Suez Environnement : retour de la croissance en 2010 ?
Le Conseil d'Administration de Suez Environnement vient d'arrêter les comptes 2009 du Groupe qui seront soumis à l’approbation de l’Assemblée Générale du 20 mai prochain. Le chiffre d’affaires s’établit à 12 296 millions d'euros, globalement stable à change constant (+0,6%). Le RBE (Résultat Brut d’Exploitation) s’élève à 2 060 millions d'euros, en léger retrait de -1,2% à change constant par rapport à 2008. Le Groupe a maintenu un taux de marge RBE/CA élevé de 16,8% en progression au cours de l’année, passant de +16,2% sur le premier semestre à +17,3% sur le deuxième, grâce aux bonnes performances opérationnelles de ses 3 segments...
L’année 2009 a été marquée par la forte baisse de la production industrielle et, d’autre part, par la faible demande de matières premières secondaires. Dans ce contexte, le chiffre d’affaires du segment Propreté Europe ressort à 5 319 M€, en baisse de -5% à change constant (-7,5% en variation organique). Le RBE du segment s’établit à 798 M€, en recul de -12,1% à taux de change constants (-15,5% de décroissance organique). Les efforts constants de réduction de coûts (70 M€ d’économies Compass générées en 2009), comme l’optimisation de la gestion des flux de déchets (saturation des capacités de traitement et internalisation des volumes) ont contribué à protéger la rentabilité qui ressort à 15% du chiffre d’affaires (15,5% hors effet des couvertures gasoil). Le segment a par ailleurs optimisé ses investissements de maintenance, entraînant une génération de cash flow libre en hausse de 4,5% à 341 M€.
Les activités Tri et Valorisation ont été particulièrement affectées en 2009. En effet, la baisse de ces activités, dont le chiffre d’affaires s’élève à 850 M€ en 2009, représente près de 40% de la baisse du chiffre d’affaires de l’ensemble du segment. Les volumes traités en centres d’enfouissement techniques et en unités de valorisation énergétique sont en baisse de -2,6% sur l’année, notamment du fait de la clientèle industrielle et commerciale, avec une forte dégradation début 2009 suivie d’une stabilisation à partir du 2ème trimestre. Le dernier trimestre 2009 a bénéficié en outre d’un effet base plus favorable.
Avec l’émergence de l’économie circulaire, les activités Tri et Valorisation restent attractives sur le long terme. A Limay, Suez environnement a mis en service le site industriel de France Plastiques Recyclage qui permet de recycler 40 000 tonnes de bouteilles en plastique PET en R-PET (voir notre exposé). Les granulés sont réutilisés par les minéraliers pour produire de nouvelles bouteilles en plastique plus économes en matières premières et plus respectueuses de l’environnement.
Concernant le segment Eau Europe, il affiche un chiffre d’affaires de 3 993 M€, en croissance à taux de change constant de +4% (+2,7% de croissance organique). Le RBE s’établit à 866 M€, en hausse de +7,2% à taux de change constant (+5,6% de croissance organique). La rentabilité du segment s’améliore fortement passant à 21,7% en 2009 (contre 21,1% en 2008) grâce au développement commercial et à la maîtrise des coûts (25 M€ d’économies Compass ont été réalisées en 2009). Le segment a généré 249 M€ de cash flow libre.
Malgré la baisse tendancielle des volumes de -1% par an en moyenne, les activités ont bénéficié en 2009 d’une légère hausse des volumes en Europe grâce à des conditions climatiques estivales favorables et de la hausse des prix due notamment à l’application des formules d’indexation tarifaires. A l’inverse, l’activité Travaux a été affectée par le ralentissement économique. Les activités de Lyonnaise des Eaux et Agbar sont portées par les contrats concessifs d’assainissement (Cannes, Morillon, Briançon) et les nouveaux contrats gagnés en 2009 comme par exemple Douchy Noyelles Haspres (20 M€, 20 ans), le Havre (19 M€, 4 ans), Puertollano (322 M€, 50 ans) ou de Leon (176 M€, 25 ans).
Le développement des offres "vertes" Edelway s’est traduit dans le domaine de l’eau par la mise en service en France de la première technologie Degrés Bleus©, pour la ville de Levallois, qui permet de limiter les gaz à effet de serre (GES) en récupérant la chaleur des eaux usées pour chauffer des bâtiments. Une installation de chauffage comme celle-ci contribue aux objectifs climatique et énergétique dans le cadre des Plans climat des collectivités locales. Suez Environnement a également lancé la construction à Cannes de la première station d’épuration carboneutre qui sera alimentée par une ferme solaire (voir notre article).
L’activité du segment International, avec un chiffre d’affaires de 2 969 M€, est quant à lui en forte hausse avec une croissance à taux de change constants de +7,2% (+3,6% de croissance organique). Le RBE ressort à 468 M€, en augmentation de +11,3% à taux de change constants (+10,7% en croissance organique) avec un taux de marge en hausse à 15,8% (15,1% en 2008) grâce aux effets du programme Compass (24 M€ d’économies générées en 2009). La forte génération de cash flow libre à 174 M€ est en hausse de 21,2% par rapport à 2008.
La croissance de ce segment est portée par les nouveaux contrats de Degrémont en Australie, au Mexique et en Amérique du Sud. En outre, le développement de Suez Environnement en Chine a été marqué cette année par le nouveau contrat de concession de distribution d’eau potable de la zone de Yuelaï, au nord de Chongqing, l’une des plus grandes ville du monde, pour un chiffre d’affaires cumulé d’environ 800 M€ sur 40 ans, mais aussi par le renouvellement du contrat d’eau de Macao, pour un chiffre d’affaires d’environ 1 Md€ sur 20 ans dont 500 M€ pour le Groupe. L’activité aux Etats-Unis a bénéficié de hausses de tarifs (succès des "rate cases") notamment au New Jersey (+18%), mais a été, à l’inverse, négativement impactée par des conditions climatiques inhabituellement défavorables (volumes d’eau vendus en baisse de 7,6% en 2009 par rapport à 2008).
Des solutions technologiques respectueuses de l’environnement se développent également auprès des clients industriels et commerciaux. Suez Environnement vient de remporter pour Petrobras (au Brésil) un contrat pour la conception et la construction d’une station de traitement et de réutilisation des eaux résiduaires industrielles qui permettra au groupe pétrolier de disposer d’une ressource en eau peu coûteuse, tout en limitant les prélèvements dans le milieu naturel. A Melbourne en Australie, l’usine de dessalement d’eau de mer, exemplaire en matière de développement durable, sera totalement alimentée par de l’énergie renouvelable provenant notamment d’un parc éolien qui fournira l’énergie nécessaire à la production de l’eau potable.
Dans un contexte économique difficile, où la visibilité reste réduite, et sur la base d’une hypothèse de croissance faible du PIB estimée à +1% pour l’euro zone, le Groupe a pour objectif en 2010 :
une croissance de son chiffre d’affaires à 5% par rapport à 2009, à change constant ;
une croissance de son RBE à 8% par rapport à 2009, à change constant ;
un montant de cash flow libre en 2010 à 0,7 Md€ ;
un montant d’investissements ≤ à 1,3 Md€ plus 0,6 Md€ liés à la transaction sur Agbar et à la consolidation globale d’Agbar dans les comptes de Suez Environnement une fois l’opération finalisée.
"Le modèle de Suez Environnement se caractérise par sa présence sur l’intégralité des chaînes de valeur de l’eau et des déchets et un développement équilibré en termes de métiers, de types de contrats, de clients (commerciaux et industriels, municipaux) et de positions géographiques. Le Groupe confirme sa stratégie de long terme, telle qu’annoncée au moment de sa mise en bourse en juillet 2008, fondée sur un modèle économique résilient, avec des facteurs de croissance à long terme solides liés à la raréfaction des ressources, à l’augmentation de la population et au renforcement des exigences réglementaires en matière de protection de l’environnement", conclut Suez Environnement dans son communiqué.