Tricastin : Socatri-Areva va devoir raquer...
S'il y a relaxe pour le délit de pollution de l'eau, le tribunal correctionnel de Carpentras a bel et bien condamné Socatri-Areva à une peine de 40 000 euros d’amende, pour avoir caché à l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) le grave incident qui s’est déroulé en 2008 dans ses installations du Tricastin (voir notre article : Pollution : le procès de la Socatri débute ce jeudi)...
Le Réseau "Sortir du Nucléaire", qui s’était constitué partie civile, obtient 8 000 euros de dommages-intérêts et la publication de la décision dans les journaux La Tribune et Vaucluse Matin. Dans un communiqué, il regrette cependant que le Tribunal ait relaxé Socatri-Areva du délit de pollution de l’eau et que la condamnation reste en deçà des réquisitions du Procureur de la République (qui avait requis 100 000 euros d’amende, ainsi que la fermeture de l’unité de production en cause).
Il s’agit dans tous les cas d’une décision sans précédent qui est justifiée par la gravité des faits : le 8 juillet 2008, suite à une fuite survenue dans l’usine Socatri (filiale d’Areva), sur le site du Tricastin (Drôme), 75 kg d’uranium ont été rejetés dans les cours d’eau avoisinants. 30 m3 d’effluents chargés d’uranium ont contaminé les eaux superficielles, privant la population d’eau potable et polluant des lieux de baignade fréquentés. Des niveaux élevés de contamination radioactive ont également été repérés dans les nappes phréatiques et à l’eau du robinet.
"Des négligences scandaleuses de la Socatri-Areva sont à l’origine de ce grave incident", indique le Réseau "Sortir du nucléaire", qui précise attendre de recevoir la copie du jugement pour envisager de faire appel de la relaxe partielle devant la Cour d’appel de Nîmes. Il demande dans tous les cas qu’une inspection indépendante des différents sites du Tricastin soit entreprise afin d’évaluer les risques de pollution de toutes les installations nucléaires, civiles et militaires et que l’environnement et les riverains bénéficient, dans les meilleurs délais, d’une surveillance sanitaire indépendante. Une inspection inopinée de l’ASN le 10 juin dernier a encore relevé des négligences concernant l’étanchéité des bassins de rétention...
Point de vue partagé par FNE... qui note que cette affaire avait permis de pointer du doigt le recours à la sous-traitance dans le domaine du nucléaire. Ainsi, selon Raymond Léost, pilote du réseau juridique de FNE estime que « cette société, filiale et sa société mère, Areva, ont fait preuve de négligences et d’imprudence inacceptables dans la gestion de ses déchets radioactifs. Pourtant, les activités nucléaires de la société Areva nécessitent une rigueur sans failles, notamment du point de vue de la gestion de ses déchets, pour éviter des risques graves et inutiles pour l’environnement. » In fine… on a un jugement peu sévère et insatisfaisant car il considère que la pollution radioactive du Rhône, bien qu’avérée, n’a pas eu de conséquences sur l’environnement !
Selon Nathalie de Stefano, juriste et directrice de l’URVN, « cette société a une importante capacité financière. Il est irresponsable que de telles négligences soient commises et que la société ne soit pas sanctionnée pour la pollution qui est intervenue ! FNE et l’URVN envisagent donc de faire appel de la décision ».
"Seule une sortie définitive du nucléaire peut permettre de diminuer les risques dramatiques que la filière nucléaire fait courir à l'environnement, aux salariés et à la population", conclut le Réseau. Pour davantage d'informations sur la pollution au Tricastin, rendez-vous ici.