Transport : le fret est mis à mal
La grève qui sévit sur le pays n’arrange pas les affaires de fret SNCF… De fait, le trafic du fret ferroviaire est très perturbé par la grève et l'impact commence à peser pour les industriels. La situation pourrait devenir critique en cas de poursuite des blocages…
Guillaume Pépy, directeur général exécutif de la SNCF, ne mâche pas ses mots et estime que la situation du fret est tout simplement « dramatique ». Selon lui, environ 160 trains étaient bloqués depuis mardi soir par le mouvement de grève. « La situation s'améliore très progressivement. Remettre le service en route prend du temps », affirme la direction fret du groupe. Dans l’immédiat, la SNCF tente d'acheminer en priorité « les trains vitaux pour la continuité de l'activité » ainsi que ceux « en cours » de trajet.
« Pour le moment, aucune entreprise n'a été contrainte au chômage technique. Mais si la grève devait durer jusqu'au milieu de la semaine prochaine, nous serions très inquiets », constate Christian Rose, délégué général de l'Association des utilisateurs de transport de fret. « La plupart des entreprises peuvent encore faire face pendant 3 jours et jusqu'à une semaine de grève pour certains. Au delà, des problèmes pourraient se poser. Pour le moment, les industriels ont chargé au maximum les stocks et se tournent pour certains vers d'autres modes de transports».
Pour le fret ferroviaire, le mouvement social arrive à un moment critique et pourrait compromettre le léger redressement enregistré sur les neuf premiers mois de 2007, en progression de 4 % par rapport à l'année précédente. Car la situation reste fragile. En 2006, la branche fret a accusé encore 260 millions d'euros de pertes et ne devrait retrouver l'équilibre qu'en 2010.
Un mouvement social trop long pourrait inciter les industriels à se reporter sur la route. Au détriment du ferroviaire. « Un risque qui n'est pas à écarter pour les secteurs d'activités qui sont les moins dépendantes du fret ferroviaire. Après le Grenelle de l'Environnement, ce n'est pas aller dans le sens de l'histoire, mais l'objectif pour un industriel, c'est d'abord de livrer son client », reprend Christian Rose.
Une fois n’est pas coutume, l’Allemagne est paralysée, elle aussi, par la grève du transport ferroviaire. De l'autre côté du Rhin en effet, les trains ne circulent guère mieux qu'en France. La grève des conducteurs de la Deutsche Bahn - la plus dure à ce jour de l'histoire de la compagnie allemande - a paralysé depuis jeudi dernier la majeure partie du trafic ferroviaire fret et passager du pays. Dans l'industrie métallurgique, l'automobile ou la chimie, certaines usines sont « dans une situation critique ». A Bruxelles, en Belgique, un site d'Audi a dû arrêter sa production, à cause de la suspension de ses livraisons.