A Carpiquet, du côté de Caen, un collectif d'associations caritatives a récemment créé une plate-forme régionale de recyclage de vêtements et linges usagés : 13 salariés se sont donnés pour missions de trier 4 000 tonnes d'ici trois ans.
Vêtements et linges de maison remplissent parfois armoires et placards alors qu’ils ne servent plus aux occupants de la maison. C’est sans compter le recyclage... Chez les classeurs de textiles, pulls, jeans, vestes, serviettes, manteaux, chemises, chaussures, sacs… remplissent les bacs disposés autour des tables de tri. Une fois répartis par grandes catégories, ils prendront des chemins différents et seront ré exploités…
C’est la mission que s’est donnée la plate-forme Cobanor Tritex qui fédère treize associations et chantiers d'insertion bas-normands (dont Vis-à-Vis (Ifs), Le relais enfant (Cherbourg), Être et boulot (Honfleur) et Agir La Redingote (Alençon), opérationnelle depuis le 1er février dernier. Basée à Carpiquet près de Caen en Normandie, elle est installée dans 2 600 m 2 de locaux situés dans la zone d'activités. A ce jour, elle a déjà trié 85 tonnes de textiles qui seront revendus sous forme de chiffons pour l'industrie, de fibres pour le BTP, ou encore envoyés en Afrique sous forme de fripe. Elle fait vivre 13 salariés, dont dix postes d'insertion : six au tri, deux à la manutention, deux caristes. « Comme on monte vite en puissance, on a déjà sollicité un 11 e poste. L'objectif à trois ans s'élève à 30. » Il s'agit de contrats de 8 mois, renouvelables deux fois. « On accompagne les salariés pendant deux ans pour travailler avec eux un projet professionnel afin qu'ils retrouvent ensuite un CDI dans une entreprise classique ». Avant l'ouverture de la plate-forme, tous ont reçu une formation de deux mois à Tours et dans le Nord, sur des sites du Relais. « Notre objectif de croisière pour cette année est de trier 125 tonnes de textile par mois ». D'ici trois ans, il s'élève à 4 000 tonnes par an
« C'est une nouvelle filière de recyclage qui se met en place », explique Stéphane Marie, gérant salarié de Tritex. À son origine, la fameuse écotaxe, connue des spécialistes mais complètement ignorée du grand public quand bien même il passe à la caisse avec ses vêtements et ou chaussures tous neufs. Et pour cause : elle est invisible mais n’est pas sans effet puisqu’elle devrait générer de sacrés paquets d’euros.
Le décret d'application date de juin 2008. « Vêtement, linge de maison et chaussures, elle varie entre 0,5 et 1 centime d'euro pour chaque pièce vendue en magasin. Les grands groupes reversent ensuite leur quote-part à un éco-organisme basé à Paris. Qui lui-même redonne aux plates-formes une contribution de 69 € par tonne triée ».
« Les "assos" ont réfléchi ; la Région a lancé l’étude de faisabilité et a évalué le potentiel à 10 000 tonnes de textile par an en Basse-Normandie ». Le tout provenant pour une large part, des associations caritatives et aussi des bornes ou conteneurs disposés sur la voie publique : sur les dons qu'elles reçoivent, après tri, 15 à 20 % sont réemployés en l’état sous forme de fripe.
Quoi qu’il en soit, une fois parvenus sur le terrain de Tritex, le rituel est toujours le même : les sacs arrivent par camion à la plate-forme de Carpiquet. « Tout ce qu'on trie ici est revendu au Relais, une association émanant d'Emmaüs spécialisée dans cette activité. » Elle enverra le « mêlé » (vêtements légers), « qui représente 40 à 50 % » du gisement, en Afrique. Le coton, blanc et couleurs, ainsi que les jeans hors d'usage deviendront des « chiffons d'essuyage industriel » dans des garages ou chez des imprimeurs. Des tricots et grosses mailles seront extraites des fibres pour faire des plaques isolantes destinées au bâtiment.