Réseau Praxy : le CSR, un maillon du recyclage à ne surtout pas négliger
Travailler en réseau, en regroupant des entreprises de moyenne taille mais très efficaces sur leur territoire respectif, est l’un des points forts de Praxy, créé il y a près de 20 ans. C’est précisément cette « philosophie » consistant à oeuvrer ensemble tout en restant indépendant, à mutualiser certains coûts, à défendre la notion d’entreprise ancrée sur un territoire donné, mais en offrant la même qualité de prestation où que soit située l’entité membre; qui a piqué la curiosité attentionnée du vice-président du parti « Les Républicains », et Président du Conseil Régional d'Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez…
Issu d'une famille d'industriels installée dans la région de Tourcoing, créateurs d'une tannerie en 1895, reconvertie en chantier naval en 1965 à la suite du déclin de l'industrie du textile, Laurent Wauquiez, élu le 4 janvier dernier Président du Conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes, a tenu à échanger lors de sa venue au salon Pollutec, avec les membres du Réseau Praxy.
Accueilli par Nadine Sepchat, Présidente du réseau, Jean-Pierre Luthringer, son Directeur général, et Florent Colon, Président de Federec Centre/Sud-Est, l’ancien maire du Puy en Velay (Haute Loire) qui a été aussi secrétaire d'État chargé de l'Emploi, n’est sans ignorer l’importance que revêt le maintien d’un tissus de PME et PMI au coeur des territoires, ce maillage industriel jouant un rôle moteur dans l’économie locale et le maintien de l’emploi.
Aussi, c’est avec une écoute attentive qu’il a entendu les propos de ses interlocuteurs, lui expliquant bien volontiers le fonctionnement du réseau qui a travaillé en vue de bénéficier d'une dimension nationale, tout en précisant que ses membres sont autant d’entreprises familiales et indépendantes ancrées dans leur territoire depuis des décennies, oeuvrant au bénéfice de l’économie circulaire avec 4 millions de tonnes de déchets traités et valorisés en 2015, grâce aux 1 600 collaborateurs employés au sein de ces entités bien réparties sur le territoire français...
« Dès lors que j'ai été informé de l'existence de votre réseau, j'ai souhaité vous rencontrer et suis heureux d’avoir pu échanger avec vous ; vous êtes et représentez exactement ce que je souhaite pour notre pays : le développement, partout en France, de PME et PMI dynamiques, opérant par et pour leur territoire », a déclaré l’élu, visiblement ravi, avant de prendre congé.
Autre moment fort de ce salon Pollutec pour Praxy, l’invitation lancée aux industriels à la recherche de solutions alternatives aux énergies classiques, à venir découvrir ce qu’est le CSR (Combustibles Solides de Récupération), dans le cadre d’une table ronde animée par Florence Collot, qui a réuni Claire Dadou, Déléguée générale de 2ACR (Association "AllianceChimie Recyclage"), Marc Lefour, directeur du développement de Cho Power (société Europlasma), Valentin Lamy, Directeur de production d’Excoffier Recyclage (installée sur les deux Savoie) et Geoffroy Secula, Directeur de Bourgogne Recyclage (installée en Côte d'Or), ces deux dernières entreprises étant membres du réseau.
La préservation des ressources et l’évitement du gaspillage comptent parmi les valeurs qui rassemblent les entreprises membres du réseau. « Concrètement, cela se traduit par un offre de gestion des déchets qui donne systématiquement la priorité au recyclage et ne recourt aux filières d’élimination, que pour les déchets véritablement non valorisables ». Depuis plusieurs années, les entreprises membres recherchent et développent de nouvelles technologies destinées à améliorer le taux de valorisation des déchets qui leur sont confiées. C’est cette démarche qui explique que certains, Péna Environnement, par exemple, se soient lancés dans la production de CSR il y a plus de 10 ans. Depuis lors, d'autres ont suivi et ont investi dans des unités de production de CSR, à telle enseigne qu'aujourd'hui, le réseau disposerait d'une capacité de production annuelle de 175 000 tonnes (sur une capacité totale de production en France de l'ordre de 850 000 tonnes, selon Federec, tandis que l'Ademe imagine sans peine une production effective de 2,5 millions de tonnes par an à l'horizon 2025, ce qui signifie que le produit a de belles années à venir).
Préparée à partir de la fraction la moins noble des déchets non dangereux recyclables, autrement dit celle qui ne peut bénéficier d’un recyclage par matière, cette production multimatériaux (qui comprend du bois, du carton, des textiles, des plastiques –sans PVC- triés, fractionnés, puis mélangés de manière homogène et industrielle…) qui répond à un cahier des charges strict, s’inscrit en complément de la valorisation matière à proprement parler. Disposant d'un pouvoir calorifique de bonne tenue, «les CSR constituent une nouvelle source d’énergie stockable, partiellement renouvelable et indifférente aux turbulences internationales des marchés de l’énergie. Issus d’un processus industriel de préparation, ils représentent une alternative aux énergies fossiles comme le charbon, le coke à pétrole ou le gaz naturel», fait valoir Praxy. «2016 est une année charnière pour le développement de la filière CSR, sous l’impulsion notamment de la Loi de transition énergétique pour la croissance verte et des avancées technologiques dans le domaine: la loi, il est bon de le rappeler, a fixé l'objectif de réduire de 50% les déchets enfouis et de porter à 65% les tonnages orientés vers le recyclage ou la valorisation organique à l'horizon 2025. Il est par ailleurs programmé de construire de nouveaux centres de tri qui vont générer des productions supplémentaires de refus de tri, lesquels devront être transformés en combustibles de substitution ».
In fine, non seulement cette production de CSR augmente la part recyclée des déchets non dangereux et diminue d'autant les volumes à éliminer, mais en outre, elle participe à la réduction de la consommation d'énergies fossiles et par conséquent à la dépendance des usines utilisatrices d'énergie, vis à vis des marchés extérieurs. Au demeurant, la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) reconnait la place de ces combustibles dans le nouveau mix énergétique... Autant dire que les entreprises qui ont d'ores et déjà fait le choix de produire ces CSR, auront pris une belle longueur d'avance, dès lors que les industriels parfois encore frileux aujourd'hui, se seront lancés dans cette nouvelle manière de s'approvisionner. C'est d'autant plus vrai que la réglementation a récemment changé, au bénéfice de ce combustible...
L'industrie cimentière qui consomme le CSR comme combustible ou comme matière de remplacement des produits carriers utiles à la fabrication du ciment, en a absorbé 450 000 tonnes en 2015, et souhaite pouvoir en absorber 1 million de tonnes en 2025. La création de la rubrique 2971 va permettre à d'autres acteurs industriels (industries chimique, céramique, plasturgique, papetière) de prendre place sur ce marché jusqu'à maintenant quasi réservé aux cimentiers, ce qui ouvre évidemment, de belles perspectives aux entreprises qui ont investi pour produire ces combustibles de substitution en quantité industrielle.
C'est sans compter que, progrès techniques obligent, une nouvelle voie s'ouvre pour les CSR que l'on pourrait transformer en gaz valorisable, par pyrolyse (traitement thermique de la matière organique sèche, en l'absence d'oxygène, produisant une phase gazeuse (gaz de synthèse), liquide (huile), et solide (charbon), dont les quantités et les proportions dépendent de la température et de la vitesse de chauffage... Ce qui fait une piste de plus à explorer!