Russie : Poutine lance une offensive pour booster le recyclage
Selon les estimations de Greenpeace, la Russie produirait près de 70 millions de tonnes de déchets par an, le tri n'étant instauré que dans une centaine de villes du pays, tandis que la majorité des déchets continue de s'entasser dans des décharges à l'ancienne (la plupart ont été créées il y a 50 ans, et ne disposent d'aucun système de traitement des gaz), largement utilisées et de plus en plus polluantes. L'oganisation écologiste estime qu'au cours des dix dernières années, le volume des déchets en Russie a augmenté de 30%. Seuls 2% de ces déchets sont incinérés et 7% recyclés, tandis que le reste est stocké dans les décharges. Selon d'autres experts, près de 11 millions de tonnes de déchets s'accumuleraient chaque année rien que dans les alentours de Moscou, soit 16% de tous les déchets du pays.
Les deux premières usines, en mesure d'incinérer 700 000 tonnes de déchets par an et de produire chacune 70 mégawatts d'électricité, doivent être terminées en 2021 à Voskressensk, dans le sud-est de Moscou, et à Naro-Fominsk, dans le nord-est. Vref : le pays n'est pas en avance dans le domaine de la gestion des déchets et il semble que le pouvoir souhaite prendre le problème à bras le corps.
Fin 2017, le président Poutine a d'ailleurs signé une loi concernant le tri des déchets, qui devrait entrer en application en 2019, afin d'inverser la tendance : le texte oblige les autorités régionales à faire correspondre la localisation des décharges avec les citoyens étant à l’origine des déchets, ainsi qu’à construire des centres de tri et à déterminer quels déchets doivent être recyclés. Des conteneurs destinés aux déchets recyclables ont d'ailleurs fleuri dans la région de Moscou, de même que des bacs destinés à réceptionner les déchets organique (en 2018, était lancé le premier projet pour la transformation de ces derniers)..
Toujours est-il que le président russe, interpellé à plusieurs reprises sur ce sujet au cours de ces deux dernières années, a admis, en décembre 2018, l’existence du problème, en promettant la construction de "200 usines de traitement avant 2024", en admettant néanmoins que ce ne serait sans doute pas suffisant. Il a de nouveau abordé le sujet hier : "lors des deux prochaines années, 30 des grandes décharges problématiques doivent être fermées. Puis toutes les autres en six ans", a fixé comme objectif, Vladimir Poutine lors de son discours annuel prononcé devant le Parlement. "Il faut ensuite augmenter la part du recyclage de 8-9% à 60% pour éviter que des millions de tonnes de déchets ne s'entassent à nouveau" dans les décharges...
Reconnaissant une "question difficile", le chef d'Etat a regretté que le problème "n'ait jamais été pris en charge" et que certaines décharges soient devenues "des montagnes de déchets près des zones résidentielles". Il a appelé à la création "d'un système sûr de gestion, de traitement et de recyclage des déchets". Ces derniers mois, le traitement problématique des déchets a provoqué de nombreuses manifestations de mécontentement à travers le pays, notamment en périphérie de Moscou et dans les campagnes où sont expédiées les ordures des grandes villes russes.
Le président russe a également appelé les entreprises à réduire leurs émissions polluantes notamment en utilisant comme carburant le gaz naturel liquéfié. Selon lui, douze grandes villes industrielles russes se trouvent actuellement en situation de "catastrophe écologique". Dans ces villes, "les émissions polluantes dans l'atmosphère doivent diminuer d'au moins 20% en six ans". Il a demandé aux députés russes d'adopter au printemps une loi devant fixer des quotas d'émission et "établir clairement les responsabilités" des entreprises.