Trafigura et ses déchets : le top secret est dévoilé
Twitter vient de dénoncer, en contournant les avocats de la firme, un rapport et ce qui en aurait été fait par Trafigura : en 2006, l’entreprise aurait vivement « souhaité » qu’il reste secret ; or, il avait pour thème « les déchets toxiques d’Abidjan »…
Dans l’affaire des déchets toxiques de Côte d’Ivoire, la société Trafigura aurait-elle la conscience vraiment tranquille ? Du moins autant qu’elle aimerait le faire croire ? Pas si sûr.
Le cabinet d’avocats Carter-Ruck choisi pour représenter le trader, a obtenu le 11 septembre dernier de la Haute Cour de Justice, une injonction contre The Guardian, un quotidien britannique à grand tirage, ayant pour objet l’interdiction de publier le rapport Minton datant de septembre 2006, et relatif au déversement des déchets toxiques en août de la même année, à Abidjan, en Côte d’Ivoire.
Oui mais voilà : le membre travailliste du Parlement, Paul Farrelly, a posé début octobre une question au ministre de la Justice britannique, Jack Straw, lors d’une séance de la Chambre des Communes. Cette dernière ayant trait à cette interdiction, contrevenant bigrement selon lui, à la «sacro-sainte» liberté de la presse, l’une des fiertés s’il en est du Royaume-Uni.
Une nouvelle injonction, obtenue le soir même, par le cabinet Carter-Ruck interdisait en effet au Gardian, de publier la question en question, mais aussi le lieu où elle a été posée, l’identité de l’auteur ainsi que celle de la compagnie ayant demandé l’injonction…
Or, il semblerait bien que cette décision aille carrément à l’encontre d’une loi de 1688 qui veut que toute discussion parlementaire puisse être librement rapportée par la presse.
Si le cabinet d’avocats a pu museler la presse, il n’a pas pour autant le contrôle d’Internet.
Aussi, le soir même, Alan Rusbridger, rédacteur en chef du Guardian, faisait connaître, sur Twitter, l’interdiction faite au Guardian de relater les discussions du Parlement « pour des raisons non avouables ».
Le lendemain, Trafigura, Carter et Ruck devenaient les mots clés les plus recherchés sur les principaux moteurs en Europe, et ce par des dizaines de milliers d’internautes.
Quelques heures plus tard, Trafigura et son cabinet d’avocats faisaient marche arrière toute. Cela étant, The Gardian reste interdit (aux termes de l’injonction prononcée par le juge, Justice Maddison), de divulguer quoi que ce soit à propos du rapport Minton.
C’est donc l’association d’un média papier classique interdit de publication et d’Internet, nouveau média par excellence mais ne relevant pas de ce type de jurisprudence, qui a donc favorisé l’information du public, jetant un peu plus de doute sur cette affaire qui par bien des aspects reste on ne peut plus douteuse…