Voilà un programme, conjointement financé par ERigène, Oséo et la région Picardie, qui fera parler de lui!… Dans une démarche de production d’énergies renouvelables, l’Université Technique de Compiègne et son labo, le TIMR, s’attachent à repenser et à optimiser les processus de méthanisation, un phénomène qui est connu depuis longtemps puisqu’il s’agit ni plus ni moins de la dégradation de la matière organique par l’action combinée de plusieurs communautés de micro organismes, en l’absence d’oxygène et à la l’abri de la lumière. Objectif : transformer des effluents en engrais organiques, tout en engendrant la production de biogaz capable d’alimenter un moteur et fournir de l’électricité, se substituant ainsi aux énergies fossiles…
Du nouveau en techno… et plus particulièrement dans le domaine de la métha…
ERibox permet à l’agriculteur et plus particulièrement à l’éleveur de valoriser sur place une grande diversité de déchets et autres produits issus de son exploitation.
Le procédé lui offre d’abord une plus grande autonomie (ou de moindres dépendances, comme on voudra) énergétique, tout en inscrivant son exploitation dans une démarche constructive en matière de traitement des déchets
L’exploitant poursuit son métier ; il n’a point besoin d’en apprendre un autre ou de révolutionner le fonctionnement de son exploitation…
Tel est le message que souhaite faire passer Olivier Lespinard, président d’Erigène.
« Les installations actuelles de méthanisation restent toutefois coûteuses et leurs rendements faibles par rapport à l'investissement financier nécessaire », explique le directeur du laboratoire TIMR, André Pauss.
Selon lui, les procédés de méthanisation et les techniques utilisées ne sont en effet pour l’heure que peu adaptés aux réalités du terrain, ne pouvant répondre qu’aux besoins industriels et non à ceux des PME ou d’exploitations agricoles de tailles plus modestes.
En collaboration avec l’institut polytechnique La Salle de Beauvais l’UTC et son labo ont donc mis au point un nouveau procédé innovant de méthanisation sèche, plus pertinent dans la valorisation des fumiers et déchets solides à petite échelle. « L’enjeu est de concevoir une installation automatisée, fiable, modulable et amortissable le plus rapidement possible », ajoute Maurice Nonus, enseignant chercheur en génie des procédés.
Ce projet, baptisé Mexa (méthanisation sèche à l’échelle des exploitations agricoles), a donc donné naissance à un démonstrateur opérationnel dénommé ERibox. Ce dispositif directement implantable, sur une exploitation permet à l’agriculteur de disposer de chaleur qu’il peut alors valoriser sous plusieurs formes et d’un digestat pour l’amendement organique de ses sols.
Olivier Lespinard, estime à plus de 7000 le nombre d’installations de méthanisation à la ferme fonctionnant outre-Rhin. « Le retard de la France relève, selon moi, de la culture technico-économique de notre pays. La France souffre en la matière de son indécision en matière de politique d’énergies renouvelables. Elle a tenté de développer une filière de méthanisation agricole, à plusieurs reprises dans le passé et ce, depuis les années 1950. Les baisses du prix de l’énergie qui ont suivi ces crises et les difficultés techniques à surmonter ont eu tôt fait d’estomper l’intérêt de ces ébauches. Ces souvenirs incitent peut-être à ne rien tenter dans un pays où règne l’aversion du risque »…
Et paf : le pavé est lancé…
Un second programme de recherche mené par le laboratoire dans ce domaine vise la mise en place d’un autre outil de démonstration, cette fois pour le traitement des déchets en codigestion de déchets organiques et ce, sur la base d’expérimentations en laboratoire et de résultats d’un méthaniseur de 3000 m² sur un site industriel...