Traitement des déchets : Aucun compromis lorsqu'il s'agit de santé

Le 06/08/2003 à 10:41  

Traitement des déchets : Aucun compromis lorsqu’il s’agit de santé

Denis Gasquet Intérêt public et esprit citoyen, enjeux et responsabilités collectifs et individuels… Tel était l’un des thèmes abordés lors des derniers entretiens écologique sdu Sénat, organisés par Onyx et Valeurs Vertes.

Denis Gasquet, Directeur général d’Onyx et Directeur général adjoint de Veolia Environnement nous livre son point de vue…

L’observatoire d’Onyx de l’opinion publique sur les déchets a fait réaliser par le CSA CECOP un sondage auprès d’un échantillon national de 1002 personnes, représentatif de la population française… Pour Jérôme Jaffré, directeur du Centre d’études et de connaissances sur l’opinion publique, « ce baromètre traduit bien l’acquisition par les citoyens du geste du tri, un nouveau réflexe ».

Ce sondage montre bien que l’opinion publique n’est plus autant préoccupée par le problème des déchets parce qu’elle sait que les systèmes de collecte et de traitement sont aujourd’hui bien rodés, bien équilibrés.

Le message important des enquêtes menées sur ces thèmes, souligne Denis Gasquet, est que les déchets ne sont plus un sujet de préoccupation majeure.

L’inquiétude se manifeste plus sur le sujet de la protection sanitaire ou sur celui de la transparence.
Le citoyen veut savoir ce qui se fait dans les installations de traitement, comprendre les enjeux du recyclage. Si dans d’autres services publics, c’est l’équilibre global du système qui est en jeu, ici, nous avons une autre priorité, celle du développement durable.

Tous ensemble, avec nos partenaires publics, nos clients, les élus qui sont les maîtres d’ouvrage de l’ensemble des systèmes, nous devons, sans perdre de vue cette priorité transversale, rationaliser les coûts de la gestion des déchets. Si cette exigence n’est pas perçue fortement par le grand public, elle l’est beaucoup plus par les professionnels au sens large du terme. Aussi, il nous faut éviter que l’ensemble de nos démarches ne fasse émerger des angoisses supplémentaires dans le grand public.
Cela ne signifie pas pour autant qu’il faille pratiquer la politique de l’autruche et ne pas affronter et traiter nos problèmes. De plus, le financement du service public des déchets est tellement segmenté et compliqué que son approche et son explication sont loin d’être évidentes.

Aujourd’hui, si nous voulons analyser et mettre en perspective l’évolution de la collecte et du traitement des déchets, nous nous apercevons qu’il y eu une phase d’accélération sur les 15 dernières années. Beaucoup de problèmes ont été résolus, dans le cadre général d’une évolution forte à la fois des techniques et des réglementations.
Nous avons subi de façon positive énormément de changements techniques, que ce soit dans la collecte ou le traitement. L’état de l’art s’est amélioré, les avancées technologiques nous ont permis de faire des choses dans des conditions environnementales bien meilleures que dans le passé. Globalement, tout le monde s’est mis dans ce domaine au même niveau.
On peut affirmer que malgré des niveaux d’exigences environnementales et des réalisations sur le terrain très variées, l’ensemble du pays a atteint un niveau très acceptable. Mais tout cela a coûté cher, même si les aides comme celles de l’Ademe ont adouci l’addition, les coûts sont élevés et installés durablement parce que l’on ne peut pas revenir en arrière sur ces sujets.

Autre élément dont on parle peu mais dont il faut tenir compte, l’ensemble des réglementations sociales n’a cessé d’évoluer et pèse sur les coûts pour la bonne cause. Il ne s’agit pas que de la durée du temps de travail mais aussi de la sécurité du personnel au travail car ces métiers restent encore dangereux, le taux d’accidents du travail étant encore très élevé. Là aussi, il y a du travail à faire et ces efforts seront aussi coûteux.

Dans le sondage, nous voyons bien que les Français dans le geste du tri se sont sentis des citoyens à part entière ; c’est un bon point pour l’avenir. Cela signifie qu’ils peuvent encore plus s’engager en faveur de l’environnement.

Tout le monde s’est habitué à ce système mais peut-on dire qu’il est dans toutes ses composantes totalement durable ?

Pourra-t-on persévérer dans un système aussi luxueux en terme de confort de service pour l’usager ?

C’est pour répondre à cette question que nous avions demandé aux sondés : êtes vous prêts à apporter vos déchets dans des points d’apport volontaire à 50, 100, 500 mètres de votre habitation ? ».

S’ils ont répondu majoritairement oui, cela ne signifie pas qu’ils sont quotidiennement prêts à l’accepter… Nous avons fait des choix publics en France, qui sont plus coûteux que ceux faits pour la gestion des déchets dans d’autres pays, comme dans les pays du sud où les points d’apport volontaires sont plus nombreux dans certaines grandes villes et bien sûr moins coûteux en logistique. Dans les pays du Nord, ce sont les fréquences de collectes qui sont moindres qu’en France.
Notre système nous apporte plus de confort et c’est pour cela que le citoyen le trouve bon, mais s’il voit sa qualité, il n’en mesure pas le coût. Dans certaines conditions, les pratiques de tri peuvent se révéler coûteuses pour un bénéfice environnemental pas évident.
En revanche, tout ce qui concerne la protection de la santé humaine, de l’environnement, ne souffre aucun compromis dans le domaine des déchets.

Avec les maîtres d’ouvrage, les pouvoirs publics, on peut imaginer ce que sera le futur de la gestion des déchets pour l’inscrire dans le concept du développement durable et concilier l’équilibre environnemental, sociétal et social dans une vision à long terme.