UPM : une restructuration qui mérite réflexion
Le 22 mars s'est tenue l'assemblée générale des actionnaires du papetier UPM. C'était l'occasion pour le président Jussi Pesonen non seulement de faire le point sur la situation économique des marchés et de l'entreprise, mais aussi de présenter les orientations stratégiques à court et moyen terme du groupe....
Lors de cette assemblée, Jussi Pesonen a déclaré que dans l'environnement économique actuel, une profitabilité durable et améliorée nécessite des mesures de restructurations encore plus drastiques et une nouvelle manière de réfléchir . A l'heure de la mondialisation, de l'opa de Mittal Steel sur Arcelor, ces propos méritent que l'on s'y attarde...
UPM est un des leaders mondiaux de l'industrie forestière, présent dans plus de quinze pays, commercialisant ses produits dans le monde entier et employant plus de 31 000 personnes dont 55% en Finlande (5% en France). Son activité appartient à l'industrie de base au même titre par exemple que la sidérurgie, la métallurgie. Fortement implanté en Finlande et avec un pourcentage élevé de chiffre d'affaires en Europe, ce groupe est en restructuration depuis déjà plusieurs années. Or, face à l'objectif de la direction qui est que cette société soit la meilleure et la plus attractive au monde dans son industrie, les dirigeants annoncent des mesures de restructuration drastiques et l'obligation non seulement d'augmenter la productivité mais aussi de prendre en compte les marchés à véritable croissance comme la Chine, l'Inde, les pays émergents. D'autant plus que les coûts de production ont énormément augmenté (hausse de l'énergie), et que la concurrence dans les pays émergents se développe.
Ce raisonnement justifié sur le plan économique, amène à penser que nous traversons une profonde transformation économique au sein des pays développés. Avec la nécessite d'améliorer la productivité, le transfert des outils de production pour les industries de base des pays développés vers les pays émergents, pourrait accompagner significativement ce mouvement de restructurations.
Aujourd'hui, l'accès aux dernières technologies n'est plus aussi difficile qu'il y a quelques dizaines d'années, les outils de communication facilitent la circulation du savoir, des échanges, et contribuent à optimiser le rendement. La mobilité physique des hommes ne cesse d'augmenter.
Dans ces conditions, les industries de base peuvent plus aisément, rapidement être efficaces et se développer dans les pays émergents. Or, si ce mouvement se confirme, cela signifie qu'il faudra trouver dans nos sociétés la capacité de remplacer ces actifs, ces emplois par de nouveaux métiers créateurs d'une valeur-ajoutée suffisante pour éviter le déclin économique. C'est certainement tout a fait possible, mais cela sous-entend là aussi une nouvelle approche et une profonde remise en question. Et, à ce titre il est permis de s'interroger sur le niveau de prise de conscience des dirigeants, des citoyens à l'égard des conséquences de l'évolution économique que nous sommes en train de vivre ?
Les résultats : pour la cinquième année consécutive, la rentabilité de la société est faible : profit avant impôts 257 m€. Le cash-flow est passé de 1 600 m€ en 2000 et 2001 a 800 m€ et pourtant 2005 était déjà une année de restructurations. Le chiffre d'affaires a atteint en 2005 € 9,3 milliards dont 68% pour l'Europe (16% allemagne, 13% Royaume-Uni, 10% Finlande, 7% France...) Traduction de la déclaration de Jussi Pesonen : les employés d'UPM ont travaillé dur pour restaurer la profitabilité, mais nous n'avons pas été capables d'atteindre le rendement nécessaire. Les marchés traditionnels augmentent doucement et la surcapacité structurelle diminue nos possibilités d'exploiter efficacement nos outils de production. En même temps, les coûts de production augmentent dramatiquement et en Asie comme en Amérique du Sud la compétition augmente sur les marchés. Dans cet environnement, maintenir un environnement de profitabilité durable exige une nouvelle approche de raisonnement et des mesures encore plus drastiques que dans le passé. UPM et la conjoncture : à l'exception des papiers revêtus pour magazine, la demande pour les papiers imprimés a été bien orientée en 2005. Les prix ont augmenté en cours d'année, avec une déception pour les qualités de papiers revêtus. L'année a commencé positivement. Plan de profitabilité : UPM va fermer les unités les moins compétitives, principalement en Finlande. Le gain annuel en termes de coûts est estimé à 200 millions €. UPM prévoit : - Fermetures éventuelles de l'unité de production Voikkaa capacité 410 000 tns/an, Kymi PM 7 capacité 150,000 tns/an, Tervasaari PM 6 115,000 tns/an. - Arrêt de Jämsänkoski PM 4et restructuration de l'outil en 2007. - Réduction de capacités 12 à 17% en Europe selon les qualités. - Au niveau social : réduction de 3 600 personnes. |
Pour en savoir plus : Bilan 2005 d'UPM