Nouveau dossier pour le Gouvernement : 6 Ministères (Transition écologique et solidaire, Solidarités et Santé, Economie et Finances, Travail, Agriculture et Alimentation, Sports) annoncent avoir conjointement pris la décision de saisir l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) sur les éventuels risques liés à l'utilisation des granulats de caoutchouc recyclé, notamment dans les terrains de sports synthétiques. L’Anses va ainsi étudier les principales voies d’exposition pour la population et l’environnement (terrains de sport, terrains de jeux pour enfants, litières pour animaux, etc.)...
La valorisation des pneumatiques usagés sous la forme de granulés et matériaux utilisés dans la réalisation des terrains synthétiques est l'un des principaux modes de valorisation "matière" de la filière française de gestion des déchets de pneumatiques. "Ces terrains synthétiques soulèvent des interrogations quant à leur impact sur la santé et l’environnement en raison des substances dangereuses potentiellement présentes dans les granulés, en particulier dans le cadre de leur utilisation comme terrains de sport et aires de jeux pour les enfants", indiquent les 6 Ministères dans un communiqué commun.
Dans une question écrite du 16 novembre 2017, Pascal Savoldelli, Sénateur du Val-de-Marne, s'était adressé à Laura Flessel, Ministre des Sports, au sujet des risques sanitaires liés à ces terrains. "Selon 2 études publiées par les Universités du Michigan et de Yale, aux Etats-Unis, les granulés dont sont faites les pelouses synthétiques des terrains de football sont conçus à partir de pneus recyclés. Ces pneus contiendraient ainsi des substances nocives tel l'arsenic, le chrome et le plomb. Toutes présentent des risques cancérigènes", expliquait-il. Rappelant que la France compte pas moins de 4.700 terrains synthétiques, il demandait donc que les Pouvoirs publics éclaircissent le sujet et lancent rapidement une étude sanitaire.
La Fédération des Acteurs des Equipements de Sports et de Loisirs (Fedairsport) a réagi, en soulignant dans une brochure de 8 pages que "les terrains synthétiques avec du remplissage de billes en caoutchouc ne présentent aucun danger pour la santé des joueurs et pour l’environnement", ces produits étant encadrés par des normes très exigeantes. "Plusieurs études récentes aux analyses concordantes sont de nature à rassurer tant les joueurs que l’ensemble des acteurs concernés par la mise en œuvre de tels terrains. Les études disponibles à ce jour n’indiquent aucun danger lié à l’utilisation des granulats de caoutchouc dans les gazons synthétiques", indique-elle notamment (voir ici pour plus d'informations).
De son côté, l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA) a procédé en 2017 à une évaluation préliminaire des risques, pour la santé humaine, liés à l’utilisation de granulés de caoutchouc recyclés dans les gazons synthétiques. Elle a conclu à un faible niveau de préoccupation au vu des concentrations d’hydrocarbures aromatiques polycycliques mesurées dans les granulés qui s’avèrent être sous les limites de concentration règlementaires prévues dans le cadre du règlement européen sur les produits chimiques, dit REACH.
Sur cette base, l’Anses analysera les données et études disponibles sur les principales substances présentes dans ces granulés et matériaux en caoutchouc et sur le niveau de préoccupation qu’elles génèrent en raison de leurs risques intrinsèques, de leur concentration ou des modes d’exposition, afin de pouvoir rendre des conclusions sur les préoccupations sanitaires et environnementales qui pourraient en résulter. Son rapport est attendu pour juin prochain.