Traitement des déchets : Reims complète son dispositif
Transports et Environnement sont les deux compétences historiques de la communauté d’agglomération de Reims. Il y a quarante ans en effet, les élus du District ont eu conscience de l’importance grandissante des problématiques liées à l’environnement.
Une étape primordiale a été franchie en janvier 2003, avec la mise en place de la collecte sélective. La collecte des déchets vient compléter leur traitement assuré par l’usine d’incinération (dont la combustion des déchets pourvoit à 28 % les besoins énergétiques de la chaufferie qui alimente Croix-Rouge).
L’objectif de Reims Métropole est de constituer une chaîne complète en matière de collecte, de traitement mais aussi de valorisation des déchets. Ce maillon manquant a récemment été complété avec la mise en place d’une plate-forme de valorisation des mâchefers et d’un centre de triage issu de la collecte sélective.
Ainsi, Reims Métropole a réduit de 20 000 tonnes la quantité de mâchefers mise en décharge l’an dernier.
Objectif : limiter la fraction de déchets ultimes
La plate-forme est construite sur une géomembrane afin d’assurer son étanchéité et prévenir ainsi tout risque d’infiltration de polluants dans les sous-sols ; sa mission consiste à accueillir les résidus d’incinération des ordures ménagères produits sur le territoire de l’agglomération. Assurée par Rémival, l’incinération des ordures ménagères génère des résidus solides qui représentent 30 % des tonnages des déchets collectés. Ces mâchefers, assimilables à des scories, étaient jusqu’alors envoyés en centre de stockage à Beine-Nauroy, alors qu’il existe (depuis environ 10 ans) une possibilité de les valoriser et donc de réduire la part non valorisable de ces déchets.
La plate-forme de valorisation des mâchefers a donc pour mission d’augmenter encore la fraction valorisable et donc de réduire la part de déchets ultimes.
1 000 kilos de déchets ménagers incinérés permettent de récupérer de l’électricité et de la chaleur sous forme de vapeur. Ils produisent également des REFIOM (25 kilos) dont le potentiel polluant élevé exige d’être envoyé dans un CET (centre d’enfouissement toxique de classe 1) en Lorraine. Mais ces 1.000 kilos de déchets ménagers produisent également 230 à 250 kilos de mâchefers (lesquels sont récupérés dans la partie basse des fours) qui se présentent sous forme de granules de couleur grise, mélange de métaux, de verre, de silice, d’alumine, de calcaire, de chaux, d’imbrûlés et d’eau. L’extraction des métaux (ferreux et non ferreux) alimente la filière sidérurgique ; le reste, une fois traité, est utilisé dans les travaux publics. |
Et optimiser les recettes...
C’est dans ce contexte que les sociétés Yprema et Moroni ont présenté une plate-forme de valorisation de mâchefers appelés Eco-Grave.
Lors de leur réception sur l’installation, les mâchefers (toujours considérés comme des déchets à ce stade) sont stockés et identifiés par lot de production. Ils restent environ un mois en attente des résultats des analyses qui permettent de vérifier qu’ils ne présentent plus de risque de pollution pour l’environnement. Cette période de stockage leurs permet de s’égoutter naturellement et de débuter leur maturation.
Le process installé a pour fonction de préparer le mâchefer afin de le rendre utilisable comme matériau alternatif à l’emploi de grave naturelle issue de carrière.
Il consiste à cribler successivement le produit de façon à obtenir pour la fraction valorisable une granulométrie comprise entre 0 et 40 mm, puis d’en retirer les métaux ferreux et non ferreux. Le retrait des métaux répond à un double objectif :
améliorer la qualité de la grave de mâchefers
optimiser les recettes de la collectivité par la vente de matière
Les éléments les plus grossiers (> à 40 mm) sont évacués en CET de classe 2. Ils ne représentent que 7 à 8% des flux entrants sur la plate-forme.
Les scories issues de l’incinération des déchets ainsi traitées sont appelées « grave de mâchefers » et sont utilisées comme matériaux de substitution dans les travaux de voirie, ce qui limite d’autant les prélèvements de matériaux dans le milieu naturel.
Avec l’installation rémoise, Yprema, spécialisée de longue date dans la valorisation en techniques routières de matériaux recyclés, inaugure sa 7ème implantation. La société locale Moroni, négociante en matériaux de construction, a pris en charge la commercialisation des graves.
Le nouveau site est à même de traiter 22 000 tonnes par an.
La grave de mâchefers est facile à écouler puisque meilleur marché que le granulat naturel : - 3 € par tonne.