurs avaient à justifier leurs pratiques concernant plusieurs points : permettre au consommateur d’acheter durable et réparable, de réparer sous garantie et hors garantie et enfin d’acheter d’occasion. En effet, la distribution peut jouer un rôle majeur dans l’obsolescence programmée : "C’est souvent à elle qu’incombe la responsabilité de faire respecter la garantie légale, elle a la responsabilité de la majorité des réparations réalisées sur le territoire, de la rémunération des réparateurs, du choix des produits mis en rayon, des compagnies d’assurances gérant les garanties commerciales, et de l’information du consommateur", expliquent les Amis de la Terre.
La durée de vie moyenne des appareils a été divisée par 2 en 25 ans, et plus de la moitié des biens tombés en panne ne sont pas réparés aujourd’hui. "Réparateurs agréés prescrivant des changements de carte mère d’ordinateur à 500 euros pour un simple encrassement du système d’aération, mise à jour ralentissant votre appareil, prix disproportionné des pièces détachées, assurance réparation impossible à faire appliquer, matraquage marketing, fausses promotions pendant les soldes... : rien n’est fait par les fabricants et les distributeurs pour nous aider à garder nos appareils plus longtemps", dénonce Alma Dufour, Chargée de campagne Modes de production et de consommation responsable aux Amis de la Terre.
Nos produits ont pourtant la peau plus dure qu’on ne le pense et des solutions existent : réparation indépendante, entreprise solidaires, produits de seconde main, comparatifs des marques... Pour guider les citoyens dans ce véritable parcours du combattant, l'association a publié un guide éco-citoyen de la réparation, intitulé "Stop au coup de la panne !" (consultable / téléchargeable ici). "Un smartphone contient environ 60 métaux et terres rares, dont seulement 9 ont un taux de recyclage supérieur à 50%. Pour réduire au maximum ces impacts dramatiques, il faut garder les produits en vie plus longtemps. Que faire ? Privilégier l’achat d’objets de seconde main plutôt que de biens neufs, et faire réparer nos biens", peut-on lire en introduction.
Pour les Amis de la Terre, notre modèle de consommation doit être réorienté massivement vers la réparation. L'association demande donc que les distributeurs vendent des produits réparables, respectent les obligations légales d’information, cessent de proposer des services d’assurance-réparation ineffectifs, vendent des pièces détachées aux consommateurs à des prix non prohibitifs et rémunèrent plus justement les réparateurs. Elle réclame également que les fabricants mettent à disposition les pièces pendant au moins 7 ans dans l’électronique et 12 ans dans l’électroménager, à des prix abordables, pour tous les réparateurs et leur fournissent gratuitement les plans et logiciels de reprogrammation.