Transition énergétique : les atouts de la méthanisation
La France s’est fixée des objectifs ambitieux qui prévoient sur une dizaine d’années la multiplication par 4 de la production d’électricité (625 MW en 2020) et de la production de chaleur (555 ktep en 2020) à partir de biogaz par rapport à 2010. Le biogaz permettra d’alimenter l’équivalent de 800 000 foyers en électricité renouvelable (hors chauffage) et de produire l’équivalent de 555 000 tonnes de pétrole en chaleur renouvelable. D’ici 2020, le nombre d'unités de méthanisation devrait ainsi passer d’environ 250 à près de 1 500. La progression sera considérable pour les installations agricoles : de 90 installations sur le territoire aujourd’hui, on devrait en compter près d’un millier en 2020 (voir notre article)...
Pour ceux qui ne le sauraient pas encore, la méthanisation est un processus de dégradation de la matière organique, dans un milieu sans oxygène, due à l’action de multiples bactéries. Elle peut avoir lieu naturellement dans certains milieux, tels que les marais, ou peut être mise en oeuvre volontairement dans des unités dédiées grâce à un équipement industriel. Cette dégradation conduit à la production d’un gaz, appelé biogaz, qui peut être transformé directement en électricité, en chaleur, en biocarburant, ou alors être injecté dans le réseau de gaz naturel. Elle produit également un résidu, appelé digestat, qu’il est ensuite possible de valoriser comme fertilisant pour l’agriculture.
La méthanisation est donc à la fois une filière alternative de traitement des déchets organiques et une filière de production d’énergie renouvelable. Pour information, les matières organiques pouvant être traitées par méthanisation sont : les déchets agro-industriels (déchets carnés, graisses de restauration...) ; les déchets agricoles (lisier, fumier, résidus de récoltes...) ; les déchets des collectivités locales (boues de stations d’épuration des eaux urbaines, ordures ménagères, tontes de pelouse...).
Composé principalement de 50 à 70% de méthane (CH4) et de 20 à 50% de dioxyde de carbone (CO2), le biogaz est une source d'énergie intéressante puisqu'elle peut être valorisée de différentes manières : par la production simple de chaleur qui sera consommée à proximité du site de production ; par la production combinée d’électricité et de chaleur (cogénération) par combustion dans un moteur ; par l’injection dans les réseaux de gaz naturel après une étape d’épuration (le biogaz devient alors du biométhane) ; par la transformation en carburant sous forme de GNV (Gaz Naturel Véhicule).
L’utilisation du biogaz permet de brûler le méthane produit lors de la fermentation des déchets et d’éviter ainsi que ce GES à très fort pouvoir réchauffant ne soit libéré dans l’atmosphère. Cela représente également une source d’énergie renouvelable puisque son contenu en carbone est exactement égal à celui qui a été absorbé naturellement dans l’atmosphère lors de la production de la matière organique. Il peut remplacer d’autres sources d’énergie fossiles, plus polluantes. A titre d’exemple, une unité moyenne de méthanisation agricole permet, uniquement grâce au traitement d’effluents d’élevage, une réduction des émissions de GES de près d’un millier de tonnes équivalent CO2 par an.
La méthanisation se caractérise par une très grande disparité des coûts d’investissement et des coûts de fonctionnement d’un projet à l’autre. Ils sont extrêmement variables selon la taille de l’installation, des déchets utilisés, des contraintes territoriales du lieu de production et du mode de valorisation choisi. En conséquence, le dispositif de soutien mis en place par l'Etat articule des aides fixées à l’échelon national (tarifs d’achat garanti en fonction de l'utilisation, aide à l'investissement) et des aides distribuées à l’échelon territorial.
Cet article est à lire en complément de notre précédente dépêche : Double valorisation de la méthanisation : le décret publié.