Stabcon : le recyclage des sédiments arrive à bon port
Sur son site web, la Commission européenne nous apprend qu'un consortium scandinave mélange des sédiments contaminés à des liants spéciaux pour fabriquer des matériaux de construction utilisables dans les ports. Cette méthode constitue une solution durable susceptible de remplacer le rejet en mer ou la mise en décharge...
Le durcissement des réglementations a permis de réduire l’utilisation de produits chimiques dangereux et de métaux lourds dans les activités industrielles, mais leur héritage persiste dans les sols et sédiments pollués. Ce problème est particulièrement épineux dans l’industrie maritime, où les dragages ramènent régulièrement des sédiments contaminés par des PCB, du cadmium, du plomb et du mercure : des substances connues pour être cancérigènes. A l'arrivée, les propriétaires de ports se retrouvent coincés entre les contraintes relatives au rejet de sédiments en mer, qui constitue une option peu onéreuse mais polluante, et celles relatives à leur mise en décharge, une solution de remplacement qui s’avère coûteuse.
Un consortium suédo-norvégien a mis sur pied le projet Eureka afin de traiter les sédiments pollués et autres déblais de dragage. Les partenaires avaient déjà travaillé ensemble dans le cadre d’une étude visant à élaborer des techniques de stabilisation et de solidification pour l’Agence suédoise pour la protection de l’environnement. Le projet Stabcon visait à tester cette méthode et à élaborer des directives pour son utilisation.
La première étape consistait à comparer les différentes solutions possibles pour le traitement des sédiments (le rejet en mer ; la solidification et la stabilisation ; le dragage et la mise en décharge). La technique de stabilisation et de solidification s’est ainsi révélée aussi durable que rentable. Les sédiments contaminés sont mélangés sur place avec des liants afin de créer des matériaux solides renfermant les substances dangereuses. Les différents tests effectués ont permis de déceler les compositions de liants et les procédures de mélange les plus appropriées pour divers types de contaminants et de sédiments. Le liant utilisé était un mélange de ciment et de Merit 5000, un sous-produit de la sidérurgie. Les scories permettent de lier chimiquement des métaux lourds au fur et à mesure que le ciment sèche.
La dernière étape consistait à consigner les résultats dans un rapport et à élaborer des lignes directrices à l’intention des autorités portuaires, afin de leur permettre d’envisager la possibilité d’utiliser des techniques de stabilisation et de solidification et de choisir le meilleur liant en fonction de leurs conditions locales. Le document suggère également des principes de conception permettant d’utiliser les sédiments traités dans des structures portuaires, telles que des zones pavées, des aires de chargement ou des bâtiments.
Stabcon a mené son étude pilote dans le port suédois d’Oxelösund, lui-même partenaire au projet. Le port devait enlever des sédiments contaminés pour construire une nouvelle zone portuaire, tout en respectant les réglementations environnementales suédoises, qui sont relativement strictes. L’objectif était de draguer une partie du port et de traiter les sédiments afin de les utiliser pour construire les nouvelles infrastructures terrestres. L’équipe a dragué près de 500 m3 de sédiments meubles, qu’elle a ensuite consolidés grâce à un mélange de ciment et de Merit 5000. Les résultats ont été impressionnants : une fois stabilisé, le mélange ne subit aucune dégradation chimique ou physique. Le nouveau matériau s’est également révélé très résistant.
Le projet Stabcon a déjà débouché sur de nouveaux contrats pour les participants. Plusieurs ports suédois ont déjà manifesté leur intérêt pour la méthode rentable de "stabilisation et solidification" et bon nombre d’entre eux sont en train de réaliser des tests avec leurs propres sédiments, en s’appuyant sur le savoir-faire des partenaires Stabcon. Entre temps, un projet de R&D plus étendu a été lancé dans l’ensemble de la région de la mer Baltique, en partie grâce aux travaux réalisés dans le cadre du projet Eureka.
source : Commission européenne