Singapour : des techniques gagnantes pour le recyclage
Les Singapouriens rejettent chaque jour 7 200 tonnes de déchets, soit l'équivalent en poids de 970 éléphants ; tous ces déchets sont enterrés sur l'ile de Pulau Semakau. Problème : au rythme où vont les choses, l'augmentation des déchets par habitant sera telle que cette île sera débordée d'ici 30 à 40 ans. Le directeur de la division Environment Technology de la National Environment Agency (NEA) a déclaré que la technologie qui s'occupe de valoriser les déchets en place à Singapour date actuellement de 30 ou 40 ans et est donc obsolète. Il devient urgent d'investir dans de nouvelles processus, plus efficaces et moins couteux...
C'est pourquoi la NEA a lancé en 2009 un appel à projet appelé Environment Technology Research Programme (ETRP). Ce programme dispose d'un capital de 7,5 millions d'euros et soutient les avancées techniques par les centres de recherches, dans le domaine du traitement des déchets respectueux de l'environnement et de la valorisation énergétique de ce traitement. En mars dernier, les 5 projets lauréats du second appel à projet ont été annoncés avec un financement total de 2,5 millions d'euros.
Nanyang Technological University (NTU) décroche la timballe affirme sa position de leader en ingénierie de l'environnement en décrochant 3 projets sur 5. L'un de ces projets, mené par le professeur Ng Wun Jern, directeur exécutif de l'Environment and Water Research Institute (NEWRI), vise à réduire le temps de "stabilisation" des décharges ainsi que la valorisation énergétique des déchets par procédés microbiologiques et "Incineration Bottom Ash" (voir ici). A l'aide de ces procédés, le professeur Ng espère pouvoir stabiliser la décharge après 10 à 15 ans, au lieu des 35 ans prescrits avec les méthodes actuellement en place à Singapour.
Un autre projet, dirigé par la directrice Yan Rong de l'Institute of Environmental Science and Engineering (IESE), se propose de développer et commercialiser un procédé technologique de pyrolyse et de gazéification pour convertir les boues des effluents en bioénergie tels que les biocarburants ou l'électricité. Le dernier des 3 projets retenus, dirigé par le professeur adjoint Wang Jing-Yuan, directeur du centre Residues and Resource Reclamation Centre (R3C), souhaite de son côté valoriser les déchets plastiques de Singapour et produire des polymères biodégradables de type polyhydroxyalkanoate (PHA), à l'aide des biotechnologies. Ces polymères sont le produit de la dégradation et de la fermentation, par des bactéries, de sucres et de lipides.
Par ailleurs la National University of Singapore (NUS) se voit accorder le financement d'un projet sur les métaux lourds dirigé par le professeur Kang En-Tang du département de Chemical and Biomolecular Engineering. Le but est d'optimiser la récupération de métaux lourds et/ou précieux des D3E (ou DEEE), afin de les valoriser : autrement dit, la récupération de composés réutilisables dans nos produits électroniques quotidiens, tel que les ordinateurs ou les téléphones portables.
Enfin, l'école Nanyang Polytechnic (NYP) est la seule représentante des écoles polytechniques à avoir décroché une des 5 subventions de la NAE. Le projet échafaudé par l'équipe de Gia Wen, du département de "Chemical and Life Sciences" recevra un peu plus de 250 000 euros. Il propose de diminuer la pollution en utilisant un catalyseur, le cérium dioxyde (CeO2), pour convertir les émissions nocives, notamment les composes Nox, en eau et en azote. De plus, Gia Wen prédit que ce procédé sera 50% moins cher que son concurrent en usage actuel, le catalyseur à dioxyde de titane (TiO2).