Sidérurgie : la situation qui prévaut inquiète le secteur du recyclage
Les rebondissements ont été nombreux en fort peu d'années, s'agissant du devenir d'Ascométal. Tout récemment, et après deux mois d’attente, une décision judiciaire scelle l'avenir du sidérurgiste français puisque le groupe suisse Schmolz + Bickenbach reprend les 5 sites de l’entreprise à compter du 1er février 2018. Federec ne peut que se réjouir de la continuité de l’activité, mais, et le mais est de taille, elle se déclare inquiète quant aux conséquences possibles s'agissant des débouchés des matières premières que ses adhérents sont à même de fournir...
Le 29 janvier 2018, le tribunal de grande instance de Strasbourg a retenu l’offre du groupe sidérurgique suisse Schmolz + Bickenbach pour la reprise des 5 sites du groupe Ascometal : Dunkerque dans les Hauts-de-France, Le Marais à Saint-Etienne en Auvergne-Rhône-Alpes, Custines et Hagondange dans le Grand-Est et Fos-sur-Mer en Provence-Alpes-Côte d'Azur (voir Ascometal : Schmolz is back!). En redressement judiciaire depuis le 22 novembre 2017, le sidérurgiste français, spécialiste de la production d’aciers spéciaux en aciéries électriques, est grand consommateur de ferrailles pour assurer ses productions, ces matières premières issues du recyclage générant un bilan favorable en terme d'émission de CO2 (ce qui n'est pas le cas de la production d’acier sortant des hauts-fourneaux, il est toujours bien de le rappeler).
Si Federec salue et se réjouit bien évidement cette issue, ne serait-ce que parce qu'elle assure le maintien, de la majorité des 1350 emplois directs, la fédération des entreprises du recyclage ne manque pas de souligner les effets négatifs qu'auront sur le marché, l'arrêt de plusieurs activités du groupe Ascometal, puisque l’aciérie Ascoval, située à Saint-Saulve dans les Hauts-de-France, détenue à 60% par Ascometal et à 40% par Vallourec, ne fait pas partie de l’offre de reprise du Suisse qui ne s'est engagé qu'à fournir de l'activité au site pendant une période courte, deux ans. En d'autres termes, en l'état, l’aciérie doit trouver un repreneur (Voir Ascoval : un plan de survie). A cela s'ajoute que Schmolz + Bickenbach a d'ores et déjà annoncé qu’il prévoit la fermeture de certains des sites qu'il vient de reprendre, d'ici quelques années. Ceci plus cela, pourrait avoir pour conséquence, la fermeture de marchés nationaux pour les ferrailles collectées en France qui trouvaient leurs débouchés ces sites industriels et par conséquent porter atteinte à la performance d'une filière stratégiquement importante, dans l’atteinte des objectifs environnementaux du gouvernement.
La production d’acier à partir de ferrailles recyclées, en remplacement du minerai de fer, se traduit par des bénéfices environnementaux considérables, au sein d’un secteur fortement émetteur, ne manque pas de rappeler la Fédération : "si l’industrie sidérurgique émet aujourd’hui 6% du CO2 européen, le recyclage en 2016 de 12,5 millions de tonnes de ferrailles en France, a permis d’éviter l’équivalent de 17 millions de tonnes de CO2, ce qui correspond aux émissions de 10 hauts-fourneaux ainsi qu’à l’équivalent de la production annuelle d’énergie de 5 réacteurs nucléaires".
L’urgence environnementale est pourtant bien réelle. " L’incorporation de matières premières de recyclage est devenue un des axes prioritaires de l’action gouvernementale pour garantir l’utilisation de la mine de surface dans un cadre d’économie circulaire. Or, le secteur des aciéries électriques qui permettent cette incorporation est déjà fragilisé, puisque la part de production en aciérie électrique est en recul depuis 7 ans en Europe"
Enfin, certains métaux comme l’acier sont particulièrement stratégiques pour répondre aux besoins du développement des énergies renouvelables (hydroélectricité, éolien, solaire). "Pour ne prendre qu’un exemple, le marché de l’éolien va exiger d’ici à 2050 près de trois fois plus que la production actuelle d’acier mondiale. Pour que cette croissance ne soit pas synonyme d’épuisement des ressources naturelles - dont nous ne pouvons d’ailleurs garantir la disponibilité - il est nécessaire d’optimiser la mobilisation et la consommation des métaux issus des déchets", insiste Federec.