Réunion : débat sur l'incinération des déchets ménagers
"L'heure des décisions approche " à l'égard du projet d'uiom a déclaré françois Baroin ces derniers jours en visite sur l'île de la Réunion. Si le ministre de l'Outre-mer a assuré du soutien financier de l'Etat, il a confirmé que la décision revenait aux collectivités locales. Reconnaissant la légitimité du débat sur l'impact environnemental des solutions de traitement des déchets ménagers, il a annoncé la mise en place par le préfet d'une commission locale de concertation pour que le débat ait lieu et que le plus grand nombre puisse exposer ses points de vues et craintes à l'égard du choix de l'incinération...
Sur l'île de la Réunion, la production de déchets ménagers était de 385 000 tonnes en 2000 soit une moyenne de 540 kg/an et par habitant. Elle aurait augmenté pour se situer à un niveau de 420 000 tonnes/an. Au niveau du Plan départemental d'élimination des déchets ménagers et assimilés, approuvé en 2002, celui-ci prévoit un montant global d'investissement évalué à 195 millions d'euros et fixe un objectif de valorisation matière et organique de 43% en 2010, l'objectif national étant de 50%.
Le scénario retenu pour éliminer les déchets ménagers des régions Sud et Ouest combine plusieurs méthodes : traitement des déchets dans un premier temps pour isoler la part biologique des ordures avec valorisation pour produire du méthane, le solde étant incinéré. Parmi les équipements de traitement sont prévus 2 centres de valorisation énergétique des déchets.
Mais, la décision de construction du centre de valorisation énergétique de déchets n'est toujours pas prise et les questions à l'égard de l'avenir du traitement des déchets ménagers se posent. Lors de sa venue ces derniers jours, françois Baroin visitant la décharge de la rivière de Saint-Etienne déclarait que "ces centres ne pourront plus recevoir d'ordures ménagères à partir de 2010, en raison des nouvelles directives européennes". Si la production de déchets ménagers ne diminue pas, les deux décharges actuelles, de la Rivière Saint-Étienne, dans le Sud, et de Sainte-Suzanne, dans l’Est, seront saturées en 2008 et 2011. En même temps, le ministre de l'Outre-mer reconnaissait la légitimité d'un débat public sur l'impact des technologies de traitement : " Un centre d’enfouissement sur un sol poreux sans argile donne-t-il toutes les garanties pour protéger la nappe phréatique et est-ce qu’un incinérateur avec les nouvelles technologies donne toutes les garanties pour protéger l’environnement, c’est un vrai débat". Du coup, il confirmait la mise en place d'une commission locale d'information et la participation en novembre de deux spécialistes sur les questions du risque sanitaire de l'incinération : le président de l'association Réseau-Santé-Déchets et un professeur de l'école nationale de Santé publique.
La question du choix de l'incinération se pose aussi en termes économiques : l'enveloppe budgétaire de l'uiom est de 150 à 230 millions d'euros et même si françois Baroin a assuré du soutien financier maximum de l'Etat prévue dans l'enveloppe prévue au contrat de projets, il n'en reste pas moins que c'est un investissement lourd, qui engage les citoyens sur plusieurs décennies. Et sur le plan politique, le PCR affiche son opposition au projet.
Il y a peut-être d'autres voies à explorer et surtout d'autres priorités interroge la conseillère régionale marie-pierre Hoarau : "Fixons-nous comme objectif que n’arrivent en décharge que les déchets ultimes, ne pouvant être valorisés. Pourquoi ruiner tant d’efforts d’éco-citoyenneté par l’installation “facile” d’un incinérateur sans, au préalable, avoir exploré toutes les pistes. Car, à l’heure des choix et des restrictions budgétaires, il est important de prioriser les investissements. L’incinérateur coûte entre 150 et 230 millions. Or, l’Etat et l’Europe n’apporteront qu’une faible contribution, on parle de 55 millions d’euros. Comment feront les collectivités pour répondre aux autres besoins d’infrastructures ? Par ailleurs, on sait que l’assainissement, (pour le coup, on ne sait pas faire autrement, sauf à tout déverser dans le milieu naturel) coûte aussi très cher et cela doit faire partie, à mon sens des priorités. On ne peut poursuivre l’aménagement d’un territoire, devant accueillir 1 million d’habitants, en faisant fi de la problématique de l’assainissement mais aussi des déplacements, du logement...
Dans ces conditions, le débat ne fait peut-être que commencer...
Depuis plusieurs mois, ont lieu des essais de valorisation énergétique du biogaz au cet de Sainte-Suzanne. "Le gisement de biogaz du site permettra à terme de produire jusqu’à 1,2 mégawatt” a indiqué un technicien de la Star. L’électricité qui y sera produite - destinée à la consommation d’environ 2 000 ménages - sera injectée sur le réseau EDF. |
Pour en savoir plus : PDEDMA de l'Ile de la Réunion